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Questions de synthèse sur TARTUFE DE Molière

Publié le 29/05/2015

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Ces propos que Molière prête à ses personnages montrent, en fait, qu'il n'aborde pas le grave sujet de la foi religieuse en philosophe, en métaphysicien, mais en moraliste. Tartuffe est surtout l'oeuvre d'un observateur aigu des moeurs de son temps, proche en cela du La Bruyère des Caractères, du La Rochefoucauld des Maximes.

Une peinture des moeurs bourgeoises

Tartuffe prolonge L'Ecole des femmes dans la peinture des moeurs bourgeoises et tout spécialement dans ce que l'esprit de propriétaire peut présenter de ridicule et d'odieux quand il est porté aux excès que l'on voit chez Orgon après les avoir observés chez Arnolphe.

Certes, la situation est différente, mais l'objet reste le même. Chez le barbon comme chez le bigot, Molière fustige l'excès du principe d'autorité. Bien qu'il se soit moqué parfois de certaines conduites féminines trop extravagantes comme celles de ses Précieuses ridicules et de ses Femmes savantes, l'auteur de L'Ecole des femmes a plaidé pour l'émancipation des filles et des femmes. Il a montré le ridicule de la tyrannie

Dans Tartuffe tout se tient et la fable politique est indissocia­ble de la satire anticléricale.

Les ennemis de Molière lui reprochaient d'avoir fait oeuvre d'impiété en tournant en dérision les prêtres et la religion.

La question de savoir si Tartuffe était un ecclésiastique ou un laïc a joué un rôle si important dans cette affaire. Après la première représentation du 12 mai 1664, Roullé et quelques autres ont accusé Molière d'avoir, en habillant en prêtre son faux dévot, jeté le discrédit sur l'ensemble du clergé.

C'est pourquoi le principal remaniement que Molière ait apporté à sa pièce pour la faire accepter, a été de changer l'« état « de son imposteur. Dans L'Hypocrite, il portait le rabat, il était de que l'on appelait « un petit collet «. Cette expression a son importance. Le dictionnaire de Furetière la définit ainsi :

« On appelle "petit collet" un homme qui s'est mis dans la réforme, dans la dévotion, parce que les gens d'Eglise portent par modestie de petits collets, tandis que les gens du monde en portent de grands ornés de points et de dentelles. Et quelque fois il se dit en mauvaise part des hypocrites, qui affectent des manières modestes, et sur­tout de porter un petit collet. «

Dans la deuxième version de 1667, Molière va faire de son Panulphe un homme d'épée. Et dans son deuxième placet au Roi, il relate ses efforts pour dissuader ses censeurs. Il précise qu'il a en vain « déguisé le personnage sous l'ajustement d'un homme du monde; j'ai eu beau lui donner un petit chapeau, de

« 142 1 Molière.

Œuvres majeures évêque d'Autun, ou Monsieur Péréfixe, l'archevêque de Paris qui à deux reprises avait interdit la pièce, ou encore Lamoi­ gnon, le président du Parlement, ou encore selon le plus grand potinier de l'époque, Tallemant des Réaux, un certain abbé du Pons ou mieux encore un abbé Charpy de Sainte­ Croix qui avait « tartuffié ,, une madame Patrocle.

Aujourd'hui, ces références, même si elles ont été les sour­ ces de Molière, ne nous aident guère à comprendre le person­ nage.

Pourtant, ce renvoi obstiné à l'actualité de l'époque montre la singularité de Tartuffe dans la production de Molière.

Impossible de faire abstraction du contexte qui l'a vu naître! Tartuffe reste une lecture d'un certain moment de l'histoire, celui de la formation de la monarchie absolue, celui du déclin d'une noblesse qui joua et perdit sa dernière chance dans la Fronde.

Tartuffe traduit les troubles et les hésitations d'une période rle transition et de mutation.

II y est question de mystérieux «criminels d'Etat» dont on ne précise pas les crimes, de cassettes remplies de papiers secrets et compromettants, on y respire l'air des complots, des cabales.

Des aventuriers issus du bas peuple parviennent jusqu'à l'antichambre du Prince pour y porter leurs dénonciations.

Mais le Prince extra-lucide sonde les reins et les cœurs.

II sait trier le grain et l'ivraie, reconnaître les méchants et récompenser ses loyaux serviteurs.

Tartuffe est une histoire de trahison où les souvenirs de la Fronde se mêlant aux remous plus récents de l'affaire Fouquet, où les visées de Colbert se heurtent aux intrigues d'une société de piété, où la défense de la foi couvre des plans tortueux de noyautage de l'Etat, où les ambitions personnelles de quelques Grands convergent avec les intérêts de puissances que gêne la montée en France d'un pouvoir fort.

La Compagnie du Saint-Sacrement, au centre du débat, n'était-elle pas en réalité la courroie de transmission du Vati­ can et de la Cour d'Espagne? Quand le Pape et le Prince réglèrent leur.différend, on n'entendit plus parler de la véné­ rable confrérie.. »

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