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Oscar Wilde déclare dans la préface à son roman Le Portrait de Dorian Gray : « L'appellation de livre moral ou immoral ne répond à rien. Un livre est bien écrit ou mal écrit. Et c'est tout. [...] L'artiste peut tout exprimer. » Vous commenterez et discuterez ce jugement sur la littérature en vous appuyant sur des exemples précis tirés de genres littéraires divers.

Publié le 21/01/2013

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wilde

littérature a souvent eu pour vocation majeure d'être engagée. En plein siècle romantique, Hugo déclare

: « L'encrier brisera les canons. « Dans son oeuvre, l'écrivain doit s'engager et transmettre un message

qui, plus que moral, se veut politique. Il doit provoquer une prise de conscience chez le lecteur duquel

l'oeuvre dépend. Comme Hugo, Sartre déclare près d'un siècle plus tard: « Nous nous rangeons du côté

de ceux qui veulent changer à la fois la condition sociale de l’homme et la conception qu’il a de luimême.

« L'auteur ne peut donc pas ne pas être engagé. La dimension socio-politique est ici majeure:

Sartre veut un véritable bouleversement que l'engagement de l'écrivain permet de mettre en oeuvre. On

peut aussi penser à la dimension instructive de l'oeuvre. En effet, elle peut avoir vocation d'apprentissage

non pas moral mais purement informatif. En témoigne La Comédie Humaine de Balzac qui regroupe

l'ensemble de son oeuvre Par des études de moeurs, des études analytiques ou encore philosophiques,

Balzac voulait construire un édifice qui pourrait « faire concurrence à l'état civil « : ainsi les romans de

Balzac apprennent énormément au lecteur, et ce tant au niveau des personnages qu'au niveau des

milieux dans lesquels ils vivent. Entre engagement, information, divertissement, morale et simple beauté,

l'oeuvre d'art porte donc des facettes multiples qui sont toutes révélées

 

wilde

« véhiculer : la manière compte plus que la matière, c'est pourquoi, pour le mouvement parnassien comme pour Wilde, le style prévaut. La morale apparaît alors comme secondaire par rapport à la beauté de l'art.

Si la qualité d'une œuvre ne dépend que de sa capacité à être belle, alors la morale ne lui est pas indispensable.

C'est ce que Gautier développe dans la préface à Mlle de Maupin; ainsi critique-t-il vivement les volontés morales de son époque : « Cette grande affectation de morale qui règne maintenant serait fort risible, si elle n’était fort ennuyeuse.

» La morale est inutile: non seulement elle est superflue et hypocrite, mais en plus elle est inutile à l'art car celui-ci n'existe que parce qu'il est beau.

En témoignent des œuvres qui jugées immorales hier, sont aujourd'hui considérées comme des chefs d'œuvre, ce qui montre bien que la morale n'est que secondaire dans l'œuvre d'art.

Le procès donné en 1858 de Madame Bovary révèle ainsi une évolution en mosaïque de la morale.

Jugé immoral car évoquant l'adultère sans pour autant le considérer négativement, le roman de Flaubert est à présent vu comme un chef d'œuvre, et ce au-delà des mœurs, ce qui met en évidence le fait que la beauté dépasse la morale. Mais c'est sans compter que même l'immoral disparaît derrière la beauté de l'art.

Si l'œuvre est belle, on peut évoquer les choses les plus abjectes et les plus en contradiction avec les valeurs de notre société.

Dans ses pamphlets antisémites dont la publication est interdite en France, Céline dévoile son point de vue vis-à-vis de la religion juive.

Céline reste pourtant considéré comme un grand écrivain de par la beauté de ses œuvres, et ce au-delà de ses positions antisémites.

Une fois encore, la forme dépasse donc le fond, et ce même en abordant les domaines les plus immoraux.

L'art semble dès lors n'avoir pas de limites, comme le souligne Wilde lorsqu'il déclare que « l'artiste peut tout exprimer ».

Dimensions morale ou immorale disparaissent au profit de la seule beauté qui reste la seule chose essentielle dans l'art. Ainsi, l'œuvre d'art se résume à sa qualité esthétique.

L'écrivain écrit, peu importe ce qu'il a à dire: seul le style importe.

Barthes affirme, dans Essais critiques : « L'écrivain est un homme qui absorbe le pourquoi du monde dans le comment écrire.

» L'écrivain doit donc accepter qu'il écrit, et non pas qu'il écrit quelque chose, auquel cas il se fait écrivant.

Pour l'écrivain, c'est-à-dire l'artiste, la parole est matière et non instrument ; c'est pourquoi il doit accepter qu'il ne peut transmettre un message.

Certes, l'œuvre peut nous mener, nous lecteurs, à nous questionner, mais elle ne peut poser elle même les questions.

Être écrivain, c'est donc ne chercher qu'à travailler sa parole.

La poésie moderne semble obéir à la définition de l'écrivain donnée par Barthes: dans Le Parti pris des choses, et plus particulièrement dans « Le Cageot », Francis Ponge revient sur cet objet quotidien avec humour sans que ne transparaisse aucun message ; ici le travail de la parole est primordial.

Ainsi Ponge joue sur les mots et leur prononciation, mais il s'amuse aussi sur la forme même du poème qui semble être à lui seul un véritable objet, dont les paragraphes se font planches du cageot.

L'œuvre d'art est donc avant tout belle. Style et esthétique priment, et ce au détriment de la morale qui, superflue, disparaît derrière la beauté du texte.

Ainsi l'écrivain doit se résoudre à son incapacité à véhiculer un message, bien que l'œuvre puisse mener à se poser des questions grâce au lecteur lui -même.

Alors, les œuvres semblent toutes transmettre un message, et ce peut -être malgré elles.

N'y a-t-il pas une dimension morale dans toute œuvre artistique? L'esthétique peut -elle se mettre alors au service de la morale? Plus qu'esthétique, l'œuvre semble contenir une dimension morale.

L'œuvre transmet des valeurs; et par sa dimension esthétique même elle peut éduquer les foules.

La morale peut alors dépasser la beauté de l'œuvre, laquelle se met à son service. Toute œuvre véhicule un message.

Par sa dimension morale, mais aussi par sa dimension immorale, l'œuvre transmet des valeurs qui forment et éduquent la société.

Ainsi, dans Manon Lescaut, par l'abbé Prévost met en garde le lecteur contre les passions dévorantes ; le Chevalier des Grieux, tiraillé entre morale et passion, connaît une. »

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