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MORALITÉ (genre dramatique médiéval)

Publié le 25/11/2018

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MORALITÉ (genre dramatique médiéval). De la fin du Moyen Âge et du début du xvie siècle subsistent quelque soixante pièces dont les acteurs sont des personnifications, du moins en grande partie. Le nombre des personnages va de quatre ou cinq à vingt (Vie et histoire du Mauvais Riche, Moralité de Charité). Bien Advenir et Mal Advenir, joué à Rennes en 1439 avec ses 8 000 vers et ses 50 rôles (Raison, Foi, Obéissance, Contrition, Rébellion...), atteint une dimension qui le rapproche du mystère. La moralité, genre théâtral le plus littéraire (beaucoup de textes ont été transmis avec le nom d’auteur), est un avatar dramatique de la tradition allégorique didactique, dont elle emprunte les actants et le schéma simple, dichotomique (opposition d'une bonne et d’une mauvaise voie). La perspective est édifiante, pédagogique, mais moins doctrinale (cf. les autos sacramentales espagnols) que pratique : la parabole y trouve donc une résonance privilégiée. La clarté démonstrative de ce genre en fait un domaine de choix pour la représentation de l’actualité : le fait vécu se classe immédiatement en bien ou en mal sans passer par les détours de la satire ou du comique. L’exemplarité des cas est souvent renforcée par un pathétique de mélodrame qui rappelle l’inspiration des œuvres de Nicole Bozon ou du Tombel de Char-trose : Églantine, honnête fille de Grosmoulu, préfère la mort au déshonneur que lui propose un riche seigneur; sa constance amène le tentateur à résipiscence, et le vilain est affranchi (la Pauvre Fille villageoise).

« didactique, dont elle emprunte les actants et le schéma simple, dichotomique (opposition d'une bonne et d'une mauvaise voie).

La perspective est édifiante, pédagogi­ que, mais moins doctrinale (cf.

les autos sacramentales espagnols) que pratique : la parabole y trouve donc une résonance privilégiée.

La clarté démonstrative de ce genre en fait un domaine de choix pour la représentation de l'actualité : le fait vécu se classe immédiatement en bien ou en mal sans passer par les détours de la satire ou du comique.

L'exemplarité des cas est souvent renforcée par un pathétique de mélodrame qui rappelle l'inspira­ tion des œuvres de Nicole Bozon ou du Tombe/ de Char­ trose : Églantine, honnête fille de Grosmoulu, préfère la mort au déshonneur que lui propose un riche seigneur; a constance amène le tentateur à résipiscence, et Je vilain est affranchi (la Pauvre Fille villageoise).

Les sujets peuvent se répartir en trois catégories : bibliques (l'Enfant prodigue, avec, comme le veut la tradition, les scènes de taverne; les Frères de mainte­ nant, d'après l'histoire de Joseph; le Mauvais Riche et le Ladre), historiques anciens (l'Empereur qui tua son neveu) ou contemporains (Concile de Bâle, de Georges Chastellain, en 1432; Métier, Marchandise et le Temps qui court, reflétant les plaintes du peuple contre la Pra­ guerie).

La Condamnation de Banquet, de Nicolas de La Chesnaye (l5Ct7), est un bon exemple d'un troisième type, prolixe en conseils moralisants sur r existence quo­ tidienne.

3 600 vers exposent une théorie diététique (dîner suffisarr: ment à midi, souper six heures plus tard, ne pas banque·:er de nuit) : après les recommandations de sobriété d'un « prolocuteur », apparaissent de joyeux convives sous la houleue de Bonne Compagnie (Gour­ mandise, Friardise, Je bois à vous), qui acceptent les invitations de Dîner, Souper et Banquet; au premier repas, Souper et Banquet épient les commensaux et font intervenir les maladies «en figures monstrueuses >> (Hydropisie, Paralysie, Apoplexie, Gouue et Gravelle), qui profitent d J souper pour battre les hôtes; chez Ban­ quet enfin, Apoplexie égorge quatre personnes.

Un tribu­ nal où siègent Hippocrate, Avicenne et Galien exile Sou­ per à six lieut!S (= six heures plus tard) et condamne Banquet à la p•!ndaison.

Le coupable est gracié in extre­ mis.

Diète et Expérience tirent la leçon.

La redondance dans l'explication est la loi du genre.

Malgré cette évi­ dence de la signification, la lourdeur des effets et, sou­ vent, la minceur de l'action, la moralité peut obtenir des moments de bouffonnerie carnavalesque (personnifica­ tions grotesqu•!s); mais, dans 1 'ensemble, cette produc­ tion reste la partie du théâtre médiéval la plus étrangère à l'esthétique moderne.

[Voir aussi TH�ÂTRE RELIGIEUX M�Oi t::VAL].

BIBLIOGRAPHIE Fournier, le TIJéâJrefrançais avan t la Renaissance, Mystères, m or alit és et farc. »

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