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PANORAMA DE LA COMÉDIE EN FRANCE - HISTOIRE DE LA COMEDIE FRANCAISE

Publié le 07/04/2011

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La France est peut-être le pays au monde où l'inspiration comique, à travers toutes les formes littéraires, manifeste la plus belle continuité, c'est probablement le domaine où notre pays a produit le plus d'œuvres d'importance internationale et proprement irremplaçables. Le goût du comique est un trait du caractère français, et il est assez significatif que la littérature allemande, si riche par ailleurs, soit pauvre en comédies. Quand les étrangers parlent de la légèreté française, ils accusent un peu le sentiment que Rousseau ou Pascal éprouvaient à lire Montaigne ou Molière.

Le Moyen Age, en effet, a manifesté très tôt une vigoureuse inspiration comique, mélange de burlesque, de grossièreté, d'irrévérence, de satire sociale; c'est l'esprit gaulois, qui malmène rudement toutes les délicatesses de l'esprit. Il anime les Fabliaux, Le Roman de Renan, et même Le Roman de la Rose, il s'affirme dans ces boniments de foire qu'étaient les dits et les monologues; quand il a trouvé la forme dramatique, il a donné naissance à la farce. Sans atteindre encore au comique de caractère, la Farce de Maître Pathelin, par la netteté de l'intrigue et le relief des personnages, est déjà un chef-d'œuvre Au XVIe siècle, surtout à travers le théâtre italien, on découvre l'art des intrigues compliquées, des imbroglios, et quelques types conventionnels : le père grondeur, le valet déluré, etc., qu'on retrouve dans Les Fourberies de Scapin, et qui sont en somme hérités de Térence. Mais cette comédie humaniste n'a guère atteint le grand public ; en tout cas, elle n'a pas supplanté la farce; ce n'est pas chez Jodelle, ni même chez Larivey, qu'il faut chercher la grande inspiration comique du siècle, c'est chez Rabelais. Au début du XVIIe siècle la farce italienne ne dépasse guère le niveau d'une parade de foire. C'est Corneille qui a eu le mérite d'introduire des intrigues à l'italienne où l'amour contrarié tient la première place, dans un monde distingué et même raffiné, le monde aristocratique contemporain de l'auteur.

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« d'un heurt entre les mœurs de la société et le caractère d'un individu.

Les grands ridicules de Molière sont ceux qui,pour satisfaire une manie, entrent en guerre avec le monde et finissent assez souvent par rompre avec lui :Arnolphe, Alceste, l'Avare, Argan.

Bref, comme la bouffonnerie, les mœurs sont de plus en plus un moyen de fairevaloir les caractères.

La comédie de Molière utilise donc essentiellement le ridicule qui s'attache aux sentimentshumains. C'est ainsi que l'action est déterminée, sinon toujours, du moins de plus en plus, par le jeu des caractères; dansTartuffe, par exemple, tout s'explique par la sottise d'Orgon, l'hypocrisie de Tartuffe, le bon sens d'Elmire, etc.

Ilfaut attendre la dernière scène pour trouver un événement qui soit étranger à l'action psychologique.

Plussimplement, dans la scène du sonnet, si Oronte était moins vaniteux ou Alceste moins intransigeant, il n'y aurait riende comique; on a lieu de rire parce que les deux personnages s'obstinent à prendre au sérieux ce qui n'en vaut pasla peine. Telle est l'importance des caractères dans l'action, que l'intrigue ne joue pas grand rôle chez Molière.

Sauf dans unefarce à l'italienne, comme les Fourberies, son importance n'a fait que décroître au cours de l'œuvre.

Dans L'Ecole desFemmes, il y a encore un comique d'intrigue fort bien monté ; Tartuffe est construit selon une progression aussirigoureuse que celle d'une tragédie; mais dès Le Misanthrope, l'intrigue perd son unité et la comédie tend à êtresurtout une revue de caractères comiques ; Les Fâcheux, Le Misanthrope lui-même, et surtout le premier acte duBourgeois sont très significatifs sur ce point.

