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Quel doit être un bon début de roman ?

Publié le 22/02/2012

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  Le roman est un genre littéraire aux contours mouvants, caractérisé pour l'essentiel par une narration fictionnelle plus ou moins longue, ce qui le distingue de la nouvelle (celle-ci étant traditionnellement un genre littéraire de faible durée). Le roman peut également être défini comme un ouvrage en prose, laissant une forte place à l'imaginaire. Milan Kundera le caractérise comme « forme exploratoire de la vie » en tant qu'il se rapporte aux incarnations diverses de la vie humaine au cours de l'histoire, dont il essaye de traduire, au moins formellement, la singularité.   Un début de roman est ce que l'on nomme en narratologie un incipit, à savoir les premières phrases d'une oeuvre romanesque dont le découpage dépend des nécessités de composition ou de l'étude scolaire, mais qui ne saurait excéder plusieurs pages.

« b. Par ailleurs, nous pouvons dire qu'un bon début de roman a pour caractéristique complémentaire d'informer lelecteur.

De même qu'une des règles de la scène d'exposition au théâtre consiste à donner au spectateur au plus tôtla connaissance de l'identité des personnages ainsi que de l'enjeu dramatique de la pièce, il en va de même pour leroman qui présente dans son incipit les personnages principaux ainsi que le lieu et le moment de l'action.

C'est ainsique le début de la Princesse de Clèves s'efforce de condenser la présentation du cadre spatio temporel du romanavec celle de ses principaux protagonistes : « La magnificence et la galanterie n'ont jamais paru en France avec tant d'éclat que dans les dernières annéesdu règne de Henri second.

Ce prince était galant, bien fait et amoureux.

Quoique sa passion pour Diane dePoitiers, duchesse de Valentinois, eût commencé il y avait plus de vingt ans, elle n'en était pas moins violente,et il n'en donnait pas des témoignages moins éclatants.

Comme il réussissait admirablement dans tous lesexercices du corps, il en faisait une de ses plus grandes occupations.

C'étaient tous les jours des parties dechasse et de paume, des ballets, des courses de bagues, ou de semblables divertissements ; les couleurs etles chiffres de madame de Valentinois paraissaient partout, et elle paraissait elle-même avec tous lesajustements que pouvait avoir mademoiselle de La Marck, sa petite-fille, qui était alors à marier ». II.

Un bon début de roman doit être comparable à une ouverture d'opéra a.

Donner une tonalité esthétique au roman Cependant, nous ne pouvons dire que la seule caractéristique d'un bon début de roman est de séduire le lecteur : ildoit aussi fonctionner comme une ouverture d'opéra, qui a pour rôle de condenser les principaux thèmes sinonl'histoire entière de l'œuvre dans sa première expression sur scène.

Il en va de même pour le roman qui nonseulement donne dès la première page des informations essentielles sur l'énonciation de l'œuvre, mais dont l'incipitsera d'autant plus réussi qu'il permettra de créer aussitôt la tonalité esthétique du livre.

C'est ainsi qu'un grandstylisticien comme Flaubert s'attache dans l'incipit de ses romans à créer une atmosphère, sinon une couleur, quis'avèrera la tonalité dominante de l'ensemble de l'œuvre.

L'incipit de Salammbô est à ce titre exemplaire d'un bondébut de roman puisqu'il présente avec un grand luxe de détails l'antiquité décadente qui sera le théâtre del'œuvre : « C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar » (Salammbô, 1882). Présenter les thèmes majeurs de l'œuvre b. Cependant, un bon début de roman ne doit pas uniquement s'efforcer de présenter une tonalité esthétique, maisaussi les thèmes principaux qui seront traités au cours du livre.

A ce titre, l'incipit de la Chartreuse de Parme est exemplaire puisqu'il y est question des valeurs de liberté, de bonheur et d'amour portées par l'armée impériale enItalie, valeurs qui seront précisément celles du héros, Fabrice del Dongo, qui est lui-même le fils de cette époquespirituelle. « Le 15 mai 1796, le général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venaitde passer le pont de Lodi, et d'apprendre au monde qu'après tant de siècles César et Alexandre avaient unsuccesseur.

Les miracles de bravoure et de génie dont l'Italie fut témoin en quelques mois réveillèrent unpeuple endormi ; huit jours encore avant l'arrivée des Français, les Milanais ne voyaient en eux qu'unramassis de brigands, habitués à fuir toujours devant les troupes de Sa Majesté Impériale et Royale : c'était. »

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