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Qu'est-ce que le Romantisme?

Publié le 26/12/2012

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Au crépuscule du XVIIIème siècle français, la pensée rationaliste bat son plein et les libelles de philosophie gazeuses des Lumières engourdissent la scène littéraire. Après la révolution de 89, une révolution de la sensibilité et de la littérature s'impose. Il ne s'agit pas de remplacer une sensibilité par une nouvelle, mais bien au contraire, de remplacer ce rationalisme factice qui depuis longtemps ne représentait plus la prédilection commune et qui, pour utiliser l'expression de Marx, noyait la littérature dans les eaux glaciales de la Raison, par une sensibilité diffuse qui ne croit plus en un dogme qui fait mal à l'essentiel de l'homme. Cette sensibilité, c'est celle du romantisme. Un mouvement du coeur et de l'âme latent depuis plusieurs siècles, trop timide pour faire entendre sa voix dans le grand fracas du siècle, mais qui trouve à l'aube du XIXème siècle les outils nécessaires pour faire passer au plan littéraire ce qui est resté dans le secret des coeurs. Importé tout droit de l'Allemagne et de l'Angleterre, le mouvement romantique né « par effluves « sur plusieurs siècles et atteint sa maturité complète vers l'année 1820. Il s'agit ici du mouvement artistique car, la sensibilité romantique c'est-à-dire, l'épanchement du moi a toujours été une caractéristique du coeur humain. Né par effluves donc, avec la sentimentalité de certains auteurs, plus tard qualifiés de pré-romantiques, car de manière maladroite mais sincère, ils ont par moment cédé la plume à leur coeur. On peut citer à cet exemple celui qu'on considère comme le père du romantisme naissant, Jean-Jacques Rousseau dans ses Confessions, sa Nouvelle Héloïse ou ses rêveries d'un promeneur solitaire, Sénancour avec Oberman et Benjamin Constant avec Adolphe. Tous présentent des personnages correspondants au prototype du héros romantique dont les contours sont encore flous. Le romantisme arrive en France sous l'appellation de « romanticisme « dans Racine et Shakespeare de Stendhal, inspiré par les appellations anglaise et italienne. Parmi les figures d'influence étrangères, on retrouve des noms comme Shakespeare, Lord Byron, Schiller, Walter Scott, Novalis, lui-même inspiré par la philosophie kantienne et qui, dans la critique de la raison pure, défend l'idée que « la connaissance du monde est tributaire des représentations qui fondent cette connaissance. « Certains voient que le romantisme est une « conséquence normale du vieillissement d'une civilisation qui passe de la dureté à la sensibilité, qui, ayant conquis de haute lutte les droits de la raison, laisse ceux du coeur libres de s'exprimer, et, ayant subi toutes les disciplines qui l'ont fait sortir du chaos, accepte avec ravissement le désordre des passions. « L'air est à la révolution, et l'art ne pouvait qu'exiger son 14 juillet lui aussi. Les hommes ne se conformant plus à ce matérialisme rigoureux, finissent par exiger une littérature qui reflète leur penchant intimiste. D'autres comme Baudelaire développe une théorie plus originale sur l'avènement du romantisme en France en lui assignant des causes géographiques. En effet, dans Qu'est-ce que le romantisme ?, Baudelaire affirme que « Le romantisme est fils du Nord «, et puisque le Nord est constamment plongé dans le brouillard, il est coloriste, d'où l'effusion d'aspirations, de désir et de mélancolie, contrairement au Midi qu'il qualifie de naturaliste parce que n'a plus rien à désirer, car ensoleillé, et qu'il n'y a « plus rien à inventer que ce qu'on voit «. En effet, Qu'est-ce que le romantisme ? Baudelaire dans cet article du Salon de 1846, définit le romantisme comme étant « précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir. « Le romantisme est donc l'approche et la vision qu'on a du monde. Les artistes « l'ont cherché en dehors, et c'est en dedans qu'il était seulement possible de le trouver. « Cette vision du monde, cette vieille sensibilité latente n'est atteignable qu'en sondant le caractère intime des choses. Ainsi pour Baudelaire, « le romantisme est l'expression la plus récente, la plus actuelle du beau. Considérant que la beauté est la pierre ph...

« syllogisme, la modernité littéraire est une quête de romantisme pur.

Le romantisme représente donc l’incarnation la plus actuelle de la passion et du désir créateur, de l’Eros primordial.

