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Publication et accueil de Salammbô de Flaubert

Publié le 23/11/2012

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flaubert

Ce jugement d'histoire littéraire, cela dit, ne vaut pas jugement ·de valeur. Ce «quelque chose de pourpre«, que Flaubert disait vouloir écrire, reste un texte éblouissant, un long poème épique et capiteux. En continuel porte-à-faux entre la rigueur de la reconstitution historique et les affabulations du peplum, le roman repose sur la seule force interne de sa puissance évocatoire. Le style de Salammbô tient du feu d'artifice: son extrême précision m: met jamais en lumière les détails que pour mieux les anéantir et faire imploser le fatras d'hommes, de bijoux ou d'armes qu'il feint de vouloir décrire.

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« Salammbô 1 231 genees de Flaubert se révèlent tout à fait extrava­ gantes.

Il réclame d'une part une somme de 25 à 30000 francs, c'est-à-dire bien plus que des auteurs autre­ ment plus célèbres, tels Hugo ou George Sand, ou son ami Gautier qui ne perçoit que 1 000 à 2 000 francs par volume; et il exige, d'autre part, que Lévy signe le contrat sans avoir lu l'œuvre! Cette dernière prétention semble d'ailleurs trahir moins une pudeur d'artiste qu'un formidable orgueil: Flau­ bert se montre excédé par avance des critiques qu'on pourrait lui faire d'autant plus, peut-être, qu'il est conscient de leur bien-fondé.

D'où cette insistance à ne vendre que son «nom et rien que cela», sachant qu'« on se paye de deux manières: ou par orgueil ou par argent; il faut choisir.

Mes prétentions pécuniaires sont exorbitantes.

Rabattons-en et restons fier!» On finira par se mettre d'accord sur une somme de 10000 francs, à condition que Lévy laisse courir le bruit qu'il a acheté le manuscrit pour le triple! Ultime exigence de Flaubert, moins naïve qu'il n'y paraît et tout à fait pro­ pre à susciter la curiosité du public.

L'éditeur s'engage par ailleurs à ne pas lire le texte en échange d'un droit d'exclusivité sur le prochain roman de Flaubert, à con­ dition que celui-ci soit moderne.

Ce sera L'Éducation sentimentale.

La seule concession à laquelle Flaubert se refuse absolument, ce sont les éditions illustrées.

On en com­ prend du reste fort bien les raisons esthétiques : «Une femme dessinée ressemble à une femme, voilà tout.

L'idée est dès lors fermée, complète, et toutes les phrases sont inutiles, tandis qu'une femme écrite fait rêver à mille femmes.

» Soit, mais revenant sur la question, il confie, quelques jours plus tard, à Duplan toujours, cette singulière réflexion qui nous invite à repenser l'œuvre et les criti­ ques sur son indigeste exactitude: «Ce n'était guère la peine d'employer tant d'art à laisser tout dans le vague,. »

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