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Oscar Wilde déclare dans la préface à son roman Le Portrait de Dorian Gray : « L'appellation de livre moral ou immoral ne répond à rien. Un livre est bien écrit ou mal écrit. Et c'est tout. [...] L'artiste peut tout exprimer. » Vous commenterez et discuterez ce jugement.

Publié le 16/07/2012

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Cela mène à poser la question des différents buts de l'art. Au-delà du divertissement, la littérature a souvent eu pour vocation majeure d'être engagée. En plein siècle romantique, Hugo déclare : « L'encrier brisera les canons. « Dans son œuvre, l'écrivain doit s'engager et transmettre un message qui, plus que moral, se veut politique. Il doit provoquer une prise de conscience chez le lecteur duquel l'œuvre dépend. Comme Hugo, Sartre déclare près d'un siècle plus tard: « Nous nous rangeons du côté de ceux qui veulent changer à la fois la condition sociale de l’homme et la conception qu’il a de lui-même. « L'auteur ne peut donc pas ne pas être engagé. La dimension socio-politique est ici majeure: Sartre veut un véritable bouleversement que l'engagement de l'écrivain permet de mettre en œuvre. On peut aussi penser à la dimension instructive de l'œuvre. En effet, elle peut avoir vocation d'apprentissage non pas moral mais purement informatif. En témoigne La Comédie Humaine de Balzac qui regroupe l'ensemble de son œuvre Par des études de mœurs, des études analytiques ou encore philosophiques, Balzac voulait construire un édifice qui pourrait « faire concurrence à l'état civil « : ainsi les romans de Balzac apprennent énormément au lecteur, et ce tant au niveau des personnages qu'au niveau des milieux dans lesquels ils vivent. Entre engagement, information, divertissement, morale et simple beauté, l'œuvre d'art porte donc des facettes multiples qui sont toutes révélées par le lecteur lui-même, mais toujours avec l'appui de l'auteur. Par cette pluralité de dimensions transparaît la capacité de l'œuvre à exprimer tout, presque sans limites : l'artiste semble pouvoir tout exprimer.

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« moralistes réfléchissent sur les mœurs de la société.

Cette réflexion ne peut pourtant se faire sans une dimension esthétique qui rend agréable l'apprentissage desvaleurs morales de la vertu.

Esthétique et morale sont donc étroitement liées en tant que la première peut soutenir la portée de l'autre.

Oscar Wilde ne semble toutefoisaborder que la question du style et de la morale.

L'œuvre d'art, doit avant tout être belle, mais elle peut aussi véhiculer un message, et ce bien qu'il reste le plussouvent secondaire.

Mais l'art ne peut-il se résumer qu'à ses dimensions esthétique et morale? Plus que morale ou esthétique, l'œuvre d'art peut être divertissante, informative, engagée ou encore explicative.

En déclarant « L'artiste peut tout exprimer.

», Wildepose donc la question des différents buts de l'art; mais la place du lecteur reste essentielle: qui juge de la qualité ou de la valeur morale d'une œuvre? Qui décide de sacapacité à être belle, morale ou engagée? Le public a donc un rôle majeur dans le jugement de l'œuvre.Quelquefois, morale et esthétique ne prévalent pas dans l'engouement du public pour une œuvre.

Certaines œuvres ne sont pas particulièrement célèbres pour leursqualités artistiques ou leur visée morale mais elles ont connu un succès important car elles ont amusé et diverti le lecteur.

Ainsi L'Astrée d'Honoré d'Urfé, romanbaroque de plus de 5000 pages publié entre 1607 et 1627 raconte les péripéties amoureuses du berger Céladon et de la bergère Astrée.

Le divertissement est donc unequalité majeure inhérente à l'œuvre d'art: l'art ne peut être beau ou moral sans être divertissant, car c'est cette qualité même qui donne à l'œuvre sa portée.

On peutpenser aux fables de La Fontaine, dont la dimension morale ne va pas sans ses qualités amusantes : c'est le docere et placere repris depuis l'Antiquité.

Instruire etplaire sont étroitement liés et permettent à l'œuvre de gagner en beauté.

Dans les Fables, et plus particulièrement dans « Les Animaux malades de la peste », LaFontaine fait une satire de l'hypocrisie de la Cour avec beaucoup d'humour : morale et divertissement se mélangent donc, ce qui participe de la beauté de l'œuvre.Cela mène à poser la question des différents buts de l'art.

Au-delà du divertissement, la littérature a souvent eu pour vocation majeure d'être engagée.

