L'OEUVRE DE MALHERBE
Publié le 02/06/2012
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Mais méfions-nous : Malherbe a pourtant une personnalité vigoureuse. C'est quelqu'un, c'est même un étrange original, que ce gentilhomme de Normandie, si fier de sa race, d'un si robuste orgueil, au verbe rude et incivil, autoritaire, brusque, indifférent en religion, mais respectueux de la croyance du prince et de la majorité des sujets, très soumis à l'usage et très épris de raison, disputeur, argumenteur, philosophe et fataliste, plus stoïcien que chrétien, très matériel et positif, au demeurant honnête homme, et de plus riche sensibilité qu'on ne croirait d'abord. La mort de son fils Marc-Antoine l'affola : bien des années auparavant, il avait écrit à sa femme, sur la mort de leur fille, une lettre déchirante. Sa poésie est plus étroite et plus sèche que sa nature...

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sont digD:es de Desportes : l'original est italien, et la traduction en rend à merveille l'afféterie brillante.
La consolation à Du Périer (1599) et l'ode à Marie de Médicis (1600) marquent une meilleure
manière, et plus originale.
Malherbe suit son siècle : il marche
vers la simplicité et vers le naturel; ses vers ont cette abondance
aisée, cette mollesse aimable, ces vives couleurs qui sont les qualités communes de la littérature an temps de Henri IV.
Une touche
plus ferme, certains accents de vigueur, et surtout la beauté
achevée du travail révèlent la personnalité de l'écrivain.
La Prière
pour le Toi allant en Limousin, par la douce allure de la strophe
fleurie d'images, n'est encore que la perfection du style des Mont chrétien et des Bertaut: mais déjà dans l'ode sur l'attentat de Jacques deslsles(1606), plus sensiblement dans l'ode sur le voyage de Sedan (1607), le style se serre, se tend; les images se ramassent en traits énergiques et précis; l'effort de l'artiste qui veut égaler son expres
sion à sa pensée se trahit par une sorte de brusquerie nerveuse;
cette poésie forte, pleine, un pou dure, trouvera ses plus complètes
expressions dans la Paraphrase du Psaume CXL V et dans l'Ode à Louis X Ill allant cM ti el' la Rebellion des Roche lois ( 1 628).
Voilà le progrès de Malherbe, qui aboutit à la création du style dont la première génération des classiques du xvne siècle usera.
Il n'avait pas un tempérament très riche.
Chapelain estime qu'il " a ignoré la poésie ,, et le met, pour le génie naturel, au-des
sous de Ronsard, ce qu'accordent aussi La Bruyère et Boileau.
En efi'et, si l'on regarde les quatre mille vers qu'il a écrits, ce n'est
ni l'abondance des idées, ni la force de l'imagination, ni la pro
fondeur du sentiment qu'on y peut admirer.
Ce poète lyrique n'a
à 1598 et, de 1599 il1605.
En 1600, à Aix, il offrit son Ode déjà de bienvenue à Marie de Médicis.
En 1605, Dt:!s Yveteaux le présenta au roi, à qui Du Perron l'avait loué, el sur la recommandation de Henri IV, le grand écuyer, M.
de Bellegarde, donna une charge d'écuyer du Roi au poète, qui fut aussi gentilhomme de la chambre.
Il fut bien traité de la régente, qui lui donna une pension.
Il était asscr.
âpre solliciteur, et savait se faire payer de sc::; vers.
Louis XIH lui donna 500 écus pour un sonnet, et Riche lieu le fit trésorier de France.
Séparé amicalement de 5a femme, qui vivait en Pro vcnee, les granrls chagrins lni vinrent par son flls Marc-Antoine, qni se fil eondamner à mort pour duel, et qui, à peine gracié pour cette afl'aire, était tué dans une autre querelle en 1626 : le vieux Malherbe poursnivit énerg-iquement le meurtrier et ses compagnons, qu'il aceuRait d'm;sassinaL ll mourut en 1628.
Éditions: Œuv;·es, Paris, 1&30, in-4; éd.
Lalanne (coll.
des Grands Ecrivains), Hachette, 5 vol.
in 8, 1862.
-A consulter: Sainte-Beuve, Poésie au xvr' siècle, H.oux Alpheran, Recftercftes biograpluquessw· Jlalhabe, Aix, 1840, in-8 De Gournay, Étude sur la vie et les œtw>·es de Malherbe (Mém.
de L\cad.
de Caen), 1852.
A.
Gasté, la Jeunesse de J.l/rûherl;r,, Caen, 18\10, iu-8.
G Allais, J-llalherbe, 1891 F.
Brunot, la Doc ttine de Jllalhetbe, Paris, 1801, in-8.
F.
Brunetière, la R(ifm·me de Malherbe ct l'évo
lution des yen res, Revue des Deux l\Iondcs, 1er dêcembre 1892.
Arnould, Anecdotes inédites sut Jlafh,rbe, suppl/mellt rle la 1_•ie de JJJalherbe par Racan, Paris, 1S92~ V.
Bourrienne, JlalhetUe, l'oints obscurs et lWUJ'IHWxdcsa L'ie normande 1 Paris, in-8,'1890..
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