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Prière À Dieu - Voltaire

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

 

Introduction 

Le Traité sur la Tolérance est écrit à l’occasion de l’affaire Calas (1761/1762). Ce texte prend la forme d’une supplication adressée à une divinité créatrice non représentative d’une relegion particulière.

La prière contient un exposé négatif de la condition humaine : faiblesse, conflits et exclusion. Comment et pourquoi Voltaire dépasse-t-il la prière à Dieu pour s’adresser à tous les hommes ?

Ce texte est d’abord une prière à Dieu donnant une certaine image de la condition humaine dans la diversité qu’il faut dépasser. 

I – Le texte (= la forme de la prière)

A – L’interpellation adressée à Dieu

A la ligne 1, le nom Dieu est mis en majuscule et en apostrophe. On retrouve aussi des pronoms de la deuxième personne du singulier tels que «  à toi, tu, te « 

Il y a une interpellation régulière de l’interlocuteur.

B – L’expression de grandeur

A la ligne 2, «  tous les êtres, tous les mondes et tous les temps «  Cela exprime l’universalité.

A la ligne 3, présence d’une antithèse, «  faibles créatures perdues dans l’immensité et imperceptibles au reste de l’univers «  Il y a ici une image habituelle de la disproportion.

Les trois verbes «  te célébrer, t’aimer, t’adorer « sont conformes à la situation d’une prière.

C – L’expression de la demande, de la supplication

L’emploi d’impératifs  «  Daigne regarder « à la ligne 6 et «  fais que « à la ligne 9

« fais que « est suivi d’une série de subordonnées aux lignes 10-15-17-19-22-23. Les demandes sont nombreuses / multiples. Ce sont des souhaits extrêmement difficiles à réaliser. Par exemple à la ligne 9, Voltaire souhaite une solidarité entre les hommes. C’est un souhaite difficile à engager du fait qu’il soit dans une société inégalitaire et cloisonnée en trois ordres (clergé, tiers-états, noblesse)

De la ligne 10 à 15 on retrouve le tableau de la misère de la condition humaine avec les adjectifs « intéressants, ridicules et imparfaits «. C’est ici un tableau dévalorisant.

D- Un ton solennel et incantatoire

C’est un texte avec des énumérations, des anaphores, des hyperboles, des verbes à l’impératif et des antithèses.

La longueur des phrases est rythmée par la conjonction de subordination « que «. Ce sont des procédés de l’éloquence pour donner du rythme, pour persuader et démontrer.

La prière s’adresse à Dieu mais aussi aux hommes en leur montrant une image d’eux-mêmes. 

II – Une image de la condition humaine

A – Faiblesse

Elle apparait dans le lexique de la « fragilité avec faibles créatures « à la ligne 3, « une vie pénible et passagère « à la ligne 10, « nos débiles corps « à la ligne 11. Ceci est complété par un certain nombre de défauts. A la ligne 12 le «  langage insuffisant «.  On retrouve à la ligne 16 «  les atomes appelés hommes «

Les deux périphrases de la ligne 25/26 sont là pour dénoncer la vanité des richesses.

B – La diversité

Elle apparait dans les pluriels.

A partir de la ligne 17, l’énumération de différentes pratiques religieuses est mis en relief par l’anaphore «  que ceux qui «. Cette énumération sert à rappeler que la diversité caractérise les hommes, qu’il faut l’accepter. Elle ne doit pas être source de violence. (Voir aux lignes 6 et suivantes)

Voltaire dresse un tableau sombre de la condition humaine. Ne s’adresse-t-il pas aux hommes pour cela ou a-t-il un autre objectif ?

III – Les enjeux de la prière

A- Un manifeste déiste

Voltaire d’adresse à une divinité unique, universelle et indéterminée avec des caractérisations conventionnelles (telles que la puissance, l’autorité, la compréhension, la connaissance, la pitié...)

On retrouve de la ligne 17 à 25 des subordonnées insistant que la diversité des rites et des croyances.

B – Un appel à la prise de conscience

Par la reprise, Voltaire attire l’attention de la diversité qui ne doit pas être une source de violence et d’intolérance. Il invite les hommes à accepter la diversité voire à envisager un dialogue direct avec Dieu, comme il le fait lui-même. 

