Montaigne (1533-1592) DE L’UTILITÉ DE SE PEINDRE

Au lecteur

C’est ici un livre de bonne foi, lecteur.

Il t’avertit, dès l’entrée, que je ne m’y suis proposé

aucune fin, que domestique et privée. Je n’y ai eu

nulle considération de ton service, ni de ma gloire.

Mes forces ne sont pas capables d’un tel dessein. Je

l’ai voué à la commodité particulière de mes parents

et amis : à ce que1 m’ayant perdu (ce qu’ils ont à

faire bientôt) ils y puissent retrouver aucuns traits

de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen

ils nourrissent plus entière et plus vive, la connaissance qu’ils ont eue de moi. Si c’eut été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse mieux paré et

Idée directrice

L’auteur dévoile à son lecteur ses intentions : écrire pour un petit cercle de familiers. Il annonce le sujet de son livre : la peinture du moi.

Structure du texte

- Avertissement au lecteur : Montaigne n’écrit ni pour le public ni pour sa gloire personnelle (1. 1 à 5).

- Son public se limite à ses proches (1.6 à 11).

- Montaigne ne cherche que le naturel, même s’il est peu flatteur (1. 11 à 21).

- Adieu désinvolte au lecteur (1. 21 à 25).

PISTES DE LECTURE

Avertissement au lecteur (L 1 à 5)

Les premières lignes sont une mise en garde : le lecteur ne doit pas chercher dans ce livre ce qui n’y est pas. A l’aveu apparemment modeste de ses propres limites