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Principaux thèmes dans Paroles de Prévert

Publié le 23/01/2020

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religion, imagine aussi de développer, en l’appliquant à un assassiné, l’idée contenue dans la phrase si souvent entendue à propos d’un défunt, qu’il a « l’air heureux » : il le montre donc « baignant dans son sang (...) très calme » et il commente : « Ça fait plaisir à voir. »

Si Prévert ne se révolte pas contre la mort, c’est sans aucune complaisance qu’il en accepte la nécessité. Il est triste de mourir et Prévert ne partage pas, tout en l’admirant, le rire « des garçons et des filles » qui en Espagne « se préparaient à mourir » (C.A.): on le sent beaucoup plus proche de la victime d'Événements ou de l’oiseau de la jeunesse de La crosse en l'air auxquels il fait dire presque la rnêm’e chose, mais avec une discrétion seulement spirituelle dans le premier cas : « C’est embêtant d’être mort/on est tout froid », et vraiment émouvante dans le second : « Ça m’embêterait de mourir / j’ai un tas de choses à dire/ et puis j’ai envie de rire... j’ai envie de chanter... »

La mort est obsédante malgré tout puisqu’on y rêve (cf. Cet amour) et, l’art mis à part, qui est susceptible de vaincre la mort (cf. Osiris...), seul l’amour est capable de faire fuir les « rats de la mort » (L.M.P.).

• Enfance et école

Si la toute petite enfance est une époque heureuse dans Paroles (cf. Fête foraine) comme dans la vie de Prévert, l’enfance doit affronter la dure épreuve de l’éducation.

Dans les Souvenirs de famille elle a le visage d’un prêtre peu scrupuleux dont il nous est dit avant tout qu’il « mangeait ». Quant au professeur de la Page d'écriture^ il semble imperméable à la poésie et plutôt désagréable.

Le résultat de l’éducation, c’est une culture qui paraît bien être ce qui reste quand on a tout oublié, selon une formule célèbre, si l’on en juge par le fatras entassé dans un savoureux paragraphe des S.F. (p. 29) où l’on trouve pêle-mêle des notions de catéchisme, d’histoire, de littérature et de mathématiques, plus ou moins bien assimilées.

La culture sera pour Prévert une excellente source de comique, d’autant plus qu’elle se complaira dans l’à-peu-près et le lapsus volontaire. Cette forme d’invention verbale méritera qu’on y revienne, de même que l’attitude de Prévert

- rouge du diable (Écritures saintes)

- rouge du sang (T.D.D., La lessive. Chanson de Loiseleur, Épiphanie où il contraste de nouveau avec le blanc ainsi que dans Premier jour, Complainte de Vincent)

- « rouille de la vie rouille des corps » aboutissant au noir du sang coagulé (Chanson dans le sang)

- rouge du soleil (Immense et rouge, Le temps perdu)

- rouge métaphorique (LM.P,),

En définitive, on peut se demander .si les multiples valeurs du rouge ne proviennent pas d’une ambivalence essentielle qui consisterait en la possibilité de son association aussi bien avec la naissance qu’avec la mort.

LES AGES DE LA VIE

• La naissance et la mort

Il peut paraître paradoxal d’associer deux thèmes aussi contradictoires mais il se trouve que dans deux poèmes de Paroles, Premier jour surtout et Le contrôleur, ils sont étroitement liés et que, chaque fois que la naissance est évoquée (Chanson dans le sang, Complainte de Vincent), elle s’accompagne de sang et de douleur. Certes, la réalité de l’accouchement, avant les techniques modernes, justifie un tel rapprochement mais il pourrait bien y avoir aussi à son origine un souvenir précis de la petite enfance \\

A vrai dire, la mort ne constitue pas pour Prévert un thème de méditation ni même une source d’angoisse. Elle fait partie inéluctablement de notre condition et à ce titre elle a sa place et une place considérable dans son univers, mais il lui refuse toute signification.

