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Quelle unité y a-t-il entre les deux parties de l'oeuvre?

Publié le 06/08/2014

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On a parfois soutenu que les parties Perceval et Gauvain du Conte du Graal n'étaient pas du même auteur, et qu'un clerc fort peu consciencieux avait rattaché à un Perceval de Chrétien de Troyes un Gauvain sans rapport avec lui. Pourtant, il existe entre les deux par-ties une unité profonde.

I. Une poétique de l'analogie

La poétique de la « conjointure « définie par Chrétien de Troyes prévoit que toutes les parties soient unies ensemble au sein d'un tout bien cohérent. On s'attend donc à ce que les deux parties Perceval et Gauvain aient un certain rapport. De fait, l'analogie est si fréquente que la plupart des épisodes se répondent d'une partie à l'autre.

Perceval ou le Roman de Graal de Chrétien de Troyes.

« langue, craignant d'autant plus de manquer à la discrétion que tous les chevaliers de la ville se sont rassemblés dans la salle, et il lui faut une visite nocturne dans une autre sorte de lit pour comprendre enfin la sorte de courtoisie qu'on attend de lui.

Gauvain engage tout de suite la conversation, d'autant plus aise d'avoir été laissé seul en compagnie féminine, jus­ qu'à ce que l'irruption de la commune mette un terme brutal à son assaut de courtoisie.

Perceval vainc les deux ennemis du château au cours de ses deux premiers combats en règle, et les envoie auprès d'Arthur.

Gauvain, après le ridicule assaut de la commune où il se voit contraint de se défendre avec un échiquier, est épargné par ses deux principaux ennemis, qui l'envoient en quête de la Lance qui Saigne.

La comparaison des épisodes du Graal et de la Roche Canguin, ou bien des épisodes de !'Orgueilleux de la Lande et de !'Orgueilleuse de Nogres, pourrait se faire dans le même sens avec autant de détail.

Ill.

Une poétique de la variation? Chrétien de Troyes, en défendant sa poétique de la« conjointure »,suggérait qu'il existe un lien entre sens et structure.

Et pourtant la structure commune entre la partie Perceval et la partie Gauvain, toute d'analogie et de symétrie, ne permet pas vraiment de comprendre Je sens du rapport entre les deux héros, qui ne semble relever ni de l'équivalence (les deux héros sont bien égaux, mais sur deux plans très différents et d'une certaine façon complé­ mentaires), ni de l'opposition (l'un des héros est supérieur à l'autre, qui apparaît comme son négatif).

Dans les épisodes de Beaurepaire et d'Escavalon, Perceval ne sait pas bien s'y prendre avec les préceptes de la courtoisie, Gauvain Je sait peut-être un peu trop bien; Perceval rem­ porte une belle victoire, mais il la doit en grande partie à Blanchefleur, sans laquelle il n'au­ rait rien connu de !'aventure, Gauvain subit une grande humiliation, mais il n'y est pour rien, et il s'en sort du mieux qu'il peut.

Dans les épisodes du Château du Graal et du Château de la Roche Canguin, Perceval essuie un échec complet, Gauvain remporte une victoire éclatante; et cependant on sent que le succès de Perceval n'est que partie remise, on sent aussi que l'aventure du Graal a quelque chose de plus noble que l'autre.

Dans les épisodes de !'Orgueilleux de la Lande et de !'Orgueilleuse de Nogres, Perceval met bien fin à la folie de !'Orgueilleux, mais il ne fait que réparer sa propre erreur, puisque c'est par sa faute que !'Orgueilleux a infligé un tel supplice à son amie; Gauvain met fin à la folie de !'Orgueilleuse, mais il a dû subir plus d'une humiliation.

On ne peut éviter, devant une telle complexité, de se demander s'il n'y a pas là un simple jeu littéraire de réécriture et de variation, auquel l'auteur se livre avec un peu de plai­ sir, peut-être aussi avec un peu de malice.

II existe entre les deux parties du Conte du Graal un rapport en miroir, chacune étant le reflet inversé de!' autre; mais pour comprendre Je sens profond de cette composition, il faut analyser séparément l'itinéraire des deux héros.. »

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