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MAUNICK Édouard J. : sa vie et son oeuvre

Publié le 26/11/2018

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MAUNICK Édouard J. (né en 1931). Édouard Maunick est né à Flacq, à l’île Maurice, d’un père noir et d’une mère blanche. Diplômé de l’École normale mauricienne, il enseigne durant une dizaine d’années, puis devient bibliothécaire en chef à Port-Louis, la capitale. En 1954, il publie un premier recueil de poèmes en langue française, Ces oiseaux du sang. En 1960, il quitte l’île pour Paris, amorçant une double carrière de poète et d'homme public.
 
Au cours des années 60, époque des indépendances africaines, il publie divers articles, dont un sur Aimé Césaire (1963), un autre sur le poète congolais Tchicaya U Tam’si (1964) et, à peu près en même temps, produit d’une seule foulée trois textes poétiques importants : les Manèges de la mer (1964), Jusqu 'en terre yoruba (1969) et Mascaret ou le Livre de la mer et de la mort (1966).
 
Cette première période de création, marquée par la rencontre déterminante de la négritude, coïncide par ailleurs pour Maunick avec les débuts d’une carrière itinérante dans le cadre de l’action culturelle francophone. Chargé d’émissions culturelles et littéraires à destination de l’Afrique et de l’océan Indien pour l’Ocora et Radio-France internationale, il fait des conférences, participe à diverses productions littéraires (anthologie sonore, discographie de poésie africaine), produit cinq œuvres dramatiques destinées à la radio, s’essaie au genre de la nouvelle, l’essentiel étant pour lui l’élargissement d’une prise de conscience des situations culturelles et politiques qui le conduit au journalisme de la presse écrite : il devient rédacteur en chef à Demain l'Afrique, où il restera jusqu’en 1979.

« nelle coulée dans le corps du moi comme dans les paysa­ ges proches de sa parole créole : il faut d'abord se tran­ cher de cela, agrandir l'écorchure -voyage, exil - entre l'être et l'exister avec, pour seule cargaison, sa « part indélébile >> .

Affronter les mots de l'antériorité littéraire ensuite, s'en servir comme masques successifs nécessaires au trajet, pour délier peu à peu une sacralité autre au départ de J'« Ile-décalogue » : la culture chrétienne et le « fran­ cotropisme >> , mais aussi les stéréotypes assimilés de la littérature mauricienne, de l'exotisme ancien à 1' Apoca­ lypse récente (de Bernardin de Saint-Pierre à Malcolm de Chazal).

Ne jamais perdre l'Île de vue dans ces « Manèges de la mer » de l'écriture, viser le« mascaret» pour la rejoindre, juste «à la pointe de» sa >.

Trouver, par la voix de la négritude (par le voyage symbolique : «Jusqu'en terre yoruba>> devant le temple de la déesse Oshum), la part mémorable de sa mémoire : se découvr ir« nègre de préférence »et trouver les « mots-racines rebelles>> propres à universaliser le refus des humiliations de l'Histoire.

Pouvoir alors, en «écrivain marron », «crier ses désobéissances au mal­ heur>> en rythme nègre, en images nègres, transfiguré, «Ensoleillé vif», cependant que d'images en citations, de vers en vers et de poèmes en recueils, s'opère progres­ sivement -tous masques arrachés-, la courbe anapho­ rique d'un retour à soi-même qui tra�nsforme le trajet de l'écriture en «cycle poétique de l'Ile>> et s'accomplit contre la peUt, la souffrance, la mort enfin, le défi d'une personnification.

Jel peut être brièvement résumé le projet littéraire d'Edouard Maunick.

Fondamentalement lyrique, sa poé­ sie tire paradoxalement son ton original d'une pluralité de voix fondues aux images et aux rythmes du « sang pluriel », ce sang que l'écrivain mauricien, « né en terre étroite », a choisi de dire -ou plutôt de nommer à travers l'exil et la langue française.

Si l'on trouve trace dans son œuvr� de diverses proxi­ mités littéraires (Saint-John Perse et Eluard, Rimbaud et Pierre Emmanuel, Senghor et Césaire, Richard Wright et Dylan Thomas, mais aussi O.V.

de L.

Milosz ou Lorca ...

), ces langages formels comme les principaux thèmes qui leur correspondent (de la Mer ou l'Amer à l'apartheid, de Soleil cou-coupé au cri debout ...

), ce sont là autant de discours obliques pris en compte dans le jeu de l'écriture, autant d'allusions et d'alluvions qui servent les pulsations, flux et reflux, de ce lyrisme enraciné dans les valeurs ontologiques mauriciennes.

Un travail de translation constant à l'intérieur du texte assure au discours poétique de Maunick une forme de continuité focalisée autour de quelques symboles syncré­ tiques gui en subsument les oppositions sémantiques : ainsi l'Ile -mère-femme-terre natale-ou la Mer­ am ou r- mo rt-ex il-éc ritur e - peuvent «métisser>> leur symbolisme à la faveur d'une image médiatrice et ambi­ valente comme celle de Neige, qui évoque tour à tour la mère, la femme aimée, l'autre, l'ailleurs, la langue française ...

La négritude, placée sous le signe du père, de l'écriture, du combat, trouve à s'enraciner dans les images de l'identique, à« s'insulter >>, elle aussi, dans la clarté de l'affirmation poétique (Ensoleillé vif).

Le langage littéraire confirme ainsi la profession d'identité : >, dans Littérature de l'Océan indien 1.

Les Mascarei­ gnes : Île Maurice, Paris, Notre Lib ra ir ie -C.L.E.F., n• 54-55, juillet-octobre 1980: Anil Dev Chiniah, la Fascination des ima­ ges.

Études sur sept poètes mauriciens : J.

Tsang Mang Kin, R.

Chaste.

J.

Franchette, J.G.

Prosper, E.

Maunick.

D.

Virah­ sawmy, et J.

C.

d'Avoine, préface de Joseph Tsang Mang Kin, Port-Louis, Imprimerie Père Laval, 1982, p.

87-98; Édouard f; Maunick.

Hom ma ge, Paris, L'Harmattan, 1992; J.

Sopova, Edouard Maunick.

Bio-bibliographie analytique ( 1953-1990), Paris, Université Paris-Nord et La Réunion.

Vents et marées éditions, 1992.. »

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