En plein siècleromantique, Hugo déclare : « L'encrier brisera les canons.

» Dans son œuvre, l'écrivain doit s'engager et transmettre un message qui, plus que moral, se veut politique.Il doit provoquer une prise de conscience chez le lecteur duquel l'œuvre dépend.

Comme Hugo, Sartre déclare près d'un siècle plus tard: « Nous nous rangeons ducôté de ceux qui veulent changer à la fois la condition sociale de l’homme et la conception qu’il a de lui-même.

» L'auteur ne peut donc pas ne pas être engagé.

Ladimension socio-politique est ici majeure: Sartre veut un véritable bouleversement que l'engagement de l'écrivain permet de mettre en œuvre.

On peut aussi penser àla dimension instructive de l'œuvre.

En effet, elle peut avoir vocation d'apprentissage non pas moral mais purement informatif.

En témoigne La Comédie Humaine deBalzac qui regroupe l'ensemble de son œuvre Par des études de mœurs, des études analytiques ou encore philosophiques, Balzac voulait construire un édifice quipourrait « faire concurrence à l'état civil » : ainsi les romans de Balzac apprennent énormément au lecteur, et ce tant au niveau des personnages qu'au niveau desmilieux dans lesquels ils vivent.

Entre engagement, information, divertissement, morale et simple beauté, l'œuvre d'art porte donc des facettes multiples qui sonttoutes révélées par le lecteur lui-même, mais toujours avec l'appui de l'auteur.

Par cette pluralité de dimensions transparaît la capacité de l'œuvre à exprimer tout,presque sans limites : l'artiste semble pouvoir tout exprimer.Se pose néanmoins le problème du jugement.

Wilde déclare: « L'appellation de livre moral ou immoral ne répond à rien.

».

Mais qui juge si l'œuvre est morale ouimmorale? Qui juge de la qualité artistique de l'œuvre? Toute œuvre est la rencontre de deux subjectivités.

Ainsi, le lecteur, en ouvrant un livre, se prête à l'expériencede l'altérité.

Chaque auteur met nécessairement une part de lui-même dans ce qu'il crée, ce qui explique l'attrait du lecteur pour une œuvre.

Outre les dimensionsmorale ou esthétique, c'est ce rapport qui donne à l'œuvre sa qualité d'œuvre d'art.

En effet, Sartre assure qu'il ne peut y avoir d'art s'il n'y a pas de récepteur, car c'estcelui-là même qui juge l'œuvre dans la mesure où il doit disposer d'un certain recul esthétique.

La qualité esthétique de l'oeuvre n'est donc pas inhérente à l'oeuvreelle-même: au contraire, c'est le lecteur qui décide des dimensions qu'elle peut porter en son sein.

Cela explique pourquoi dans Ruy Blas comme dans tous ses dramesromantiques, Victor Hugo veut à tout prix l'intérêt du coeur et la morale pour l'esprit, afin de pouvoir concilier passions, action et réflexion et plaire au spectateur.Engagement, divertissement, morale sont autant de facettes qui mettent en évidence que l'oeuvre est faite pour être jugée par le lecteur. En somme, l'art, en tant qu'il permet l'expression du style de l'auteur, met en évidence l'importance de la beauté dans l'œuvre.

Si l'artiste peut tout exprimer commel'entend Wilde, c'est car toute dimension morale est à proscrire dans l'oeuvre d'art.

Cette dimension, quoique secondaire, a toutefois une importance majeure dans lalittérature : qu'elle soit morale ou immorale, l'oeuvre d'art semble n'avoir pas de limites.

Cependant, plus qu'esthétique ou morale, elle peut être divertissante, engagéeou même documentaire, ce qui révèle les facettes multiples de l'art.

Au-delà de ces facettes, le jugement de l'oeuvre par le lecteur joue un rôle majeur : il lui donne saqualité d'oeuvre d'art et permet de souligner que l'art n'a de limites que celles que le lecteur lui donne.

Une véritable oeuvre d'art semble dont être celle qui, en plus desusciter chez le lecteur l'admiration de sa beauté, provoque en lui une réflexion qui, plus que morale ou engagée, se fait philosophique voire métaphysique.

Uneoeuvre comme En attendant Godot de Samuel Beckett paraît répondre à cette définition : le théâtre de l'absurde propose une rupture dans le fond comme dans laforme, ce qui suscite l'étonnement, puis l'admiration, et enfin la réflexion.. »

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