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Que pensez-vous de ce mot de Jules Lemaître : La critique est l'art de jouir des livres ?

Publié le 15/02/2012

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Cette première forme de la critique permet donc de trouver plus de jouissances dans la lecture. Mais elle est manifestement insuffisante, car chaque fois qu'il s'agit d'Oeuvres étrangères à l'idéal préconisé, elle conduit plutôt à l'incompréhension et empêche le lecteur d'apprécier comme il conviendrait le texte en question. Il faut donc se féliciter que des critiques se soient engagés dans des études d'ensemble sur les diverses écoles littéraires et sur les conditions générales de la production littéraire aux différentes époques. Un livre exprime, en effet, quelque chose de la mentalité du temps, il porte la marque du milieu social auquel l'auteur a appartenu.....

« du langage et comment avec un petit nombre de mots, il sait, à force de travail et de concentration, évoquer toute une série d'images nettes et riches en nuances.

Cette première forme de la critique permet donc de trouver plus de jouissances dans la lecture.

Mais elle est manifestement insuffisante, car chaque fois qu'il s'agit d'Œuvres étrangères à l'idéal préconisé, elle conduit plutôt à l'incompréhension et empêche le lecteur d'apprécier comme il conviendrait le texte en question.

Il faut donc se féliciter que des critiques se soient engagés dans des études d'ensemble sur les diverses écoles litté­ raires et sur les conditions générales de la production Uttéraire aux diffé­ rentes époques.

Un livre exprime, en effet, quelque chose de la mentalité du temps, il porte la marque du milieu social auquel l'auteur a appartenu.

Pour le comprendre pleinement et en jouir· il faut reconstituer en quelque sorte l'atmosphère intellectuelle et morale qui a présidé à sa naissance.

C'est .un des services que la critique rend aux lecteurs.

S'il est très utile pour bien comprendre un texte de l'envisager comme le signe d'un temps, il serait regrettable de ne voir en lui que les caractères communs aux autres.

œuvres de la.

même époque.

En effet, l'intérêt vient surtout de ce qui le distingue et constitue son originalité.

D'ailleurs le dév:e­ loppement des sciences positives a conduit les critiques à considérer la pro­ duction littéraire comme un fait dont les diverses causes peuvent être déter­ minées.

Après Sainte-Beuve et Taine on a recherché pour chaque œuvre les circonstances particulières qui ont pu exercer une influence sur le travail de composition, comme le caractère de l'auteur, son éducation, ses lectures, ses fréquentations, les divers événements auxquels il a été mêlé.

Tous ces renseignements sont loin d'être inutiles, ils permettent de sympathiser plus complètement avec l'auteur, de se rendre compte de ses préoccupations, ils éclaircissent ainsi bien des obscurités.

La pensée de Jules Lemaitre répond donc à quelque chose de réel.

L'effort du critique aboutit à accroitre la jouissance que procure la lecture d'une œuvre littéraire.

La critique dogmatique est utile en tant qu'elle permet de mieux saisir les qualités d'un texte.

Elle est insuffisante parce qu'elle peut empêcher de goûter certaines œuvres qui ont pourtant du mérite.

Tous les chefs-d'œuvre ne répondent pas à un idéal unique.

De même les recherches érudites entrent dans le domaine de la critique dans la mesure où elles font mieux comprendre et apprécier un texte littéraire.

Jules Lemaître aurait donc raison de voir dans la critique l'art de jouir des livres s'il l'entendait ainsi.

Mais alors 1~ critique est une science et ne nous avertit-il pas qu'il l'estime alors « incommode »? * ** II.

- Pourtant une réserve, ou plus exactement une mise au point, est nécessaire.

Autrement l'opinion de Jules Lemaître paraîtrait engager les critiques dans une voie assez dangereuse.

Ne les conduirait-elle pas à n'apprécier l'œuvre qu'au point de vue de leur sensibilité personnelle? Sans doute cette attitude peut n'être.

qu'une question de présentation; au lieu de développer ses idées d'une mani~re dogmatique ou savante, Jules Lemaitre préférait les donner comme étant ses impressions personnelles.

Il y a néanmoins dans cette manière de procéder une pente vers le subjecti­ visme et l'absence de méthode.

Alors qu'il s'agirait de rechercher avec impartialité les sentiments vrais de l'auteur, le critique ne risque-t-il pas de s'analyser plutôt lui-même et de se demander quelles interprétations lui. »

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