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Raconter pour mieux se connaître

Publié le 18/01/2020

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Documents

A-Albert Camus, Le Premier Homme., posthume, 1994.

B-Nathalie Sarraute, Enfance, 1983.

C - André Gide, Si le grain ne meurt, 1920.

D-Document iconographique: Robert Doisneau, photographie, dans Un certain Robert Doisneau, la très véridique histoire d’un photographe racontée par lui-même.

Annexe — Christian Signol, Bonheur d’enfance, 2000.

► Vous répondrez d’abord aux deux questions suivantes.

Questions (4 points)

1. Quelle image de l’école ce corpus donne-t-il ? (2points)

2. Quels indices montrent dans chacun des trois textes (A, B, C) que nous avons affaire à des souvenirs ? (2points)

►Vous traiterez ensuite un de ces sujets au choix.

Commentaire (16 points)

Vous commenterez le texte de Nathalie Sarraute.

Dissertation (16 points)

En vous appuyant sur les textes du corpus, vos lectures et votre expérience personnelle, vous vous demanderez si raconter ses expériences permet de mieux se connaître.

■ Écriture d’invention (16 points)
Dans un dialogue argumenté, deux amis confrontent leur expérience — heureuse pour l’un, moins heureuse pour l’autre - de l’école et de l’enseignement qu’ils y ont reçu.

Exemple : J’avais sept ou huit ans quand un camarade m’offrit une boîte de fer que j’ai perdue depuis. Je vois encore (= maintenant où je parle) cette boîte... mais je ne sais pas où je l’ai mise.

Quel effet produit le présent d’énonciation dans un récit au passé ?

Il permet :

-de mesurer le temps qui s’est écoulé entre tes événements et le moment où 1e narrateur raconte ;

- d’introduire une réflexion du narrateur au moment même où il est en train de parler ou d’écrire. C’est pour cela qu’il est fréquent dans l’autobiographie (= récit de sa propre vie).

- Exemple : J’étais jeune quand je pris le commandement de ce régiment. Maintenant, je suis vieux et je n’ai plus ma force d’autrefois.

2. Le présent de narration : Il sert à raconter ; c’est un temps de base du récit au passé.

- Il met en relief certains événements importants, si le reste du récit est au passé.

- Exemple : On annonça l’arrivée du maître de maison ; il salua tout le monde, se pencha pour caresser un enfant. Tout à coup, un étranger à la mine peu engageante l’empoigne et le ceinture violemment. Il tente de résister.

-Il peut être employé tout au long du récit pour raconter tous les événements.

- Exemple : On annonce l'arrivée du maître de maison ; il salue tout le monde, se penche pour caresser un enfant. Tout à coup, un étranger à la mine peu engageante l’empoigne et le ceinture violemment. Il tente de résister.

- Il est coupé de la situation d’énonciation, c’est-à-dire du présent de celui qui parle.

- Quand il s’agit du récit d’événements historiques, on parle de présent historique.

- Exemple : Napoléon décide alors de faire un coup d’État.

Quel effet produit le présent de narration ?

il donne une impression d’actualité, confère de la vivacité au récit, crée un effet de direct, « comme si on y était ».

3. Le présent de vérité générale : il sert à exprimer une idée qui est toujours vraie, quels que soient l’époque et le lieu (son sujet est alors souvent : on, l’homme, les hommes).

- Exempte : Il avait très envie de se battre. L’homme est en effet un être cruel.

Ici, elle se rappelle le nouvel apprentissage de son écriture qui s’était déformée.

Épisode qui montre l’importance de l’enfance pour l’adulte (plaisir de se souvenir), mais aussi explication de la personnalité par des faits souvent anodins, minimes.

1. L’écriture autobiographique : l’auteur raconte et revit l’apprentissage de l’écriture

1.1. La progression de la montée du souvenir

La progression des temps verbaux marque la remontée du souvenir.

- Passé composé : résultat présent d’une action passée : c’est le moment de l’écriture (« ai gardé >>), Sarraute âgée.

- L’élément déclencheur (le mot « écriture ») entraîne l’imparfait : remontée dans le temps, peu à peu Sarraute plonge dans le passé ; les points de suspension rendent compte aussi de cette lenteur du retour vers le passé.

