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L'OEUVRE DE VOLTAIRE

Publié le 04/04/2011

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voltaire

   La nécessité de la polémique a orienté Voltaire écrivain, comme tous les philosophes du siècle, vers une littérature de combat, mais ses qualités d'écrivain ont fait de lui un polémiste bien supérieur à tous ses contemporains.    - Voltaire est le type de ce que nous appelons aujourd'hui un écrivain « engagé «. Il a, nous l'avons vu, un idéal esthétique, mais cet idéal se subordonne toujours chez lui à la nécessité de faire triompher ses idées morales ou philosophiques. Il a cru, parce qu'il était de goût classique, à la théorie de la séparation des genres, mais dans toutes ses œuvres on découvre le besoin de démontrer sa thèse ou d'en attaquer une autre. Qu'il s'agisse d'histoire ou de roman, de tragédie ou de poésie en général, tout est pour lui l'occasion ou le prétexte d'affirmer sa thèse et de donner, le cas échéant, un coup de griffe à ses adversaires.    Nous présenterons cette œuvre, non dans l'ordre chronologique que nous suivrons au second tome, mais d'après l'intérêt croissant qu'un lecteur d'aujourd'hui pourrait y porter. Les lettres de Voltaire n'ayant pas été écrites pour être publiées, nous ne parlerons pas dans ce chapitre de sa Correspondance.   

voltaire

« en un siècle où pourtant elle était fort attaquée.

Je sens un plaisir incroyable, écrit-il en 1739, quand je vois desvers de génie, des vers nobles, pleins d'harmonie et de pensées : c'est un plaisir rare ; mais je viens de le Ce qu'il enpense goûter avec transport.

Il n'en dissimulait pas la difficulté, notamment celle des rimes, mais comme Fénelon etmalgré La Motte, il la considérait comme une nécessité de notre langue.

Tout en affirmant que la rime seule ne faitni le mérite du poète ni le plaisir du lecteur, il affirmait que la difficulté surmontée charme les connaisseurs et ilécrivait : Quiconque se borne à vaincre une difficulté pour le mérite seul de la vaincre est un fou ; mais celui qui tiredu fond de ces obstacles mêmes des beautés qui plaisent à tout le monde, est un homme très sage et presqueunique. Si l'on peut négliger ses odes (le Poème de Fontenoy) qui sont des œuvres de circonstances assez froides, et mêmeses Poésies Philosophiques un peu guindées où, fervent déiste (Poème sur la Loi naturelle), il prend parti contrel'optimisme de Pope (Poème sur le Désastre de Lisbonne) après l'avoir glorifié (Discours sur l'homme), donnant ainsil'exemple de la mobilité de sa pensée, il faut faire une place à part dans son œuvre poétique à ces nombreuxpoèmes qu'on a quelquefois groupés sous le nom de Poésies légères. C'est là que Voltaire se retrouve tout entier.

Il renonce au style soutenu, tantôt pour exprimer l'épicurisme serein etsouriant de ses dernières années (Épître à Boileau — Épître à Horace), tantôt pour accabler de ses flèches sesnombreux adversaires.

Ses satires, ses épîtres, ses épigrammes sont inimitables.

Il y laisse aller sa plume et saverve.

Son style, aussi aisé que celui de sa prose, multiplie les trouvailles, les traits, les finesses, les allusionsaimables ou terribles, et ces petites pièces sont de véritables chefs-d'œuvre. Voltaire s'est exercé d'ailleurs dans tous les genres de poésie.

En dépit de ceux qui lui disaient: «les Français n'ontpas la tête épique », sa grande ambition a été de composer une épopée.

Ce fut le poème en dix chants qui parutclandestinement à Rouen sous le nom de La Ligue en 1723 (9 chants), puis à Londres avec un nouveau titre: LaHenriade (1728). La Henriade.

Cette épopée célèbre l'accession au trône du roi Henri IV qui met fin aux guerres de religion et triomphede ses rivaux.

Elle avait été conçue comme devant être une épopée moderne où, suivant les suggestions de l'abbéDu Bos, le héros principal et ses aventures seraient véritables et non fabuleux, et où il n'y aurait aucune fiction quine soit une image sensible de la vérité.

Voltaire en espérait le plus grand succès, et l'œuvre fut en effet trèsappréciée des contemporains. Selon la loi du genre, on y retrouve tous les procédés épiques traditionnels : une tempête (chant I), un récit (chantII), des combats (chants III et VIII), un songe (chant VII).

Les dieux n'interviennent pas, mais ils sont remplacéspar des allégories (le Fanatisme — la Discorde — l'Amour) ; et si le futur Henri IV ne descend pas réellement, commeÉnée, aux Enfers, il les visite néanmoins durant son sommeil. Il semble pourtant qu'il faut chercher la raison du succès non dans l'utilisation de ces procédés qui nous paraissent,aujourd'hui du moins, froids et conventionnels, mais dans les idées que Voltaire expose.

« Pauvre poème, disaitMichelet de La Henriade, mais grande action, plus hardie qu'on ne croit.

» Éloge de l'Angleterre et de Henri IV (chantI), admiration pour le siècle de Louis XIV (chant VII), colère contre les fanatiques qui ont armé la main de JacquesClément (chant V) et déchaîné le massacre de la Saint-Barthélemy (chant II), dans toutes ces pages demeuréescélèbres, Voltaire a exprimé des idées et des sentiments qui lui sont chers.

L'épopée elle-même est devenue unearme au service de sa polémique. Montesquieu disait de Voltaire « Voltaire n'est pas beau; il n'est que joli.

Il n'écrira jamais une bonne histoire.

Il estcomme les moines qui n'écrivent pas pour le sujet qu'ils traitent, mais pour la gloire de leur ordre.

» Le jugement estsévère car les ouvrages historiques de Voltaire présentent de sérieux mérites, mais est en grande partie justifié. Au regard des chroniqueurs ou des compilateurs qui l'ont précédé, Voltaire apporte de grandes nouveautés. • Il a la passion des documents et des témoignages irréprochables.

Il consulte mémoires, lettres et archives. • Par souci de vérité, il ne se contente pas de rechercher sans relâche, il confronte ces documents, compare etchoisit, jetant ainsi les bases de la critique historique. • Sans se laisser alourdir par l'érudition, il sait mettre en relief les faits essentiels et dégager les idées générales, enfaisant la guerre aux détails inutiles. • Il substitue à l'Histoire des guerres ou des Rois celle de la civilisation. • Enfin, grâce à ses qualités de narrateur, il compose des récits aussi vivants qu'un roman. Malheureusement il a été trop souvent aveuglé par les partis pris. Histoire de Charles XII.

Même dans l'Histoire de Charles XII, qui se propose d'être purement narrative, apparaissentdéjà des préoccupations doctrinales.

Voltaire a peut-être été fort sceptique sur l'utilité morale de son livre ; il écritnéanmoins dans sa préface : Il n'y a point de souverain qui, en lisant la vie de Charles XII, ne doive être guéri de la. »

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