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Montesquieu, Les Lettres persanes, lettre CLXI.

Publié le 10/01/2020

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Montesquieu, Les Lettres persanes, lettre CLXI.

ROXANE A USBEK.

A Paris.

Oui, je t'ai trompé ; j'ai séduit tes eunuques ; je me suis jouée de ta jalousie; et j'ai su de ton affreux sérail faire un lieu de délices et de plaisirs.

Je vais mourir; le poison va couler dans mes veines : car que ferais-je ici, puisque le seul homme qui me retenait à la vie n'est plus? Je meurs; mais mon ombre s'envole bien accompagnée : je viens d'envoyer devant moi ces gardiens sacrilèges, qui ont répandu le plus beau sang du monde.

Comment as-tu pensé que je fusse assez crédule, pour m'imaginer que je ne fusse dans le monde que pour adorer tes caprices ? que, pendant que tu te permets tout, tu eusses le droit d'affliger tous mes désirs? Non: j'ai pu vivre dans la servitude; mais j'ai toujours été libre: j'ai réformé tes lois sur celles de la nature; et mon esprit s'est toujours tenu dans l'indépendance.

Tu devrais me rendre grâces encore du sacrifice que je t'ai fait; de ce que je me suis abaissée jusqu'à te paraître fidèle; de ce que j'ai lâchement gardé dans mon coeur ce que j'aurais dû faire paraître à toute la terre; enfin de ce que j'ai profané la vertu en souffrant qu'on appelât de ce nom ma soumission à tes fantaisies.

Tu étais étonné de ne point trouver en moi les transports de l'amour : si tu m'avais bien connue, tu y aurais trouvé toute la violence de la haine.

Mais tu as eu longtemps l'avantage de croire qu'un coeur comme le mien t'était soumis. Nous étions tous deux heureux; tu me croyais trompée, et je te trompais.

Ce langage, sans doute, te paraît nouveau. Serait-il possible qu'après t'avoir accablé de douleurs, je te forçasse encore d'admirer mon courage ? Mais c'en est fait, le poison me consume, ma force m'abandonne; la plume me tombe des mains; je sens affaiblir jusqu'à ma haine; je me meurs.

Du sérail d'Ispahan, le 8 de la lune de Rebiab 1, 1720.

(commentaire composé de français)

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« Montesquieu critique la société de son temps à travers le regard de deux persans => fausse ingénuité, ironie, « regard étranger »… I- La fin du roman sentimental : A- La vengeance de Roxane • Cf.

la 1 ephrase => message direct.

Commence par « oui » + 4 propositions commençant par « je » + passé composé.

Les compléments des verbes sont tous introduits par un déterminant possessif de 2 e personne « tes, ta, ton ».

Vengeance de Roxane contre Usbek. • A imposé sa volonté au sérail => le transforme (en mieux) « ton affreux sérail » > « lieu de délices et de plaisirs ». B- La mort de Roxane • Cf.

la présence du champ lexical de la mort : « mourir ; poison va couler dans mes veines ; Je meurs… ». • Suicide lié à l’amour => pathétique.

Cf.

« que ferais-je ici, puisque le seul homme qui me retenait à la vie n'est plus ? » • Registre tragique => Cf.

les références à la liberté et à l’amour + « sacrifice ». II- Deux personnages différents A- Usbek • C’est le symbole de l’homme oriental => a tous les droits, est le maître. « tu te permets tout » => « la servitude » • Homme qui a plusieurs femmes, ses propriétés => « ton affreux sérail » • Les femmes lui doivent le respect, doivent reconnaître le maître => « je me suis abaissée » ; « ma soumission à tes fantaisies ». => Égoïsme masculin « tes caprices ». B- Roxane • Femme déchirée entre la soumission et son besoin de liberté => mort. • Champ lexical de la soumission : « femmes soumises, adorer tes caprices, soumission à tes fantaisies ». • Champ lexical de la liberté : « j'ai toujours été libre ; l'indépendance ».

Doit, pour Usbek, oublier ses désirs => « je me suis abaissée jusqu'à te paraître fidèle ». • Puis évolution du personnage et refus de la servitude. C- Satire des m œurs orientales. »

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