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L'oeuvre de Bossuet

Publié le 27/06/2012

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On considère généralement Bossuet (1627-1704) comme le plus grand artiste en prose du plein âge classique; son style semble même symboliser la prose classique. Signalons tout de suite que ses contemporains n'ont, à part quelques rares exceptions, nullement reconnu en lui leur idéal dans le domaine du style. Il a eu beaucoup moins de succès que d'autres prédicateurs comme Fléchier, Bourdaloue et Mascaron. Son style a heurté. Au moment où il prononçait ses meilleurs discours, entre 1660 et 1680 environ, le public cultivé, le seul qui formulât ses jugements et qui eût quelque autorité en la matière, en était arrivé à ne plus goûter que la clarté, la finesse, la justesse psychologique, l'analyse délicate des sentiments, l'unité du ton, l'élégance mesurée. Certes ce public acceptait, dans la poésie, plus d'audace et de liberté; mais les qualités du poète lui semblaient absolument déplacées dans la prose. Or Bossuet ne craignait pas de s'abandonner à son tempérament fougueux, à son imagination puissante; sa syntaxe est vive, son style souvent haletant, son émotion presque partout visible. 

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« BOSSUET 185 plus goûter que la clarté, la finesse, la justesse psycho­ logique, l'analyse délicate des sentiments, l'unité du ton, l'élégance mesurée.

Certes ce public acceptait, dans la poésie, plus d'audace et de liberté; mais les qualités du poète lui semblaient absolument déplacées dans la prose.

Or Bossuet ne craignait pas de s'aban­ donner à son tempérament fougueux, à son imagination puissante; sa syntaxe est vive, son style souvent hale­ tant, son émotion presque partout visible.

Il veut frapper l'imagination et le cœur, non la raison.

Tout cela explique le rang médiocre où l'ont tenu, comme orateur, tant ses auditeurs que les lecteurs du xvme siè­ cle, après que ses œuvres oratoires eurent été publiées.

C'est Chateaubriand qui, le premier, dans une des belles pages du Génie du Christianisme éleva Bossuet au-dessus de tous les autres prédicateurs.

A la même époque, Mme de Staël le rangeait parmi les plus grands poètes français.

La vraie gloire de Bossuet est donc récente.

Son style était trop en avance sur son temps pour pouvoir en être goûté; et cela parce que son ima­ gination donnait à l'expression de la réalité ou des émotions un relief et une force qu'aucun contemporain ne pouvait offrir.

L'âge romantique s'est reconnu en lui dans son style.

Et cependant, rien de romantique dans cette âme, dans ce caractère, dans cette vie.

Une enfance heureuse; un sentiment religieux aussi profond que calme; nul déchirement; nul doute, nulle inquiétude.

Tôt initié aux belles manières dans le beau monde parisien, ce bourguignon se signale rapidement par un don étonnant pour la parole; mais il veut cultiver ce don; il rencontre Monsieur Vincent - qui devait devenir saint Vincent de Paul; celui-ci fait toucher du doigt à ce prêtre mondain la misère du peuple, et Bossuet ne devait pas oublier la leçon; il apprit aussi de lui l'art de parler simplement à ces simples, sans cependant les avilir par la bassesse ou la vulgarité du ton.

Pour comprendre le mérite de Bossuet dans le sermon, il faut se rappeler dans quel état il avait trouvé l'élo­ quence religieuse.

Jusque vers 1660, elle était marquée par un certain nombre de défauts choquants.

Tantôt les orateurs étalaient une érudition livresque d'autant plus bizarre qu'elle était empruntée aux auteurs pro­ fanes de l'antiquité; on multipliait les réminiscences,. »

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