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Quart Livre commentaire

Publié le 17/04/2016

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Problématique : Comment ce texte profondément comique encourage-t-il une lecture herméneutique ? 1 (= c’est quoi ce délire ?)  Situation : Après avoir visité l’île de Quaresmeprenant, symbole dans le Quart Livre de l’intégrisme religieux, les Pantagruélistes accostent sur l’île Farouche, peuplée d’andouilles, qui sont les ennemis naturelles de ce monstre. Il semblerait toutefois que les ennemis de nos ennemis ne sont toutefois pas toujours nos amis puisque la rencontre suite à un malentendu débouche sur une bataille qui conduit frère Jean à faire donner2 les cuisiniers de l’expédition. [Lecture] Introduction :  L’épisode des andouilles se déroule dans une atmosphère de victoire délirante, joyeuse et jouissive ; l’apparition surprise d’un cochon volant en est le point culminant. Mais ce monstre composite marque aussi un certain retour au sérieux. En effet, cette énigme sur pattes demande à être interprété ; or, cette interprétation ne va pas de soi, car si la créature a des aspects sympathiques en tant que principe festif et carnavalesque, c’est aussi une idole qui a quelque chose d’inquiétant.  I LE COMIQUE DU TEXTE (= C’est un délire)  1) Un monde délirant  o Un monde irreprésentable Il est difficile au lecteur de s’imaginer les andouilles. En effet, on peut comprendre les choses de trois manières (ce qui fait que les andouilles sont ici de triples andouilles) - Ce sont des créatures anthropomorphes qui s’appellent « andouilles » comme d’autres s’appellent « Français », « Italiens », etc. C’est ainsi qu’elles ont des « bras » et des « jambes » et qu’elles peuvent aller au « galop » - Ce sont de véritables andouilles, saucissons, cervelas, etc., ce qui fournit d’ailleurs à Rabelais (dans d’autres passages que le nôtre) l’occasion de jeux de mots grivois.  - Enfin, ce sont des imbéciles. Puisque les andouilles sont à la fois humaines et saucissonnes, le comique parodique se mêle d’absurde au moindre de leur geste : ainsi quand « elles se agenoillerent, levantes haut leurs mains joinctes ». Voir aussi le titre du chapitre : « comment Pantagruel rompit les andouilles aux genoulx » ; c’est un jeu de mots où l’expression imagée3 prend son sens propre. De la même manière, frère Jean donne des coups de « bedaines » : boulets creux remplis de manière inflammable, mais il y a une équivoque avec bedaine, le gros ventre. La même difficulté se pose pour le cochon volant : il est « ayant aesles longues et amples, comme sont les aesles d’un moulin à vent » : le cochon a-t-il ou non des ailes de moulin à vent ? o Un délire qui a sa cohérence Cette folie a toutefois une certaine logique : Mardigras, apprendra-t-on au chapitre suivant, est le dieu de la guerre des Andouilles ; Gymnaste le nomme d’ailleurs « Gradimars » au début de notre chapitre. Dès lors, l’apparition de la moutarde est doublement logique :  - On mange les saucisses avec de la moutarde - Il y a un rapport entre la moutarde qui monte au nez, la colère et la guerre : c’est là sans doute que le nom de l’île trouve son explication.  o Une armée de cuisiniers A cet adversaire particulier, répond une armée particulière ; c’est ainsi que les « bons soudars » (bons soldats) de frère Jean sont équipés non d’instruments de guerre, mais d’instruments de cuisine, car ils sont « soubdars culinaire » (soldats culinaires) - Certains pour faire le feu : landier, contrehastier (chenet), fourguons (tisonnier), tenailles, pales (pelles). - Certains propres à la cuisine : paelle (poêle), cocquasses,(chaudron) grisles (grils), lichefretes,(lèchefrites) marmites - Chez certains d’entre eux, on peut soupçonner une allusion sexuelle : mortiers et piston (pilon), ramons (balais) ce dernier en particulier n’a que très indirectement à voir avec la cuisine.                                                             1 Herméneutique : qui recherche un sens caché 2 ...

« longues et amples, comme sont les aesles d'un moulin à vent » : le cochon a-t-il ou non des ailes de moulin à vent ? o Un délire qui a sa cohérence Cette folie a toutefois une certaine logique : Mardigras, apprendra-t-on au chapitre suivant, est le dieu de la guerre des Andouilles ; Gymnaste le nomme d'ailleurs « Gradimars » au début de notre chapitre.

Dès lors, l'apparition de la moutarde est doublement logique :  - On mange les saucisses avec de la moutarde - Il y a un rapport entre la moutarde qui monte au nez, la colère et la guerre : c'est là sans doute que le nom de l'île trouve son explication.

 o Une armée de cuisiniers A cet adversaire particulier, répond une armée particulière ; c'est ainsi que les « bons soudars » (bons soldats) de frère Jean sont équipés non d'instruments de guerre, mais d'instruments de cuisine, car ils sont « soubdars culinaire » (soldats culinaires) - Certains pour faire le feu : landier, contrehastier (chenet), fourguons (tisonnier), tenailles, pales (pelles).

- Certains propres à la cuisine : paelle (poêle), cocquasses,(chaudron) grisles (grils), lichefretes,(lèchefrites) marmites - Chez certains d'entre eux, on peut soupçonner une allusion sexuelle : mortiers et piston (pilon), ramons (balais) ce dernier en particulier n'a que très indirectement à voir avec la cuisine.

                                                            1 Herméneutique : qui recherche un sens caché 2 Donner : vocabulaire militaire : on peut donner du canon, faire donner la cavalerie, etc.

3 Rompre les andouilles aux genoux : faire des efforts inutiles en essayant de casser des saucisses comme on le ferait d'un bout de bois. o La guerre, une joyeuse boucherie stupide.

La guerre est donc ici au sens propre une boucherie, joyeuse en l'occurrence, puisqu'on y taillade des « andouilles », « godiveaux » et « saucissons » ; l'ouverture de la « truie » géante où sont dissimulés les cuisiniers dirigés par frère Jean évoque ainsi  les banquets romains4.

La guerre est ? comme toute guerre ? stupide et absurde : les andouilles, étant des andouilles, ont attaqué la troupe de Pantagruel par erreur, le prenant pour un serviteur de Quaresmeprenant, leur ennemi commun.

 2) La parodie ou la reprise comique de formes littéraires traditionnelles  o L'épopée et le roman de chevalerie  Le texte suit un schéma récurrent dans les récits épiques: les renforts sortent par surprise, attaquent dans un grand cri, sèment la confusion dans le camp ennemi, dont la fuite prélude au massacre5 .

La « Truie » géante où sont cachés les soldats de frère Jean parodie bien sûr le cheval de Troie.

Il y d'ailleurs une certaine ressemblance phonétique.

Le mot « navrées » (= blessées) est caractéristique du roman de chevalerie.

Le narrateur semble oublier qu'il est censé être un témoin de ce qu'il raconte et adopte le style du roman médiéval : « Le conte dict que ».

Il affiche aussi une certaine. »

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