Aussi la mort se manifeste-t-elle souvent dans Paroles comme dans toute son œuvre de façon brutale et absurde, privée du cortège d’attendrissement ou de solennité habituels; « l’émotion, la chaleur, les mouches » suffisent à faire tomber la petite fille de T.D.Q. « le visage dans les fleurs, les dents serrées comme un sécateur »; la comparaison, volontairement dépourvue de toute sentimentalité et confinant au saugrenu, ne fait qu’ajouter peut-être une note d’humour noir à l’indifférence évidente du narrateur. Il en

1. Cf. l’évocation de la naissance de son frère Pierre dans les Mémoires.

du souci). On en arrive à la grisaille désespérante d’un paysage qu’il faudra changer, « le paysage figé entre le petit jour et la nuit » que traversent les travailleurs « à moitié réveillés à moitié endormis », le paysage qui. « s’effondre dans la guerre » mais « recommence une fois la guerre finie » (p. 91-92). Et Prévert évoque « l’effort humain » qui « sans.arrêt (...) tourne en rond / dans un univers hostile / poussiéreux et bas de plafond » (p. 97) ou le « petit tour » dérisoire qui est accordé aux hommes :

« Un petit tour on vous l’a dit

Un petit tour du monde

Un petit tour dans le monde

Un petit tour et on s’en va » (Le contrôleur).

A cette agitation absurde et sans espoir, certains hommes opposent au contraire une attitude passive, par exemple les chômeurs « du matin au soir assis sur le trottoir » attendant « que ça change » (Événements). iMais cette immobilité est dangereuse car « le désespoir est assis sur un banc » comme en avertit le titre d’un poème et le risque est grand de rester « figé », comme celle qui attend « le vainqueur » (Le bouquet).

L’attente doit déboucher sur autre chose, et ce « nouveau » que les enfants guettent chaque matin dans S.F., ne serait-ce pas pour le jeune Jacques Prévert « les yeux d’une petite fille » au’il va regarder pour la première fois?

• L'amour

L’amour est ce qui va rompre la monotonie des jours, combler-l’attente, passive aussi de Dans ma maison; il sera le point fixe mais toujours renouvelé dans le mouvement ininterrompu de l’existence :

« Nous pouvons tous les deux

Aller et revenir

Nous pouvons oublier

Et puis nous rendormir

Nous réveiller souffrir vieillir

Nous endormir encore

Rêver à la mort

Nous éveiller sourire et rire (...)

Notre amour reste là » (p. 140)

« ·- rouge du diable (Écritures saintes) -rouge du sang (T .D.D., La lessive, Chanson de l'cfiseleur, Épiphanie où il contraste de nouveau avec le blanc ainsi que dans Premier jour, Complainte de Vincent) -« rouille de la vie rouille des corps » aboutissa.nt au noir du sang coagulé (Chanson dans le sang) · -rouge du soleil (Immense et rouge, Le temps perdu) -rouge métaphorique (L.M.P.).

En défin itive, on peut se demander .si les multiples valeurs du rouge ne proviennent pas d'une ambivalence essentielle qui ·consisterait en la poss ibili té de son association aussi bien avec la naissance qu'avec la mort.

LES AGES DE LA VIE • La naissance et la mort Il peut paraître paradoxal d'associer deux thèmes aussi contradictoires mais il se trouve que dans deux poèmes de Paroles, Premier jour surtout et Le contrôleur, ils sont étroi­ tement liés et que, chaque fois que la naissance est évoquée (Chanson dans le sang, Complainte de Vincent), elle s'accom­ pagne de sang et de douleur.

Certes, la réalité de l'accou­ chement, avant les techniques modernes, justifie un tel rapprochement mais il pourrait bien y avoir aussi à son ori­ gine un souvenir précis de la petite enfance 1• A vrai dire, la mon ne constitue pas pour Prévert un thème de méditation ni même une source d'a ngoisse.

Elle fait partie inéluctablement de notr e condition et à ce titre elle a sa place et une place considérable dans son univers, mais il lui refuse toute signification.

Aussi la mort se manifeste-t-elle souvent dans Paroles comme dans toute son œuvre de façon brutale et absurde, privée du cortège d'attendrissement ou de solennité habi­ tuels; "l'émotion, la chaleur, les mouches " suffisent à faire tomber la petite fille de T.D.D.

« le visage dans les fleurs, les dents serrées comme un sécateur »; la comparaison, volontairement dépourvue de toute sent imen talité et confi­ nant au saugrenu, ne fait qu 'ajo uter peut-être une note d'humour noir à l'indifférence évidente du narrateur.

Il en 1.

Cf.

l'évocalion de Io na.issance de son frère Pierre dans les MJmni•es.. »

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