Péguy poète

« et sa Chanson du Roi Dagobert ( 1903), est venue favoriser un désir toujours plus vif de confession.

Les Quatrains, publiés après sa mort, n'en sont pas la seule expression.

Lisons un peu la fameuse «Présentation de la Beauce à Notre Dame de Chartres» (La Tapisserie de Notre-Dame) : Nous sommes nés au bord de votre Beauce plate Et nous avons connu dès nos premiers regrets Ce que peut recéler de désespoirs secrets Un soleil qui descend dans un ciel écarlate Et qui se couche au ras d'un sol inévitable Dur comme une justice, égal comme une barre, Juste comme une loi, fermé comme une mare, Ouvert comme un beau socle et plan comme une table.

Quand nous aurons joué nos derniers personnages, Quand nous aurons posé la cape et le manteau, Quand nous aurons jeté le masque et le couteau, Veuillez vous rappeler nos longs pèlerinages.

et contentons-nous de relever encore ici, parmi les « Cinq Prières dans la Cathédrale de Chartres» (ibid.) : Voici le lieu du monde où tout devient enfant, Et surtout ce vieil homme avec sa barbe grise •.

Et ses cheveux mêlés au souffle de la bise, Et son regard modeste et jadis triomphant.

Un réalisme classique à visée ((politique>> «L'art n'est rien s'il n'est point une étreinte ajustée de quelque réalité» (Les Suppliants parallèles).

Péguy poète, pour réaliser la patiente éversion des consciences nécessaires à la véritable révolution, s'emploie à saisir la réalité, la réalité commune et pourtant si mystérieuse, si complexe, si fuyante, par le moyen de l'écriture.

Justice, chez lui comme chez Platon, implique justesse, et les Cahiers, comme les Universités populaires dans leur projet, sont une école de formation du goût préparant à l'entrée dans ta cité socialiste.

Ennemi déclaré du romantisme et se proclamant sans cesse classique, Péguy, jusque dans la liberté qu'il affiche vis-à-vis. »