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«On Appelle Roman L'Ouvrage Fabuleux Composé Des Plus Singulières Aventures De La Vie Des Hommes». Le Roman Doit-Il Absolument Présenter Un Aspect Singulier Par Son Intrigue Et Ses Personnages Pour Représenter La Vie Des Hommes ?

Publié le 17/01/2022

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La signification du mot «roman« que l’on connaît aujourd’hui vient du nom donné à certains récits fictifs, impliquant des héros étrangers aux textes sacrés, tels que Lancelot ou Perceval, qui de ce fait n’étaient pas écrits en latin mais en langue romane. Cependant, la conception même du roman, «une histoire feinte, écrite en prose, où l’auteur cherche à exciter l’intérêt« d’après le dictionnaire de l’Académie Française, remonte bien avant le Moyen-âge : certains textes latins se rapprochent de cette définition, par exemple le Satyricon de Pétrone (Ier siècle après J.-C.) ou bien Les Métamorphoses d’Apulée (I ou IIème siècle après J.-C.). L’origine du roman est donc difficile à définir, de même que ses caractéristiques exactes. A la fin du XVIIIème siècle, le marquis de Sade le définit ainsi : «On appelle roman l’ouvrage fabuleux composé des plus singulières aventures de la vie des hommes«. Le roman doit-il absolument présenter un aspect singulier par son intrigue et ses personnages pour représenter la vie des hommes ? 

 

« nombreux romans mettent en scène des personnages sans faiblesses, qui luttent pour un but précis sans jamais endétacher, genre même du personnage particulier que l'on ne rencontre que dans les romans.

Ainsi, les personnagesdes romans de chevalerie du Moyen-âge présentent les qualités des héros : ils sont courageux, braves, ont un sensaigu de l'honneur, galants, et surtout finissent toujours par gagner.

Le type du héros se retrouve également dansUne Ténébreuses Affaires de Balzac avec le personnage de Laurence.

En effet, Laurence est jeune, belle, blancheet blonde, elle est noble d'apparence.

Cependant, malgré une apparence douce, voire stupide, se révèle être unefemme de fort caractère, attachée fortement à ces idées.

Elle se bat pour la royauté, et est prête à tout risquerpour le triomphe.

Elle correspond avec ses cousins, conspire en secret, assume au jour sa position : elle provoqueun espion du consul et l'humilie, refuse de se plier et de coopérer avec Bonaparte, et jusqu'au bout maintiendra sarancœur envers ses ennemis : elle quitte le salon de la princesse de Cadigan lorsqu'on annonce l'entrée du marquisde Gondreville, qui s'est emparé de ses terres durant la Révolution.

Elle ne se mettra à genoux devant Napoléonqu'une seule fois, lorsqu'il s'agira de la vie de ses cousins, dont elle est amoureuse.

De même, toujours dans UneTénébreuse Affaire, le personnage de Michu, qui ne suit qu'une seule idée : servir ses maîtres, et qui pour cela estprêt à tout, peut rapprocher du genre du héros.

Les aventures, personnages et passions singuliers sont en effet parfois le cœur d'un roman.

Cependant, certainsromans, surtout à partir du XIXème siècle, s'éloignent de cette définition.

Nous allons donc nous pencher dans un deuxième temps sur ces romans dont les intrigues, les personnages et lespassions ne semblent pas singuliers.Tout d'abord, certains romans retracent le parcours de toute une vie.

Ces romans, tirés exactement de la réalité,présentent leurs péripéties, mais rarement un schéma narratif classique.

Il s'agit plus d'une suite d'événements, dechoix, de rencontres qui marquent le personnage.

Ainsi, Une Vie de Maupassant débute sur la sortie d'une jeune filled'un couvent.

Elle est pleine de rêves et d'illusions, qui vont se détruire les unes après les autres.

Elle rêvait d'unmariage réussi, son mari la trompe.

Elle se réfugie dans la dévotion et dans l'amour de ses enfants, mais son mari,avare, refuse d'avoir un deuxième enfant à nourrir.

Elle parvient tout de même en rusant à tomber enceinte, maisperd l'enfant.

Son mari meurt, tué avec sa maîtresse par le mari de celle-ci.

Le fils de l'héroïne est dépensier et ruinesa mère.

Elle finit par aller vivre chez une servante, et son dernier bonheur est la venue au monde de petits-enfants.

Le Nœuds de Vipère, de François Mauriac est également un enchaînement des souvenirs d'un hommemourant, qui relate l'histoire de sa vie, et notamment de sa famille.