1.2. Un épisode revécu dans le temps de l’écriture

Passage au présent de narration : Sarraute revit dans le temps de l’écriture les phénomènes passés.

Et même le futur (comme si le passé devenait présent) : « ne viendra » (on devrait avoir : « ne viendrait », concordance des temps).

Fait remarquable : à l’intérieur même du souvenir, un souvenir comme enchâssé (« comme autrefois, quand j’allais à l’école de la rue des Feuillantines... »). L’imparfait est alors utilisé à la place du plus-que-parfait qui aurait été logique (fait antérieur au fait du passé ; on devrait avoir : « comme avant, quand j’étais allée à l’école..., je recommençais... »).

1.3. La précision du souvenir profondément lié à l’écriture

Précision des lieux (les relever : « cours Bréhant », « rue des Feuillantines », « chambre », « porte ») et des objets (« cahiers », « plume », « petit carré de feutre », « flacon d’encre »).

Précision des couleurs (« gris-bleu très pâle », « encre noire »...) et des formes (« déformés », « bâtonnets », « bavure », « visibles », « nets »).

Précision des actions et des gestes : cf. groupe ternaire (« j’essuie », « je trempe », « je recouvre » ; « retracer » ; « contrains ma main »).

Précision dans la description de l’évolution de cette écriture tout au long du texte : mots positifs (« claire »), puis négatifs (« méconnaissable ») -« déformés », « contrefaits » (mots des adultes) ; « gribouillis » (mot de l’enfant), à nouveau positifs (« s’assagit, se calme ») « plus visibles », « plus nets » -> « [ma main] m’obéit ».

Une écriture présentée comme vivante, personnifiée : « part[ir] dans tous les sens », « s’assagit, se calme ».

« • Écriture d'invention (16 points) Dans un dialogue argumenté, deux amis confrontent leur expérience - heureuse pour l'un, moins heureuse pour l'autre - de l'école et de l'enseignement qu'ils y ont reçu.

1•1·H"::Mùd Celui-là 1 n'avait pas connu son père, mais il lui en parlait souvent sous une forme un peu mythologique, et dans tous les cas, à un moment précis, il avait su remplacer ce père.

C'est pourquoi Jacques ne l'avait jamais oublié, comme si, n'ayant jamais éprouvé 5 réellement l'absence d'un père qu'il n'avait jamais connu, il avait reconnu cependant inconsciemment, étant enfant d'abord, puis tout au long de sa vie, le seul geste paternel, à la fois réfléchi et décisif, .

qui fût intervenu dans sa vie d'enfance.

Car Monsieur Bernard, son instituteur de la classe du certificat d'études, avait pesé de tout son 10 poids d'homme, à un moment donné, pour modifier le destin de cet enfant dont il avait la charge, et il l'avait modifié en effet.

Pour le moment, Monsieur Bernard était là devant Jacques dans son petit appartement des tournants Rovigo, presque au pied de la casbah, un quartier qui dominait la ville et la mer, occupé par des 15 petits commerçants de toutes races et toutes religions, où les maisons sentaient à la fois les épices et la pauvreté.

Il était là, vieilli, le cheveu plus rare, des taches de vieillesse derrière le tissu maintenant vitrifié des joues et des mains, se déplaçant plus lentement que jadis, et visi­ blement content dès qu'il pouvait se rasseoir dans son fauteuil de 20 rotin près de la fenêtre qui donnait sur la rue commerçante et où pépiait un canari, attendri aussi par l'âge et laissant paraître son émotion, ce qu'il n'eût pas fait auparavant, mais droit encore, et la voix forte et faible, comme au temps où, planté devant sa classe, il disait: «En rangs par deux.

Par deux! Je n'ai pas dit par cinq!» Et 25 la bousculade cessait, les élèves, dont Monsieur Bernard était craint et adoré en même temps, se rangeaient le long du mur extérieur dans la galerie du premier étage, jusqu'à ce que, les rangs enfin réguliers et immobiles, les enfants silencieux, un« Entrez maintenant, bandes de tramousses 2 » les libérait, leur donnant le signal du mouvement 30 et d'une animation plus discrète que Monsieur Bernard, solide, élégamment habillé, son fort visage régulier couronné de cheveux un LE BIOGRAPHIQUE • SUJET Il 237. »

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