Livre XII (choix de fables)

« F C H E S Œ U V R E S 1.

LA PERMANENCE DE LA DIVERSITÉ La diversité de l'invention On distinguera un cycle des fables pédagogiques qui se rapporte au jeune prince le duc de Bourgogne (surtout Fables l à 5 du livre XII).

Un autre cycle se laisse discer­ ner: celui de l'inspiration antique (XII.

1, «Les compagnons d'Ulysse» ; XII, 24, « Daphnis et Alcimadure.

Imitation de Théocrite » : XII, 25, « Philémon et Baucis », sujet tiré des Métam01plwses d'Ovide.

ainsi que XII, 28, «Les filles de Minée»).

Certaines fables sont fortement liées à !'actualité et font référence à des événe­ ments contemporains: La Fontaine dédie« Le renard anglais» (XII, 23) à Madame Harvey qui s'opposait à la politique de Louis XIV; il évoque le problème de l'âme des bêtes et manifeste son opposition à Descartes dans cette même fable mais aussi dans« Le renard et les poulets d'Inde» (XII, 18).

La diversité des formes La Fontaine élargit toujours le domaine de la fable: il utilise les formes fixes («Le loup et le renard », XII.

9).

aussi bien que la fable-conte (Belphégor, XII.

27) ; il a recours aux introductions (ou conclusion) en forme d'épître (XII, 10), en forme d'éloge (XII, 15 : XII.

23 : XII.

25).

Les variations de longueur d'une fable à l'autre peuvent être considérables(« Les filles de Minée»: 562 vers;« Le singe»: 14 vers).

Les échos dans les Fables On retrouvera dans ce dernier livre de nombreuses allusions au livres précédents et la présence de thèmes communs.

« Le renard anglais » (XII, 23) ainsi que «Le renard et les poulets d'Inde» font écho au« Discours à Madame de La Sablière».« Le loup et le renard» (XII.

9) illustre l'idée que l'on ne peut longtemps s'opposer à sa pente naturelle et reprend le thème de « La souris métamorphosée en fille » (IX, 7).

Il.

UNE MORALE DU CŒUR Former le cœur~ dt~J?E~~~ La dédicace du livre XII est adressée au jeune duc de Bourgogne, qui avait pour précepteur Fénelon.

ami de La Fontaine : plusieurs fables, en tête du livre, visent à éduquer et édifier le jeune prince.

petit-fils de Louis XIV et susceptible d'accéder au trône à 1 ·avenir: ainsi.

«Le thésauriseur et le singe» (XII.

3) se présente comme une critique de] 'utilisation des finances publiques, tandis que dans« Les deux chèvres» (XII, 4) sont évoquées les querelles liées aux préséances et à la vanité des différents corps de la nation.

À travers certaines fables à valeur pédagogique, on peut juger des espoirs qui sont mis par La Fontaine dans la personne de ce jeune prince.

~~ge d'un prince éclairé Dans la première partie de la fable « Le milan, le roi et le chasseur ».

La Fon­ taine fait l'éloge du prince de Conti, qui se présente en même temps comme une cri­ tique plus ou moins voilée du règne de Louis XIV.

Il sait maîtriser son courroux (v.

5-6) bien mieux qu"Achille et propose ainsi une autre image du héros qui n'est pas fondée sur la force et la puissance.

Une autre critique adressée aux grands vise les options guerrières du règne de Louis XlV (voir aussi XII.

10) et ses décisions tyranniques(« L"univers leur sait gré du mal qu'ils ne font pas».

v.

12).

LES FABLES DE LA FONTAINE 31 I. »