Il parle de sa mère, de sa femme, de sesmaîtresses, de ses enfants, et des raisons pour lesquelles ils le détestent et il les déteste.

Ensuite, les romanspicaresques relatent la montée de jeunes hommes dans la société.

Ainsi, Julien Dorel, dans Le Rouge et le Noir deStendhal racontent la vie du jeune homme depuis le jour où il devient précepteur chez Madame de Rênal jusqu'aujour où il est condamné à mort pour avoir tenté de la tuer, en passant par son séminaire à Paris, son aventure avecMathilde, la fille du marquis de la Mole chez qui il est employé, et d'autres péripéties.

Les romans autobiographiquesprésentent pour la plupart le même genre de péripéties.

Ainsi La Citadelle, roman à grande valeur autobiographiquede Cronin, retrace les différentes étapes de la vie d'André Manson, depuis ses débuts en temps qu'assistant dansune petite ville minière de la vallée de Penowell au pays de Galle, puis son ascension progressive et sesdéménagements successifs avec sa femme Christine, sa réussite matérielle à Londres, puis son procès pour avoirenvoyé une patiente à un homme qui n'est pas médecin, et enfin la fondation de son propre clinique pour lesmaladies pulmonaire avec ses amis, Denny et Hope.

De même, Vipère Au Poing d'Hervé Bazin racontent l'enfance del'auteur, et notamment ses relations avec sa mère.

C'est un enchaînement de souvenirs, d'actes, de situations sansintrigue précise.

Ensuite, l'intrigue dans certains romans semble être placée au second plan.

Elle est empruntée à la vie de tous lesjours, et semble pouvoir se retrouver d'un roman à l'autre.

Ainsi, dans Au Bonheur Des Dames de Zola, Denise jeunefille de vingt ans arrive de la province à Paris en espérant être hébergée par son oncle Baudu, commerçant parisien.Elle trouve un travail dans un grand magasin, le Bonheur des dames.

Le roman tourne alors autour de son adaptationà ce nouveau travail, et d'une intrigue amoureuse, qui finit bien, entre elle et le propriétaire de ce magasin, Mouret.L'intrigue est commune.

Toujours chez Zola, l'histoire d'amour entre Etienne Lantier et Catherine dans Germinalsemble une intrigue secondaire.

De même, dans Gobseck de Balzac, l'intrigue principale, qui est l'amour entre la fillede madame de Beauséant et le comte de Restaud, fils de la comtesse de Restaud, déshonorée et ruinée par undandy est un peu effacée et n'est réellement présente qu'au début et à la fin du roman.

Dans Eugénie Grandet,l'intrigue est également simple et les péripéties assez peu nombreuses : Eugénie attend son cousin parti refairefortune autour du monde, et cela pendant dix ans, avant qu'il ne lui annonce qu'il est bel et bien rentré mais qu'ilépouse une autre femme.

Pendant ce temps, elle est très entourée de prétendants et d'amis intéressés par sonimmense fortune, et elle reste totalement dupe.

Certains romans sont encrés dans la vie réelle au point de prendre en trame de fond une part réelle de l'histoire.Ainsi, la Princesse de Clèves se déroule dans l'année 1558-1559, à la cour du roi Henri II.

La situation politique et lesévènements importants ayant eu lieu cette année là sont retracés dans le roman de Madame de Lafayette.

Ainsi,apparaît l'influence de Diane de Poitier sur le roi, dont elle est la maîtresse, les fiançailles de Claude de France, autrefille du roi (le 5 février dans le roman, mais en réalité le 22 janvier), les pourparlers de paix avec l'Espagne etl'Angleterre, auxquels s'opposent la maison de Loraine à laquelle est apparentée la reine Dauphine, Marie Stuart, etde là les tensions entre les différentes maisons à la Cour du Roi de France, le traité de paix signé tout de même les2 et 3 avril, entraînant le mariage d'Elisabeth, fille du roi, avec le roi d'Espagne Philippe II, célébré le 22 juin, et le 28juin, les fiançailles de Marguerite, sœur du roi avec le duc de Loraine, durant lesquelles le roi est blessé à la têtedans un tournoi par le comte de Montgomery, blessure dont il meurt le 10 juillet.

De même, Une Ténébreuse Affairede Balzac tourne autour de la montée au pouvoir du Premier Consul et des conspirations des royalistes et decertains républicains qui se font contre lui.

Certains romans, sans être purement historique, font allusion à certainespériodes ou événements.

Ainsi dans Gobseck, l'émigration, et la vente publique des biens des nobles, puis laRestauration sont évoquées.. »

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