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L'invention de la fable poétique

Publié le 27/03/2015

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Une connivence culturelle avec le lecteur. Le poète crée également un lien avec son lecteur (au moins avec le public mondain du xvne siècle) en jouant avec des références littéraires et des codes culturels partagés. Il a fré­quemment recours à la mythologie, utilisée avec fantaisie, désinvolture (VIII, 5; IX, 13), un peu de solennité (VIII, 20; IX, 2; IX, 6) ou des accents d'émotion (XI, 4, v. 25 et suivants — voir Texte 8, p. 75). Derrière telle ou telle figure animale ou humaine, il fait apparaître subtilement 

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« LES FABLES DE LA FONTAINE verse, le poète se plaît à souligner les multiples enseignements que l'on peut tirer d'un récit (VIII, 9), confie à son interlocuteur ou son lecteur le soin de conclure lui-même (XI, 2).

Le précepte moral peut être très bref comme dans «L'Âne et le Chien» (VIII, 17): parce que très évîdent? mais pourquoi le répéter au début et à la fin presque dans les mêmes termes? C'est certainement une manière de mettre en relief le récit, d'en souligner la beauté et la prépondérance.

Car La Fontaine, même s'il affirme vouloir instruire, s'attache avant tout à développer le récit et à lui donner le plus d'agrément possible.

Le pouvoir de séduction du récit sur le lecteur.

La fable utilise le «men­ songe» (fiction) pour dévoiler une vérité morale: elle fait se suivre un récit « mensonger» (travestissement animal) et son déchiffrement.

Ce détour est essentiel: la fiction n'est ni innocente ni superflue, elle est cap­ tivante, séductrice.

La Fontaine est très conscient de l'importance du «détour» narratif qui permet de se faire entendre, de charmer et de per­ suader: il sait pour!' éprouver lui-même, quel pouvoir la fiction exerce sur l'esprit, l'imagination et l'attention de son lecteur 1 : Au moment que je fais cette moralité, Si Peau d'âne m'était conté; J'y prendrais un plaisir extrême.

Le monde est vieux, dit-on, je le crois; cependant Il le faut amuser encor comme un enfant.

Donner au récit la prééminence, c'est dans un premier temps prendre le parti d'éveiller l'attention et l'intérêt pour pouvoir éventuellement dans un second temps instruire.

C'est prendre le parti de suivre un penchant naturel et de combler un désir, le sien et celui du lecteur.

Le pouvoir d'attraction du récit sur la morale.

La liberté avec laquelle La Fontaine traite la matière d'un sujet puisé dans tel ou tel auteur ancien, l'amplification qu'il donne au récit, tendent à donner à celui-ci une auto­ nomie singulière: le récit dégage une force propre, une séduction et un sens que l'énoncé de la leçon s'efforce de réduire sans parvenir à les épui­ ser.

Si bien qu'il arrive à la moralité de s'évanouir et de s'effacer parce que le récit s'épanouit contre elle: le poète se délecte à décrire des rêves de puissance, ceux d'une laitière puis les siens, célébrant le pouvoir universel et la douceur des rêveries alors même qu'il s'agirait de dénoncer les méfaits de l'imagination (voir Texte 4, p.

56).

Parfois l'écart entre!' orientation (le sens) du récit et la moralité va jusqu'à la contradiction.

Dans «L'Horoscope» (VIII, 16), le poète développe un récit double montrant deux prédictions qui s'accomplissent et il conclut à l'opposé en affirmant que l'art de prédire est mensonger: 1.

Il développe cela au début dans "Le Pouvoir des fables» (VIII, 4).

19. »

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