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PREMIER ROMANTISME, CONSCIENCE MODERNE ET SOCIETE MARCHANDE

Publié le 30/03/2012

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1. De Voltaire à Voltaire en passant par Rousseau 

Longtemps, dans l'optique théologique et féodale, mais aussi dans l'optique infra ou para-populaire, telle que la reprenait la littérature, le marchand avait été le suspect, le paria. Qu'il fût de Venise ou d'ailleurs, qu'il fût juif ou non (mais on le faisait plutôt juif, et parce que cela correspondait à une réalité fréquente, et parce que c'était un moyen de l'isoler et d'en épurer la conscience et la réalité commune), il était le mal ou la chose nécessaire, mais jamais rien de plus ; on le brûlait, on le rançonnait à l'occasion, mais qui donc voyait là autre chose qu'asepsie, gorge rendue ou purification nécessaire ? Au début du 18e siècle, portés par les révolutions hollandaises et anglaises, par le développement des échanges, des thèmes nouveaux étaient apparus : ceux du marchand, pionnier (au sens matériel comme au sens moral) d'une société qu'il annonçait et dont il préfigurait éthique et structures : la lettre de change sous-tendait un nouvel humanisme (échange, universalité, paix qui leur était nécessaire, respect de la parole donnée, naissance d'un état d'esprit supranational, etc.)...

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« comme fixé la figure du marchand, figure de proue d'un monde désormais libéré, aussi bien des parti­ cularismes que des saccageurs de province et autres héros.

Alors que les courtisans savent à quelle heure le roi se lève, le marchand travaille au bonheur et à l'unification du genre humain.

Plus tard, Beau­ marchais (Les Deux Amis), Sedaine (Le Philosophe sans le savoir), avaient, à leur tour, exalté le cheva­ lier des temps nouveaux, et cette tradition se pro­ longe jusque dans le Birotteau et dans le Popinot de Balzac.

Commerce égale sagesse et savoir.

Rousseau, le premier, aussi bien dans le registre philo­ sophique (Discours) que poétique et littéraire (Nouvelle Héloïse, Confessions, Rêveries), avait notifié son refus et formulé un diagnostic résolument moderne, en ce sens qu'il ne se plaçait plus dans la seule perspective des rap­ ports aristocratie- Tiers Etat, mais bien, déjà, dans la perspective des rapports classes possédantes-classes non possédantes.

Rousseau avait notifié, à la " société civile "• fondée sur le luxe et sur l'inégalité (l'inégalité due non seulement à la naissance mais à l'argent) le refus de l'individu condamné, pour l'instant, à chercher refuge dans le paradoxe, dans le rêve ou sous les ombrages.

Rousseau allait loin, ne mettant plus en cause seulement les cour­ tisans, mais tous les bénéficiaires d'une civilisation fon­ dée sur de pseudo-échanges et de pseudo-contrats entre contractants inégaux.

C'était bien là, au plan théorique, devancer les temps.

En tout cas, commencer à prendre conscience et à dire.

Mais Voltaire, lui-même, dans Candide, n'avait-il pas entrepris une révision déchirante de ses Lettres anglaises, de son Mondain, et surtout de son Zadig, qui, sous une couleur orientale, avait exprimé l'optimisme d'une société qu'il suffisait de retirer aux mages, aux courtisans et aux militaires, pour qu'elle devint le royaume des philosophes? La société fondée sur l'échange, sur le profit, sur la conquête des marchés, était durement mise en question dans ce conte : Hollande, Amérique coloniale, Angleterre, Paris.

La société marchande apparaissait à son tour corn-. »

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