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Questions d'interprétation: Tartufe de Molière

Publié le 28/05/2015

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Selon Planchon, on n'échappe pas à l'idéologie. Dès qu'il y a interprétation, il y a engagement, orientation, choix, parti pris. Il y a forcément, quelque part, trahison. L'imposture de Tartuffe a donc eu au théâtre une longue postérité.

Mais Planchon ajoute un correctif important. A propos de la mise en scène de Jouvet, il précise :

«Nous touchons là au paradoxe de la mise en scène car une conception comme celle de Jouvet n'a rien d'abs­trait, elle est incarnée physiquement dans des images scéniques simples et complexes et surtout évidentes. Ce qui caractérise un comédien lorsqu'il est excellent c'est l'évidence. Il est évident comme un caillou et en parler c'est s'engager dans l'opacité. Lorsque l'on est minéra­logiste ou chimiste, on parle très bien des cailloux, mais lorsque nous butons dans un caillou, nous n'avons pas une réaction de minéralogiste et lorsque nous nous trou­vons face à un auteur qui interprète un personnage, ce n'est pas le sociologue, l'historien qui subit dans sa sensibilité l'émission sensible, évidente, qui se dégage de cet acteur. C'est une évidence qui s'installe en face de nous, tous les comédiens le savent et ils cherchent cette

évidence. «

L'infinité du texte

Pour un Tartuffe combien de Tartuffes?

Que faut-il voir avant tout dans Tartuffe, un type ou un personnage? Grave question qui se pose aux metteurs en scène. Faut-il l'abstraire ou l'individualiser? Molière n'avait pas laissé de doute sur son intention de portraiturer à travers un cas particulier une espèce alors très répandue de «dévots hypocrites «. Ne serait-ce que par le choix du nom.

Quand il a voulu apaiser le clan acharné contre lui, en 1667, il a troqué Tartuffe contre Panulphe. Quand, en 1669, il se sentit en sûreté, il revint au nom primitif. Molière, en effet, n'a pas inventé le nom de Tartuffe, qui provient de l'italien « tartufo « désignant au sens propre la truffe, mais au sens figuré un fourbe. Ainsi avant de passer de nom propre à nom commun, Tartuffe avait déjà suivi le chemin inverse. Personne de son temps ne pouvait s'y tromper.

On peut privilégier dans Tartuffe tel ou tel aspect, on peut également essayer de les embrasser tous. Mais Tartuffe, comme tous les grands textes, est inépuisable.

Le sens d'une oeuvre de théâtre n'est jamais fixé une fois pour toutes. Il dépend d'une infinité de facteurs qui compo­sent une interprétation.

A chacun sa vérité. A chacun son Tartuffe.

Dans ses Témoignages sur le théâtre, Jouvet a relevé «quel­ques dépositions« contradictoires. Pour l'un, Tartuffe n'est pas un hypocrite, mais un vil escroc, pas malin, de surcroît, car il se laisse jouer par Elmire. Pour l'autre, c'est un athée. Pour un troisième, c'est un mystique. Tartuffe est tantôt un personnage comique, il est la dupe, parce qu'il est sincère, tantôt, c'est un rôle à double visage, un démon.

Les avis varient aussi sur sa catégorie sociale. Pour les uns, c'est un homme du monde, pour d'autres, un forçat évadé, un truand de sacristie. Certains le voient gros, certains le voient maigre. C'est parfois un «gueux «, parfois un dignitaire ecclé­siastique de haut rang. Même panoplie pour la caractérisation du rôle. Molière le voulait comique, comme en témoigne La lettre sur l'Imposteur. Puis, Jouvet rapporte qu'on le poussa au noir, sous la Restauration et sous Louis-Philippe où prit naissance la tradition d'un Tartuffe sinistre, inquiétant.

 

Jouvet cependant ajoutera à cette longue liste sa propre interprétation : «Molière a simplement attaqué les hypocri­tes«. (Jouvet, 15, p. 78).

« 162 1 Molière.

Œuvres majeures Dans ses Témoignages sur le théâtre, Jouvet a relevé. »

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