Il est, comme l’est l’Eros socratique, l’amour de la beauté. Le romantisme, c’est principalement la liberté.

Libérer l’art du joug de la Raison et des règles impétueuses du classicisme.

Le romantisme mélange les genres littéraires, les registres et les styles, ce qui incite Schlegel à affirmer que « l’art antique repose sur une rigoureuse séparation des contraires, [que] l’art romantique aime leur étroite fusion, en amalgamant tout ce qui s’oppose, la nature et l’art, la poésie et la prose, le sérieux et le plaisant, […] le terrestre et le divin ».

Il ne s’agit donc plus d’établir cette fission factice des genres, mais de les faire fusionner pour concentrer toute la force de l’art.

On expérimente cette conciliation dans un poème comme Rolla de Musset, poème qui joint la narration à la versification, ainsi que dans le genre dramatique en donnant naissance à un tout nouveau drame : le drame romantique, dont l’essence est la pluralité des registres et des inspirations (drame bourgeois, mélodrame, tragi-comédie…).

Le drame romantique se caractérise par le fait qu’il théorise l’abandon des règles des trois unités et qu’il abolit la hiérarchie des genres.

Des pièces comme Léo Burckart, Ruy Blas ou Hernani illustrent parfaitement la révolution de l’art dramatique et la consécration du drame romantique.

D’ailleurs, ce dernier en a fait pester plus d’un conservateur, ce qui a aboutit à la fameuse Bataille d’Hernani.

« La bataille qui va s'engager à Hernani est celle des idées, celle du progrès.

C'est une lutte en commun.

Nous allons combattre cette vieille littérature crénelée, verrouillée [...] Ce siège est la lutte de l'ancien monde et du nouveau monde, nous sommes tous du monde nouveau », atteste avec virulence Victor Hugo.

C’était également ce dernier qui clama cette parole « j’ai disloqué ce grand niais d’alexandrin » et qui résume le projet des romantiques à renoncer à la symétrie de l’alexandrin, aux règles et à la bienséance classique en mettant « un bonnet rouge à ce vieux dictionnaire.

» Les romantiques s’arment contre la Raison pure d’un illogisme volontaire, d’un désordre apparent.

Etre romantique, c’est dénier à la Raison le droit de contrôler seule les actes de notre vie, et de reconnaître ce droit à deux autres éléments : le cœur et la fantaisie.

Ceux-ci fondent une morale nouvelle, celle du cœur, et contre les valeurs sociétaires, celles de l’individu.

Car le cœur et l’imagination représentent quelque chose de plus instinctif que la raison, des facultés plus conformes à notre nature essentielle, car « le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas.

» Suivre la morale du cœur, c’est faire confiance à ses passions et à ses impulsions.

A l’instar de Schiller, les romantiques croit en la subjectivité des représentations du monde, de par la poéticité et la subjectivité du langage.

Sonder son cœur pour trouver la vérité, sa vérité, telle est la philosophie des romantiques.

Un héros romantique comme Hernani offre une image précise de cette philosophie des passions.

Il est « guidé par une force aveugle » qu’est son cœur, ses passions sans raison.

Le romantisme, c’est le désordre du cœur et de l’imagination.

Désordre passionnel donc, mais aussi désordre au sein-même de l’esprit.

Car, l’homme peut s’adonner à des divagations fantaisistes qui aboutissent au fantastique.

Des écrivains comme Gérard de Nerval et Nodier usent de cette part de rêve et de mystère qui est en chacun.

La fée aux miettes de Nodier est un roman fantastique qui exploite cette phase transitoire entre le réveil et le sommeil pour installer son jeu et pour extraire la profondeur des sentiments, pour mieux sonder l’intériorité des personnages et y découvrir des créatures fantastiques à leur image.

Le rêve déteint sur la réalité et Michel, le personnage principal se rend vite compte que son cauchemar « avait passé des impressions du sommeil dans celle de la vie réelle, et que c'est là qu’ [il] se réfugiait avec ses illusions.

» Pareil pour Aurélia où Nerval décrit au lecteur l’état second qui précède le sommeil et révèle toute la richesse de l’esprit humain dans cet « engourdissement » de l’âme. Le romantisme, c’est aussi, -et surtout, l’exaltation du « moi », car « c’est le cœur qui parle et qui respire/ Lorsque la main écrit, -c’est le cœur qui se fond, / C’est le cœur qui s’étend, se. »

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