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RACINE (1639-1699). Originalité et Style

Publié le 21/06/2011

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1. Vie. — Jean Racine est né à La Ferté-Milon (Aisne), le 21 décembre 5639. Il fit ses études aux Petites Écoles de Port-Royal, où il apprit le latin et le grec, puis à Paris, au collège d'Harcourt. — En 166o, il publia une ode intitulée la Nymphe de la Seine, composée à l'occasion du mariage de Louis XIV. Après un séjour d'un an dans le Midi, à Uzès, il revint à Paris, et fit jouer en 1664 sa première tragédie : la Thébaïde. L'année suivante, il donna Alexandre.; mais son triomphe définitif date d'Andromaque, représentée en 1667. Vinrent ensuite les Plaideurs (i668), Britannicus (1669), Bérénice (167o), Bajazet (1672), Mithridate (1673), Iphigénie (1674), Phèdre (1677). — Alors Racine quitte le théâtre pour n'y plus revenir. Il écrit seulement pour les jeunes filles de Saint-Cyr, à la prière de Mme de Maintenon, Esther (1689) et Athalie (1691). Il avait été nommé, en 1677, historiographe du Roi. — Il mourut en 1699, laissant sept enfants, dont le plus jeune, Louis, fut lui-même un poète distingué.

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« Quant à Virgile, nous n'avons pas à être surpris si de l'Enéide les quatre premiers chants, au moins, ont fourni desalexandrins à Racine : leur nombre étonnera pourtant, il n'excède pas vingt-cinq. Résumons-nous : SUR 1.648 VERS, 1.500 ENVIRON NE DOIVENT RIEN A L'ANTIQUITÉ, SI ON LES PREND A LALETTRE.SI L'ON NE S'ATTACHE PLUS A LA LETTRE MAIS AU CONTRAIRE A L'ESPRIT, LA PART FAITE AUX AUTEURS ANCIENSDIMINUE ENCORE.Racine, qui « sentait » les Grecs bien plus que Corneille ou Boileau, parce qu'il était « un bel esprit tendre », ne lessent pas autrement que nous, c'est-à-dire au travers de son siècle.

Suivant la forte expression de Sainte-Beuve,qui est moins péjorative qu'on ne le croit souvent, « ses Grecs à lui ont monté l'escalier de Versailles et ont faitantichambre à l'Œil-de-Bœuf ». CE QU'IL EMPRUNTE A LEUR TRADITION EST CONTINUELLEMENT TRANSFORMÉ. La tradition veut Oreste amoureux « malheureux et obstiné » d'Hermione, mais à peine le fait est-il énoncé: Racinenous met en situation de nous en rendre compte. Hermione doit être « cruelle et orgueilleuse ».

Racine la peint surtout de caractère instable, en proie à des sautesd'humeur, à des revirements incessants, mêlant la haine et l'amour, l'amour et l'orgueil.

La « fureur » qu'ellemanifeste n'est plus traduite par des litanies d'imprécations, mais se mélange avec le sentiment de l'angoisse devivre.

Hermione devient une désaxée, presque une malade, et le spectateur compatit.

Andromaque était « l'épouse,ou la mère » : elle nous apparaît mère ET épouse d'Hector, déchirée entre ces .

deux obligations, comme entre leprésent et le passé. Ces transformations psychologiques tiennent, par delà la personnalité de l'auteur, à un CHANGEMENT RADICAL DANS« LE CLIMAT » DE LA TRAGÉDIE.

Le théâtre grec, même au temps d'Euripide, demeure une manifestation sociale, iltire ses sujets du fonds national, des mythes semi-religieux; il est instrument politique d'unification; son rôle est derappeler le passé, de faire craindre les dieux, maîtres du destin.

Le théâtre de Racine est un duel de penséesantagonistes, un problème mental développé et réalisé; il est, d'abord, HUMANISTE : ce qui vaut, c'est l'étude del'Homme, l'Homme éternel, hors du temps précis et de l'espace délimité, L'HOMME EN PROIE A SES PASSIONS. Il est difficile de peser avec exactitude ce que Racine doit à ses contemporains et à ses prédécesseurs immédiatsdans l'élaboration de sa troisième œuvre. Nombre des pièces jouées à l'époque ont disparu.

Celles qui demeurent ne sont pas toujours datées de façonprécise, et à deux ou trois ans près, elles peuvent se trouver dans une situation toute différente : avoir inspiré ouavoir été inspirées. UN DÉBUTANT, MÊME DOUÉ D'UNE FORTE PERSONNALITÉ, NE PEUT PAS NE PAS SE CONFORMER AUX HABITUDESADMISES.

Les dramaturges à succès contribuent à la formation de son esprit.

Ils créent des modes auxquelles il estobligé d'obéir en partie, ne fût-ce que pour ne pas choquer directement le spectateur dont e goût est fixé. Le plaisir de l'érudition ne doit point nous faire oublier qu'A SON APPARITION « ANDROMAQUE » A ÉTÉ SALUÉECOMME UNE NOUVEAUTÉ BOULEVERSANTE, par ceux-là qui justement étaient les mieux placés pour juger de sonoriginalité. Corneille, Corneille avait été le modèle que Racine, à ses débuts, avait désiré égaler.

Au premier acte d'Andromaque, la discussion politique, entre un monarque et un ambassadeur, où l'intérêt de l'Etat se mêle à ceux desindividus, l'agencement soigneux et étudié des discours reste encore dans la manière de Corneille.

La successionbrutale et rapide des décisions du quatrième acte se retrouve dans « Attila ».

Le cri d'Oreste : « Grâce aux Dieux ! mon malheur passe mon espérance » (v.

1613), est, M.

Mornet l'a fort bien jugé, un propos cornélien. Mais il faut noter aussi que l'influence s'affaiblit au fur et à mesure que va la pièce.

LA LIBÉRATION, L'INDÉPENDANCEDE RACINE S'ACCENTUENT DE SCÈNE EN SCÈNE, et parallèlement le nombre des traits originaux va croissant. Si l'on désire pousser plus loin la recherche des influences, il apparaît que Racine connaissait l'« Hercule mourant »de Rotrou (1639), et le « Pertharite » de Corneille (1652), mais les analogies qu'on peut déceler, comme toujours, nesont ni étroites, ni précises. Plus troublant est le rapprochement avec « la Diane » de Montemayor (1520-1561), dont une traduction était parueau début du XVIIe siècle.

On trouve là l'enchaînement des sentiments et ce décalage des amours qui constituent lemécanisme d' Andromaque.

Mais alors qu'avec Racine le décalage est latéral, dans Montemayor il est circulaire,c'est-à-dire qu'Oreste serait aimé d'Andromaque.. »

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