Quelle unité y a-t-il dans les deux parties de l'oeuvre?

« cause par ses outrages une situation désastreuse.

Dans l'autre, il la rencontre accompagnée en chemin et répare son erreur.

L'hypothèse de l'inachèvement L'hypothèse que la partie Perceval est inachevée peut s'appuyer sur l'argument du modèle bipartite.

On observe en effet souvent dans les romans de l'auteur une structure en deux parties.

Dans la première, le héros obtient tout le succès qu'il désire.

Dans la deuxième, ce succès s'avère trompeur, et le héros subit une crise qu'il doit résoudre seul en s'éloignant de la cour.

Ce modèle bipartite semble bien s'appliquer ici.

Tout le succès que désire Perce val, c'est d'être un chevalier reconnu à la cour d'Arthur.

Il l'obtient lors de sa seconde rencontre avec la cour.

Mais il subit alors une crise grave, puisqu'on dévoile aux yeux de tous son échec au Château du Graal.

Il doit donc s'éloigner de la cour pour réparer sa faute.

On peut donc comprendre autrement les effets de symétrie de la partie Perceval.

Les épisodes de la Gaste Forêt et del' ermitage seraient en fait les points de départ des deux parties distinctes, et les aventures de Beaurepaire et du Château du Graal, développées au cœur de la première partie mais inachevées, devraient trouver leur dénouement dans la seconde partie, le mariage (noces avec Blanchefleur) et le couronnement (succession du Roi Pêcheur) constituant la double consécration qui attend le héros.

Il.

La partie Gauvain : une unité de thème Une absence d'unité d'action Dans la partie Gauvain, la « conjointure » est difficile à voir : il n'y a aucune unité d'action, et il ne semble y avoir aucun enjeu essentiel.

Deux parties se distinguent nette­ ment.

Dans la première, Gauvain se rend à Escavalon pour s'y battre en duel contre Guingambrésil.

Dans la deuxième, Gauvain pénètre en pays de Galvoie pour en connaître les merveilles.

Aucun rapport n'existe entre le duel d'Escavalon et les enchantements du pays de Gal voie.

Et à la tentation de comprendre que Gauvain chercherait au pays de Gal voie la Lance qui Saigne, qu'à Escavalon il s'est engagé à chercher, le texte s'oppose de façon formelle.

Car c'est Gauvain lui-même, au moment où Gréoréas veut le dissuader de pour­ suivre sa route, qui dévoile ses motifs : «J'irai tant que je sache et voie pourquoi on n'en peut revenir.» (p.

162) L'auteur a-t-il, contrairement à son habitude, puisé au hasard dans la tra­ dition des fragments d'aventures divers, ou bien a-t-il cherché une unité que seul l'inachè­ vement de l'œuvre empêche de voir? Une unité de thème La partie Gauvain possède en fait une unité de thème.

Le problème principal est celui de l'identité.

Dans la première partie, on voit Gauvain prendre part, sollicité par la fille du seigneur de Tintagel, à un tournoi tout à fait imprévu dont il a remporté le prix, puis renon­ cer, parce qu'il a sollicité la sœur du seigneur d'Escavalon, au duel judiciaire prévu à l'ori­ gine comme le but du voyage.

Dans la deuxième partie, Gauvain rencontre toutes sortes de personnages dont le but est souvent de le réduire à néant; il rencontre aussi plusieurs femmes disparues appartenant à son lignage.

Dans cette partie tout onirique, les personnages peu­ vent apparaître, puis disparaître et reparaître sans grand ordre, comme dans un rêve.

Nulle part il n'y a d'unité d'action, et cependant partout se pose le problème de l'identité.

Chaque fois une situation évolue tant que Gauvain conserve l'anonymat, puis se renverse sitôt que son identité est révélée.. »