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LITTÉRATURE BOURGEOISE ET SATIRIQUE

Publié le 19/05/2011

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LE ROMAN DE RENART. - LES FABLIAUX.

L'esprit gaulois. — A l'inspiration féodale et chevaleresque s'oppose ce que l'on appelle conventionnellement l'esprit gaulois. On désigne sous ce nom, encore aujourd'hui, l'esprit de satire, de raillerie, de dénigrement, de gaîté populaire et cynique, qui inspire toute une partie de notre littérature. Pour être justes, nous devons dire non pas l'esprit gaulois, mais l'esprit bourgeois. Ces oeuvres satiriques et irrévérencieuses sont une revanche des faibles contre les puissants. Nous étudierons successivement dans ce chapitre les Fables, le Roman de Renart, les Fabliaux et le poète Rutebeuf.

I. — Les Fables.

Les fables au moyen âge. — Le moyen âge a manifesté un goût tout particulier pour l'apologue. Il cherchait, en effet, dans les ouvrages de l'antiquité, des leçons de morale pratique; et l'apologue, entre tous les genres, lui offrait la plus riche moisson d'exemples. Le premier recueil de fables écrites en français et en vers est celui de Marie de France, qui, au XIIe siècle, traduisit un Romulus anglais attribué au roi Alfred. Ce recueil porte le titre d'Ysopet (dérivé du mot Ésope). On possède plusieurs autres Ysopets. En dehors des fables transmises par l'antiquité, il en circulait beaucoup d'autres dans la tradition populaire.

« devenu très lourd, il n'aura qu'à tirer à lui.

Bientôt Isengrin ne peut plus faire un mouvement, car il est pris dans laglace.

Arrivent des chiens et des chasseurs; un de ceux-ci, qui veut tuer le loup, dirige maladroitement son arme; laqueue d'Isengrin est coupée au ras de la glace, et le malheureux s'échappe.

— Renart est au fond d'un puits et nesait comment en sortir; arrive Isengrin, auquel Renart persuade de se placer dans l'autre seau pour venir le rejoindreen paradis; le poids d'Isengrin fait remonter Renart, et le loup reste à son tour au fond du puits, d'où il n'est tiré quepour être à demi-assommé.Le Jugement de Renart est peut-être la partie la plus célèbre de tout cet ensemble.

Noble tient cour plénière.

Arriveun cortège composé de Chantecler et de ses poules, Pinte, Blanche, Noire et Roussotte, qui escortent le cadavred'une autre poule, Coupée, fraîchement tuée par Renart.

Les plaintes de dame Pinte et de Chantecler, la colère deNoble, l'ensevelissement de dame Coupée, sont d'admirables parodies des discours et des procédés des chansons degeste : c'est là que l'esprit gaulois ou bourgeois se manifeste de la façon la plus piquante.

On envoie chercherRenart par Bruno, puis par Tibert.

Ceux-ci tombent dans les pièges que leur tend le goupil et reviennent toutensanglantés rendre compte au roi de leur vaine mission.

Enfin, Renart, payant d'audace, se présente.

Il confessehumblement ses fautes et demande, pour les expier, à faire un pèlerinage en Terre Sainte.Le premier groupe, ou le premier cycle de Renart, s'achève par le Couronnement de Renart.

Là, Renart est entrédans un couvent de Jacobins.

Vêtu en moine, il va prédire à Noble sa fin prochaine, et lui fait sentir la nécessité dedésigner son successeur.

Noble, dans sa confession, avoué que Renart seul est capable de porter la couronne.Renart est enfin couronné; il persécute les faibles et flatte les puissants.Au 'cive siècle, les suites de Renart seront, de plus en plus, animées d'un esprit de raillerie systématique etvirulente.

Cet esprit se donne libre carrière dans Renart le Nouveau, et dans Renart le Contrefait, poème immense,décousu, et qui doit son succès aux allusions malignes dont il est plein.

Mais Renart y personnifie d'autant mieuxl'esprit d'habileté, de fourberie, de résistance aux autorités, de libertinage dans tous les sens du mot; il annoncePathelin, Panurge et Figaro. III.

— Les Fabliaux. Définition.

— Fabliau est la forme picarde du mot français fableau (cf.

biau et beau).

C'est en Picardie, en effet, quele genre s'est le plus développé.Le fabliau est le plus souvent un conte en vers, destiné à exciter le rire.

Mais parmi les fabliaux, s'il en est qui sontplaisants jusqu'au cynisme, on en trouve qui, par la sentimentalité ou la gravité du sujet, se rangeraient plutôt dansla littérature chevaleresque ou édifiante.

Il nous est parvenu environ 15o fabliaux, rassemblés aux XIIIe et XIVesiècles.

Esprit des Fabliaux.

— L'esprit qui anime la plupart des fabliaux n'est pas à proprement parler satirique; c'est plutôtune raillerie joyeuse, parfois excessive et trop gauloise au plus mauvais sens du mot, parfois aimable et d'une largemoralité.

Souvent aussi, le fabliau n'est autre chose qu'une ingénieuse intrigue, sans autre prétention que de piqueret de satisfaire la curiosité.Nous y voyons paraître, avec leur costume, leur parler et leurs gestes, les principaux types de la sociétéaristocratique, cléricale, bourgeoise et populaire.Origine des Fabliaux.

— Nos fabliaux sont-ils d'origine orientale ? Dans l'Inde, le bouddhisme usait volontiers decontes et de paraboles.

Par Byzance, puis à la faveur du mouvement créé par les croisades, ces contes serépandirent sur l'Europe; on en cita beaucoup dans les sermons.

Mais un grand nombre de nos fabliauxappartiennent simplement, par leurs sources, à cette vaste tradition orale qu'on appelle le folklore.

Les auteurs desfabliaux déclarent souvent qu'ils ont entendu raconter leur histoire en tel pays, en tel village.

Les mêmes contes seretrouvent, avec quelques variantes locales, dans plusieurs régions. Principaux Fabliaux.

— Il y a, nous l'avons dit, diverses sortes de fabliaux.

Nous allons en analyser quelques-uns,depuis ceux qui reposent sur un jeu de mots, une naïve méprise, jusqu'aux plus sérieux. Le Curé qui mangea des mûres.

— Un curé revient d'une tournée; il est à cheval.

Passant près d'un buisson chargéde mûres, il s'arrête, et comme il ne peut atteindre les mûres, il se place debout, en équilibre, sur la selle de soncheval.

« Je serais bien attrapé, dit-il, si quelque mauvais plaisant criait : hue! » Mais il prononce tout haut le mothue ! Le cheval détale, et le curé tombe dans le buisson. La Vieille qui graissa la patte au chevalier.

— On avait dit à une pauvre vieille, à qui le seigneur avait confisqué savache, qu'elle devait, pour se la faire rendre, graisser la patte à l'intendant.

Elle se rend au château, avec unmorceau de lard; et, apercevant le seigneur qui se promène les mains derrière le dos, elle s'approche doucement etlui graisse la patte...

Les Perdrix.

— Un vilain, nommé Gombaud, a pris deux perdrix; il les donne à sa femme, pour qu'elle les fasse cuire,tandis qu'il ira inviter le curé à venir les manger avec eux.

En l'absence de son mari, la femme, très gourmande, tâteaux perdrix, et finit par les manger toutes les deux.

Le vilain revenu, la femme lui recommande d'aiguiser son. »

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