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Présentation générale d' «Une partie de campagne»

Publié le 02/08/2014

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I I - LA PLACE DANS LE RECUEIL LA MAISON TELLIER

« Une partie de campagne « parait d'abord en préoriginale les 2 et 9 avril 1881 dans La Vie moderne, revue fondée en 1879 par Emile Bergerat. Ensuite, dans les deux éditions de 1881 et 1891, la nouvelle s'insère dans le recueil intitulé La Mai¬son Tellier. Elle s'inspire de l'expérience personnelle que Maupassant pouvait avoir eue du canotage, car il y prenait un très grand plaisir. L'action d'« Une partie de campagne « raconte la sortie dominicale d'une famille de quincailliers sur les bords de la Seine. À la faveur d'une promenade au bord de l'eau, l'héroïne se laisse séduire par un jeune canotier car le cadre idyllique et le renouveau du prin¬temps l'incitent à l'exaltation des sens. Elle regrettera toute sa vie ce très court instant de bonheur. Maupassant ne porte pas de jugement sur cette jeune fille. Il se contente de montrer comment la sensualité peut révéler un être à lui-même, alors que ses principes moraux lui interdisent de suivre les impulsions de l'instinct. La nouvelle symbolise le point de vue, plus général, d'un auteur qui, dans toute son oeuvre, souligne la contradiction entre les principes de plaisir et de réalité.

« d'une manière originale, qui témoigne d'une vision du monde exprimée au travers d'une esthétique.

Dans ce récit, en effet, la tenancière d'un bordel se rend à la com­ munion de sa nièce : la conjonction de ces deux univers a priori antithétiques ne résulte pas d'une simple volonté d'exploiter un sujet scabreux destiné à réjouir des lecteurs égrillards.

Elle témoigne de l'érosion délibérée que l'auteur fait subir aux différentes catégories éthiques en vigueur en un temps où perdure un confor­ misme moral.

Pour Maupassant, il existe une réalité, primitive, presque ar­ chaïque et échappant aux catégories éthiques, qui sïmpose comme telle aux Nor­ mands mis en scène dans ses récits.

et qui exclut tout parti-pris moralisateur.

La vision du monde de l'auteur évacue, en quelque sorte, les préjugés contemporains pour exploiter une perception du monde naturelle.

Dans nombre de ses nou­ velles, en effet, Maupassant exprime sa nostalgie d'une époque révolue, celle où les hommes et les fcm1nes d' Ancien Régime vivaient leurs pulsions sans se soucier d'entrer dans un ordre étranger aux lois du désir.

Il remet en question l'étroitesse d'esprit dont témoignent ses contemporains petits-bourgeois.

En outre, dans ses contes paysans, comme,, Histoire d'une fille de ferme», quatrième texte de La Maison Tellier, Maupassant évoque la force du flux vital qui entraîne les campa­ gnards à céder à leurs pulsions, même si les conséquences d'une union coupable peuvent s'avérer difficiles à assumer, com1ne en témoigne également" Le Papa de Simon».

Ainsi, une conclusion s'impose à l'évidence: les représentations sociales moralisantes contribuent au malheur de l'homme, contraint de brimer ses désirs profonds.

Elles viennent, en effet, compliquer les relations naturelles, déjà tendues par une cruauté native, propre à tous les êtres vivants.

Dans l'imaginaire de Maupassant,« le taureau triste» scion Taine, coexistent deux représentations de l'amour : la relation pure1nenl sexuelle exige une forme de satisfaction hygiénique; l'exigence passionnelle conduit les individus à la mort, le plus souvent par suicide, comme en témoigne« La Femme de Paul)), dernier texte de La Maison Tellier.

Rares sont les cas où l'aventure se solde par un dénouement heureux co1nme dans« Le Papa de Simon».

Située entre cette dernière nouvelle et « Au printemp::.

», « Une panic de can1pagne )>traite l'appel du désir co1nn1e l'ir­ ruption d'un désordre légitime, alors que le mariage i1npose une loi formelle ignorant la complexité des individus.

Ce texte suit la progression inverse du« Papa de Simon » où la faute précède une union enfin heureuse avec un hom1ne viril et protecteur.

En outre, fait significatif, dans « Une partie de campagne )>, nul ne vient, à l'intérieur du récit.

fournir la leçon de l'histoire; à l'inverse, dans« Au printemps ».un narrateur-acteur raconte son aventure personnelle et met en garde un autre personnage contre les pulsions du désir.

«Une partie de campagne» four­ nit un double contrepoint aux nouvelles précédente et suivante: évoquant une pre­ mière expérience sexuelle, elle légîli1ne la satisfaclion d'un désir illuminant une existence vouée au conformisme social, celle de la mal~mariée.

La nouvelle s'op­ pose au« Papa de Sirnon »où la constitution de la famille s'impose comme néces­ saire à l'épanouissement de chacun.

Elle conduit à idéaliser le souvenir d'une journée de printe1nps idyllique.

À l'inverse, « Au printemps )) exploite les consé­ quences désastreuses d'une union inspirée par l'affolement d'une passion.

Les références donnée~ dans cette étude renvoient d ·abord à l'édition de La Maison Tellier dans Le Livre de Poche, 1994, puis à celle d' « Une partie de campagne )) en Garnier Flam1narion, 1980.

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