Conclusion

Ce texte, à la fin du traité sur la tolérance, est une mise en cause de l’intolérance religieuse mais non un rejet systématique de la croyance. Le choix de la forme de la prière en témoigne. On peut lire un double appel d’abord à Dieu, ensuite aux hommes. Ce double appel permet d’exprimer le pessimisme devant la condition humaine, la nécessité de dépasser les diversités religieuses en proposant un manifeste déiste. Enfin ce texte est efficace, il fait appel simultanément aux sentiments, à l’imagination et au raisonnement. En cela il se rapproche d’autres textes du même auteur.

 

« Les hommes quant à eux ne semblent être définis que par les « misères », métaphysiques, sans aucunremède : A) Beaucoup imperfections qui les projètent loin de la toute puissance du seigneur.

On note « erreurs attachéesà notre nature », puis « erreur » de nouveau.

La créature humaine semble n'être que définie par l'infirmité etl'imperfection (« ignorant », « calamités »). B) Ils sont « infinis de petitesse », ce qui s'oppose à l'universalité du Dieu. C) Ils sont mortels, « éphémères », opposé à l'éternité du Dieu. D) Et enfin, les misères morales, sur lesquelles il est possible de s'améliorer, telles la méchanceté des hommes, lahaine, ce qui contraste bien évidemment avec la bonté du Dieu. Bientôt Voltaire introduit une nouvelle idée, celle de l'entraide, par un pléonasme : « aidionsmutuellement ».

Dès lors, le texte prend la forme d'une prière, avec la formule de la demande « fais que… ».

Voltaireexprime le fait que l'homme est bien l'être le plus faible de la création. Puis il met en lumière les différents langage humains, sources de discorde et de division, et met l'accenttout à la fois sur l'insuffisance des langages : pour les philosophe, il n'existe pas de pensée qui ne s'intègre dans lesmots, ce qui fait de la langue un outil peu adapté à une véritable vie intellectuelle, et très limitatif.

D'ailleurs, on voitqu'un peu plus loin, le français n'est que « jargon », une langue purement insuffisante. Puis par « opinions insensées », Voltaire exprime le fait que nos pensées n'ont aucune sens : il s'agit de lapire insuffisance de l'homme.

Il constate qu'il n'y a rien de parfait dans nos sociétés, rien qui ne soit fait selon laraison humaine, et qu'il est bien pénible de se rendre compte de l'irrelativité des ordres établis.

Nous sommes touségaux dans la médiocrité (« si égales devant toi »).

Voltaire parle d' « atomes », mais la notion de petitesse est déjàinstallée.

On note une répétition de l'adjectif « petites ». La suite du texte est basée sur de nombreuses antithèses.

Les habits de religion blancs/noirs, lumière dusoleil/cierges, aimer/détester.

Il y a critique des rites multiples qui sont source de conflits entre les hommes : "...lumière ...", "...

leur robe ...

manteau ....", différence de vêtements, de langues.

Toutes ces différences sontsusceptibles d'engendrer la haine entre les hommes.

L'idée de division et d'intolérance entre les hommes est mise enrelief par la structure des phrases : "ceux qui ....

ceux qui ...", "haïr" renvoient à l'intolérance ainsi que "haine etpersécution", "supportent" et "ne détestent pas".

Selon Voltaire, ces différences de rites sont insignifiantes : "cespetites nuances" ... Il en profite aussi pour faire reproches aux grands de l'Eglise, des critiques de la hiérarchie religieuse.Voltaire reproche aux ecclésiastiques leur goût pour l'argent, la fortune et le pouvoir.

Il utilise des périphrases pourdésigner cette hiérarchie ecclésiastique qui sont une manière de la refuser : "ceux dont l'habit est teint en violet"(évêques), "ceux dont l'habit est teint en rouge" (cardinaux), "quelques fragments arrondis d'un certain métal" (or),"un jargon formé d'une ancienne langue" (latin).

Ces périphrases de plus, dévalorisent ce dont il est question :"jargon", "petit tas de la boue".

En insistant sur le binaire « grandeur et richesse », Voltaire désigne ce pouvoirtemporel, ce pouvoir par l'argent, qu'il méprise.

Mais s'il reproche à l'Eglise son orgueil, sa puissance, son envie detoujours plus de richesse, il n'épargne pas les plus pauvres, qui selon Voltaire ne vivent leur différence que sur lemode de l'envie et de la jalousie. Enfin dans le dernier paragraphe, il va, par élargissement déboucher sur un idéal de fraternité, même s'il ne. »

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