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PRUDENCE

Publié le 24/04/2012

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Le Contre Symmaque est, contre le paganisme, un pamphlet dont la vigueur et la verve font parfois penser aux Satires de Juvénal. Le sénateur Symmaque, orateur de grande réputation, avait présenté à l'empereur Valentinien II une pétition des sénateurs païens demandant le rétablissement, dans la salle de délibérations du Sénat, de l'autel de la déesse de la Victoire, qui avait été enlevé l'année précédente sur l'ordre de l'empereur Gratien. En lui répondant, Prudence expose les arguments classiques des apologistes chrétiens contre la mythologie païenne....

« poète nous montre d'abord la neige formant un linceul immaculé au cadavre de la jeune vierge Eulalie abandonné sur le forum après son martyre, puis les couleurs chatoyantes du plafond doré et du sol en mosaïques bigarrées qui ornent l'église magnifique où reposent maintenant ses reliques.

Il faut reconnaître toutefois que, malgré son talent, Prudence n'a pas tiré de ce beau sujet l'œuvre admirable qu'on pouvait attendre.

Ses héros manquent trop souvent d'humanité.

Uniformément insensibles à la douleur, hautains envers les juges, ils tiennent des discours trop longs et trop éloquents pour être vraisemblables.

La Passion de saint Romain, en onze cent quarante vers, dont six cent quarante-cinq sont mis dans la bouche du martyr lui-même, est caractéristique à cet égard.

Cependant, lorsque le poète a su condenser son récit en une centaine de vers, comme c'est le cas pour les passions de saint Quirin, de saint Cassien, de saint Cyprien, de sainte Agnès, il fait naître chez le lecteur l'émotion, la pitié et l'admiration.

DEPUIS le De Natura Rerum de Lucrèce et les Géorgiques de Virgile, la poésie didactique était en honneur.

Dans l' Apothéosis, Prudence réfute diverses hérésies sur la nature de Dieu; dans l' Hamar­ tigénie, il expose l'origine du mal dans le monde : le mal est la conséquence néfaste de cet inesti­ mable bienfait de Dieu qu'est la liberté humaine.

Le poète entremêle ses développements théolo­ giques d'épisodes qui reposent le lecteur, comme le récit d'un sacrifice païen offert par l'empereur Julien et troublé par le signe de croix d'un soldat chrétien, ou celui de la fuite de Loth s'éloignant avec sa famille de Sodome en flammes.

Le Contre Symmaque est, contre le paganisme, un pamphlet dont la vigueur et la verve font parfois penser aux Satires de Juvénal.

Le sénateur Symmaque, orateur de grande réputation, avait présenté à l'empereur Valentinien II une pétition des sénateurs païens demandant le réta­ blissement, dans la salle de délibérations du Sénat, de l'autel de la déesse de la Victoire, qui avait été enlevé l'année précédente sur l'ordre de l'empereur Gratien.

En lui répondant, Prudence expose les arguments classiques des apologistes chrétiens contre la mythologie païenne, tissu de fables ridicules et immorales.

L'œuvre nous intéresse aussi par son accent patriotique.

C'est que Rome, menacée alors par les Barbares païens ou hérétiques, apparaissait aux Romains catholiques comme le rempart à la fois de la civilisation et de l'orthodoxie.

LA Psychomachie (Les batailles dans l'âme) est une épopée allégorique où l'on voit les Vertus et les Vices, représentés sous les traits de jeunes guerrières, se livrer des combats singuliers, non sans s'invectiver copieusement, tels les héros d'Homère.

La Foi combat et met à mort l'Idolâtrie; la Chasteté, la Luxure; la Patience, la Colère, etc.

C'était là une invention ingénieuse, et l'œuvre fut beaucoup admirée pet;J.dant tout le moyen âge, où elle contribua pour une grande part à la vogue des personnages allégoriques.

PRUDENCE, malgré son talent qui lui a permis d'écrire mainte page touchante ou agréable, ne peut pas être comparé aux grands poètes classiques de Rome.

Quelques graves défauts gâtent en effet ses réelles qualités.

Ce sont surtout, avec un certain manque de goût, la verbosité et la ten­ dance à l'improvisation, qui aboutit parfois à la négligence et à l'obscurité.

Mais la lecture de ses œuvres est intéressante parce qu'elle permet de se rendre compte de la réconciliation qui, à la fin du Ive siècle, s'était désormais opérée entre le christianisme et la culture antique.

En montrant qu'un chrétien pouvait, aussi bien qu'un païen, se révéler un poète de mérite, dans la tradition de Virgile et d'Horace, il a prouvé en somme que la nouvelle religion ne se proposait pas de détruire, mais au contraire d'utiliser et d'enrichir le trésor des lettres classiques.

On sait que la conservation du patrimoine littéraire antique a été l'œuvre des moines copistes et des écoles du moyen âge.

C'est pour une part à Prudence et à ses émules, auteurs de cette réconciliation entre la pensée romaine et la pensée chrétienne, que nous devons d'avoir été formés par l'harmonieux équilibre de la douceur mystique de l'Evangile et du bon sens positif de l'esprit latin.. »

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