Devoir de Philosophie

L'OEUVRE DE JEAN CALVIN

Publié le 02/06/2012

Extrait du document

calvin

La théologie de Calvin repoussant ce lourd appareil de la scolastique prend, pour la première fois, une base d'argumentation dans la nature, dans les faits, dans l'expérience enfln : elle étudie l'homme, elle lui applique le dogme, elle tire de son état, de ses besoins la démonstration de la religion, qui rend compte de cet état, et répond à ces besoins. Ici Calvin n'a personne devant lui; il a ouvert la voie le premier, et ce qu'il y a de solide et pénétrante psychologie dans la théologie de Pascal et de Bossuet, c'est lui qui le premier a enseigné à l'y mettre...

Pour régler la vie, comme pour saisir les rapporls de l'homme à Dieu, de la nature à la religion, il a fallu que Calvin se fît psychologue et moraliste. Il l'a été en effet avec puissance et avec finesse. Depuis Cicéron et Sénèque, depuis Épictète et Sénèque on n'avait jamais écrit sur l'homme avec autant d'ampleur et de précision : ce que l'esprit français enrichi par l'éducation classique...

calvin

« JEAN CALVIN.

259 premiers germes de son indépendance religieuse; il semble qu'Oiivetan surtout l'ait détaché de ceLte Église catholique, qui lui portait dès la première jeunesse ses dignités et ses revenus.

Mais jusqu'en 1533, l'humaniste domine en lui : élève d'Alciat.

et de \Volmar, juriste, latiniste, helléniste, commentateur de Sénèque, il ne révèle sa vocation que pal' l'hérétique discours qu'il lit pour ;liicolas Cop, reeteur de l'Université parisienne, et qui les mit tous les deux en péril.

L'année 1535, ici encore, fut décisive.

Elle jeta Calvin hors du royaume, où la reine de Navarre ne pouvait plus le protéger.

Mais surtout elle l'obligea, une fois retiré à Bâle, à mettre p3.r écrit la confession de sa nouvelle foi, arrêtée dans cet esprit avide de clarté : il rédigea en latin l'Institution chrétienne.

Comme la royauté mettait sa justice au service du dogmatisme catholique, et par politique dénonçait les victimes comme des factieux à ses alliés protestants, Calvin se crut obligé de protester dans la fameuse lettre à François Icr, En 1541, lettre et livre furent donnés en français par l'auteur, pour l'édification du simple popu­ laire : celte traduction est un des chefs-d'œuvre du xvie siècle, Elle y fait époque.

On voit aisément dans l'Institution t et dans toute la suite de f'.e fut un homme de vie pure, de grand esprit, d'une sincérité absolue, qui, s'unissant à sa log-ique, le fit dur.

Je ne crois pns qu'il y ail eu chez lui d'amour-propre, ni d'ambiLil,n, au ùelà de ce qu'en retiennent tous leli actes humains, jusque dans le plus entiar devouement à l'idée.

Il fit mourir Servet, Gruel: il persécuta Castellion.

Pour ètre juste, il faut se Bouvenir du temps où vivait Calvin.

Si on lui dénie l'excuse qu'on accorde au zèle des catholiques, et qu'on estime la cruauté d'un Réformateur plus condamnable comme démentant ses principes, on devra considérer que Calvin n'est pa::; venu apporter la liberté, mais la vérité.

Il haïssait la tolérance comme les catholiques.

Dans tous les partis, quelque~ iunes excellentes furent seules assez larges pour unir la foi avec la tolérance: Marguerite de Navarre chez les catholiques, chez les protestants Castellion à qm cette idée a inspiré quelques élans de charité éloquente (cf.

F.

Buisson, Sébastien Castellion, Hachette, 1892).

Éditions : Christian;e religionis Institutio, Bâle, 1535; Strasbourg, 1539; Genève, 1559.

L'fnstitution de la religion chrestienne (Genève,?), 1541; Genève, Jean Crespin, 1560.

Opera omnia, 11 vol.

in-folio, Amsterdam, 1667, Opera qu;e supersunt omnia (dans le Corpu.~ Reformatorum de G.

Baum, E.

Cunitz, E.

Reuss), Brunswi5m, 49 vol., 1863 et suiv.

(t.

I-II, textes de l'Inst.

latine, t.

III-IV, Trad.

{mnçaises).

L'Inst., Paris, 1859; Genève, 1887.

Lettres, p.

p.

J.

Bonnet, Paris, 1854, 2 vol.

in-8.

L'e:rcuse du noble seignew· Jttcques de Boli1'[JOgne.

Lemerre, 1896, in-16.

A consulter : Bayle, art.

Calvin.

F.

Bungener, Calvin, sa 11ie, son œuvre et se,'l écrits, 2" édit., 1863.

A.-J.

Banmgartnor, Calvin hébraïsant et interp>•ète de l'Ancien Testament, in-8, Paris, 1889.

A.

\Yatier, Calvin prédicateur, Genève, 1889.

Thèses de ln Fac>tlté de théologie de Montauban (MM.

Bez, Damagnez, A.

et P.

Martlll, E.

Sayu).

A.

Lcft·anc, la Jeunesse de Calvin, Paris, "1888.

A.

Sayous, Études litté­ raires sw~ les écrivahos {ra1lÇais de ln Rtjf'ormation.

Hennn.

Iiëlldes d'ltistoire 1'eli­ (Jieuse.

Faguet, XVI• siecle.

E.

Doumergue, la Jeunesse de Calvin, in-4, 1899.

1.

Tout cc que je dis de l'Institution française se rapporte à la version de 15il 'donnée pat• fragments au t.

III des Œuvres de Calvin dans le Co>'Pu• Ref., uon à celle de 1560, reproduite seule par les éditions de Paris et de Genève.

Calvin est bien. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles