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Manon Lescaut

Publié le 18/06/2025

Extrait du document

« 1 MANON LESCAUT Abbé Prévost 2 QUI EST NOTRE AUTEUR ? La vie de notre auteur est aussi romanesque que fertile en légendes.

Si malgré les efforts des érudits elle reste encore baignée d’ombre, c’est que ses papiers sont brûlés en 1744 par un héritier mal avisé. Né le 1er avril 1697 près de Montreuil-sur-Mer, dans une famille de magistrats, notre auteur fait de brillantes études au collège des jésuites de sa ville natale. Mais à la suite d’une intrigue amoureuse, il s’enfuit et s’enrôle dans l’armée royale.

Redevenu civil à la fin de la guerre de Succession d’Espagne (1713) il reprend le cours de ses études où il fait son noviciat.

Puis il disparait.

Il est possible qu’il vive alors à Paris fréquentant le monde brillant et dissolu de la Régence.

Officier, une affaire sérieuse, dont on ne sait rien, l’oblige à s’expatrier peut-être en Hollande.

Une mésaventure sentimentale le fait renoncer au monde.

Les Jésuites le rejetant les Bénédictins près de Rouen l’accueillent dans leur communauté.

Le 9 novembre 1721 il fait sa profession de foi.

Ordonné prête en 1726, il connaît quelque succès comme prédicateur mondain notamment à Paris. Puis il devient homme de lettres.

Il s’occupe de travaux historiques et commence la rédaction des Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde.

Il est publié sans nom d’auteur. A la suite d’un conflit avec le Supérieur Général de l’Ordre, il s’enfuit de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés en 1728.

Il passe alors en Hollande puis en Angleterre.

Il y découvre le théâtre élisabéthain et fréquente la société londonienne.

Une aventure galante l’oblige à revenir en Hollande en 1729.

Sa production littéraire est abondante.

Il publie en 1731 Le Philosophe anglais ou Histoire de Monsieur Cleveland, fils naturel de Cromwell et la suite des Mémoires d’un homme de qualité dont le tome VII est l’Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut.

Criblé de dettes et poursuivi par ses éditeurs il s’enfuit de nouveau en Angleterre.

Il fonde à Londres un périodique « Le Pour et Contre » publié jusqu’en 1740.

C’est à cette date qu’est réimprimée à Rouen L’histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut.

Le livre est saisi et Prévost est arrêté à Londres le 13 décembre pour tentative d’escroquerie. Libéré, il semble s’assagir et rentre en France.

Une nouvelle édition de Manon, roman jugé licencieux et de tendance janséniste, est saisie chez les libraires.

Il continue de publier de nombreuses œuvres mais malgré ses succès de librairie, il est en butte à de graves difficultés financières.

Incorrigible il doit repartir en exil notamment à Bruxelles pour avoir collaboré à une feuille satirique.

Gracié il 3 revient à Paris…et mène un important travail pour rédiger l’Histoire de la maison de Condé.

Il passe ensuite sa vieillesse, après une existence tourmentée, dans sa maison en compagnie d’une gouvernante.

Il retrouve la foi et songe à écrire des ouvrages de piété.

Mais il est foudroyé par une attaque d’apoplexie le 25 novembre 1763.

Les Bénédictins réclament sa dépouille et l’ensevelissent dans leur abbaye. 4 LA GENESE DU ROMAN Paru en 1731, le roman Manon Lescaut est d’abord diffusé en Hollande et n’est guère connu en France jusqu’en 1733.

La genèse de l’ouvrage donne lieu à de nombreuses controverses.

L’histoire de ces amours a un tel accent de vérité qu’il est tenant de la regarder comme la transcription romancée d’une expérience vécue non comme une fiction.

Vécue par l’auteur ? par d’autres ? Lors de son premier séjour à Paris en 1719 Prévost aurait recueilli les échos d’une aventure fangeuse venue des Tropiques ; Une dame Froger ou Quentin originaire d’Angers débauche un jeune homme de bonne famille, René du Tremblier soit le chevalier Avril de Varenne.

Emprisonnée à Nantes à la demande des siens la femme s’évade en 1715.

A son retour du désert La Varenne réclame sa compagne qu’il fait passer pour sa femme.

Il en appelle au roi qui l’autorise à rentrer en France.

Séduit par l’étrangeté exotique de ce récit, Prévost aurait changé les noms, remodelé les faits, élevé deux petits aventuriers à la dignité d’amoureux fatals.

Par ailleurs, le romancier a pu connaître au moins trois De Grieux : - Un officier de marine - Un compatriote de l’écrivain chevalier Un fils de Gaston des Grieux, seigneur mondain. Du reste, Thiberge serait l’abbé d’Andrès, Louis Tiberge, missionnaire en Amérique. Quant à Manon, elle est l’objet d’une passion si brûlante qu’il semble difficile de la considérer come une invention littéraire.

Est-ce la fille Froger ? Ou une femme qui a fait le bonheur et le tourment de l’abbé ? Au temps de la gestation du roman il est follement épris d’une étrangère énigmatique Lenki Eckhardt considérée comme le mauvais ange du bon moine qu’est alors à l’époque notre auteur.

Et bien autres possibilités restent nombreuses. Autrement dit, la vérité est impossible à cerner.

Comme tous les créateurs, le romancier a dû utiliser des matériaux de provenance divers : souvenirs, impressions personnelles, confidences, histoires colportées dans les tripots, des réminiscences littéraires…. I DES GRIEUX ET L’ABBE PREVOST On peut multiplier les modèles et les sources, une chose est certaine : Dom Prévost crée le chevalier Des Grieux à sa ressemblance : 5 - Tous les deux sont des hommes du Nord, Artésiens ou Picards de famille - honorable. Orphelins de mère ils étudient dans un collège de jésuites, sont remarqués - par leur maîtres qui les destinent aux ordres, font leur noviciat. Tous les deux ont un tempérament ardent qui s’accommode mal de l’austérité sacerdotale : ils fuguent puis reviennent à la suite d’une peine de cœur sans enthousiasme à la carrière ecclésiastique - La passion amoureuse les entraîne de scandale en scandale, les contraignant à vivre en marge de la société. - Assagis par le malheur ils finissent par se ranger et aspirent à une existence honorable. - Ils sont des esprits brillants, causeurs aimables et ont un pouvoir de séduction un peu troublant. - Ils sont pris entre leur ardeur amoureuse qui les aveugle et un désir de respectabilité qui vient d’une éducation austère - Le drame du chevalier Des Grieux est celui qui vit notre auteur deux ou trois fois à savoir le conflit opposant à des principes un amour effréné qu,i pour se satisfaire, fait fi de toute valeur morale. Autrement dit, ce roman mêle un peu de fiction à des expériences vécues par l’auteur et des personnages de rencontre.

Le visage de Lenki ou d’une autre le hante surement tandis qu’il crée Manon. II LA REGENCE, SON CLIMAT, SON STYLE Notre roman reflète la mentalité et les mœurs de la Régence, une époque aimable et libertine, spirituelle et dépravée.

Louis XIV expire le 1 er septembre 1715.

C’en est alors fini de l’austérité et de la tristesse.

Le soulagement est universel.

La populace pousse des huées au passage des huit chevaux noirs qui traînent son corps à Saint-Denis.

Le parlement évince le duc du Maine et proclame régent Philippe d’Orléans.

Le gouvernement, la société prennent un autre visage.

Tout se métamorphose : les méthodes politiques, les façons de penser et de vivre.

La Cour se transporte de Versailles au Palais Royal.

La noblesse ne se prévaut plus du droit divin, le roi n’est plus un symbole sacré mais le chef d’un parti.

Il lui faut défendre sa place, veiller aux intérêts d’un pays qui lui est momentanément confié.

Il n’y a plus de décision arbitraire et il est secondé par sept conseils… Une ère nouvelle commence. Les classes privilégiées vivent dans l’immédiat.

L’insouciance, le dérèglement remplacent les principes traditionnels ; les croyances religieuses, la morale, le 6 sentiment de la dignité sont balayés par un désir éperdu de jouissance.

La libération des esprits s’accompagne du libertinage dans la conduite.

Le pouvoir tolère les impertinences.

Le duc d’Orléans n’est pas fait pour les règles ni la bienséance.

Il donne l’exemple de l’inconduite.

Les soupés qu’il organise dégénèrent en orgie. La noblesse s’encanaille, prend le goût de l’ivrognerie, des ripailles crapuleuses. Les gentilshommes s’enivrent dans les maisons de bouteille, les femmes boivent, fument la pipe, entonnent des chansons gaillardes.

Ce dérèglement des mœurs s’associe à une aisance, à une élégance exquise.

Les femmes se fardent outrageusement avec du blanc, du rouge, de la poudre, des mouches.

Les élégantes se font peindre des veines bleues sur les mains.

La société acquiert le sens du confort.

Les arts cherchent à faciliter, à embellir l’existence ; III LA VIE PARISIENNE Les oisifs élégants semblent nés pour aimer.

Ils fréquentent les académies, s’adonnent au jeu, vont au spectacle, parfois dans les cafés.

Dans les académies on y enseigne la danse, la musique, l’équitation et l’art des fortifications ; l’opéra est à la mode.

Tout le monde s’adonne au jeu avec frénésie.

Quant aux financiers, ils sont les proies faciles pour les dames galantes. Ce Paris, déraisonnable, riche en contrastes, de la Régence explique le cynisme ingénu des deux héros et rend plausibles leurs aventures picaresques. IV LES DEPORTATIONS A LA LOUISIANE.... »

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