Molière finit par se contenter d'une intrigue bonne à tout faire : desparents, pour satisfaire leur manie, veulent marier leur enfant de force; la coalition des amoureux, du raisonneur etde la servante, grâce à un quelconque procédé de farce, fait échouer cette tentative; le comique se trouve moinsdans les événements que dans le caractère des parents ridicules. Il est difficile, sans doute, de porter un jugement très précis sur l'ensemble d'une œuvre si diverse, écrite souventtrès vite et pour des publics fort différents, de la Cour au peuple parisien; d'autant plus que Molière ne pouvaitguère être aidé par l'expérience de ses devanciers; il a créé de toutes pièces la comédie classique.

On peut dumoins dégager cette idée générale : la comédie classique joue très peu sur le comique d'intrigue; elle utilise lesprocédés de la farce, mais surtout à titre de moyens; elle se soucie avant tout de souligner les ridicules d'uncaractère excessif en le confrontant avec les mœurs contemporaines; elle est une leçon de vérité humaine et debon sens ; tout ce qui détourne l'attention de ce double objet en est éliminé. L'œuvre de Molière se présente donc comme une vaste revue de caractères ridicules; et ce qui la rend impérissable,c'est d'abord la vérité et la profondeur de ces caractères qui ont la portée de types éternels; c'est aussi leur forcecomique. Ces caractères sont vrais parce qu'ils manifestent un ensemble de désirs qui, au moins à l'état latent, vivent enchacun de nous.

La politesse sans doute, avec toutes les contraintes morales et sociales nous amènent à contenirces besoins et à les refouler, mais quel mari ne sent en lui, au moins par moment, la tentation de se conduire commeArnolphe? Est-il un seul être instruit qui n'ait jamais été un peu Philaminte ? Et qui peut se flatter de n'avoir jamaiscédé au snobisme des manières, ou à la vanité du Bourgeois gentilhomme? Les personnages de Molière neprésentent pas de ces extravagances peu vraisemblables, et évidemment imaginées par l'auteur pour obtenir lecomique d'évasion, comme Le Menteur de Corneille; ils incarnent nos travers les plus constants; ils sont même plusvrais que nature, parce que ces travers, en eux, ne sont contrariés par aucun des éléments qui les masquent ou lesatténuent chez les individus réels.

(Nous retrouvons ici l'esthétique du dépouillement qui semble bien être la marqueessentielle de l'esprit classique.) Et ces caractères sont profonds, parce que leurs divers aspects sont remarquablement cohérents.

Du ridiculemanifeste, on peut remonter à un travers moins visible qui l'explique.

Ces caractères sont complexes, quelquefoiscontradictoires en apparence; mais à l'analyse, on voit que tout procède d'un vice d'esprit, fondamental et unique. Enfin ces caractères sont comiques.

La manie, évidemment, par les excès qu'elle implique, fait un contraste amusantavec le public, incarnation de l'humanité moyenne ; elle amène d'autre part à un automatisme mental, qui, dansl'homme, suggère le pantin.

Mais ce n'est pas tout; Molière, en effet, n'a utilisé qu'au début de sa vie ou dans sesfarces des personnages évidemment inférieurs à l'humanité moyenne par leur poltronnerie ou leur sottise commeSganarelle ou Sosie.

Dans ses grandes pièces d'un comique plus élaboré, il joue sur les aspects essentiels de lavanité, de la prétention humaine à s'élever au-dessus de ses semblables; c'est par sa prétention que le personnageest ridicule, et, s'il est inférieur, c'est moins à la moyenne des hommes, qu'à l'image qu'il veut donner de lui-même.

Ilarrive sans doute que Molière mette en scène une passion généralement condamnée comme l'avarice, ouspontanément ridicule comme l'obsession d'Argan.

Mais souvent aussi, il nous montre ce qu'il peut y avoir de vanité,de sottise, d'égoïsme, dans les attitudes les plus révérées : l'amour et la vertu (Alceste), la foi (Orgon), le désird'être savant (Philaminte). Ce comique est mâle, c'est-à-dire vigoureux et courageux, parce qu'il n'a pas craint de soumettre à l'épreuve duridicule les plus imposantes idoles. Nous allons vérifier la vérité profonde et la vertu comique de Molière sur le personnage d'Alceste. Alceste est d'abord un atrabilaire, il aime à contredire, à blâmer, à rager; impulsif et têtu il ne démord jamais de sonopinion.

Il se méfie de la mode en littérature, dans les manières et dans le vêtement; il prise la nature et surtout le. »

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