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Résumez ou analysez le contenu et commentez les idées essentielles de cette page de Jean-Paul Sartre sur l'écrivain au XVIIIe siècle :

Publié le 03/03/2011

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sartre

« (1) Il se considère comme un guide et un chef spirituel, il prend ses risques. (2) Comme l'élite au pouvoir, de plus en plus nerveuse, lui prodigue un jour ses grâces pour le faire embastiller le jour suivant, il ignore la tranquillité, la médiocrité fière dont jouissaient ses prédécesseurs. (3) Je lisais, l'autre soir, ces mots que Biaise Cendrars met en exergue à « Rhum « : « Aux jeunes gens d'aujourd'hui fatigués de la littérature, pour leur prouver qu'un roman peut être aussi un acte «; et je pensais que nous sommes bien malheureux et bien coupables puisqu'il nous faut prouver aujourd'hui ce qui allait de soi au XVIIIe siècle. (4) Un ouvrage de l'esprit était alors un acte doublement, puisqu'il produisait des idées qui devaient être à l'origine de bouleversements sociaux et puisqu'il mettait en danger son auteur. (5) Et cet acte, quel que soit le livre considéré, se définit toujours de la même manière : il est libérateur. (6) Et, sans doute, au XVIe siècle aussi la littérature a une fonction libératrice, mais qui demeure voilée et implicite. (7) Au temps des encyclopédistes, il ne s'agit plus de libérer l'honnête homme de ses passions en les lui reflétant sans complaisance, mais de contribuer par sa plume à la libération politique de l'homme tout court. (8) L'appel que l'écrivain adresse à son public bourgeois, c'est, qu'il le veuille ou non, une incitation à la révolte; celui qu'il lance dans le même temps à la classe dirigeante, c'est une invite à la lucidité, à l'examen critique de soi-même, à l'abandon de ses privilèges. (9) La condition de Rousseau ressemble beaucoup à celle de Richard Wright écrivant à la fois pour les Noirs éclairés et pour les Blancs : devant la noblesse il témoigne, et dans le même temps, il invite ses frères roturiers à prendre conscience d'eux-mêmes. (10) Ses écrits et ceux de Diderot, de Condorcet, ce n'est pas seulement la prise de la Bastille qu'ils ont préparée de longue main : c'est aussi la nuit du 4 août. «

Résumé du texte I La première lecture montre que le texte étudie l'écrivain du XVIIIe siècle et constate que, pour lui, le livre est un acte, c'est-à-dire qu'il pratique la littérature engagée. II Aucun paragraphe ne permet de distinguer de grandes parties. Mais une seconde lecture permettra de voir que, si le début du texte définit en quoi au XVIIIe siècle un livre était doublement un acte, la phrase (5) sert de transition pour définir l'effet de cet acte : il libère (la phrase unit les deux mots-clés acte et libérateur), et désormais une deuxième partie développera l'idée que la littérature est une libération.

sartre

« Ce texte met en lumière deux idées chères à M.

Jean-Paul Sartre : un livre doit être un acte, et cet acte estlibérateur.

L'acte, pour l'écrivain, c'est proposer des idées qui changent la société et s'exposer au danger que celacomporte.

Le XVIIIe siècle a su le faire mieux que le XXe.

Si toute littérature est libératrice, ce peut être en un senslimité, comme au XVIIe siècle où l'écrivain offrait aux gens du monde une simple liberté morale.

Mais, parce qu'elleétait un acte, la littérature du XVIIIe siècle a été pleinement libératrice : elle a donné la liberté politique à tous leshommes, en enseignant au bourgeois à se révolter et au noble à renoncer à ses privilèges.

Position du problème Vous pouvez penser à un problème historique.

Ce que dit M.

J.-P.

Sartre est-il vrai pour le XVIIIe siècle, en fait?Pour le XVIIe siècle? Pour le XXe siècle? Mais le problème essentiel est plutôt théorique.

Deux questions se posent :la littérature est-elle toujours une libération? Doit-elle être toujours un acte? La première question n'est pas la plusimportante pour M.

J.-P.

Sartre qui constate que, dans tous les cas, d'une façon ou d'une autre, la littérature libèreet préfère nettement la forme de libération qu'implique le livre « acte », la libération politique.

Le problème principalest donc celui de la littérature-acte, visant des fins politiques et sociales (vous retrouverez là un aspect de laquestion de la littérature engagée), préférée aux autres formes de littérature, mais ce problème est envisagé dansun contexte historique dont vous devez tenir compte, et en liaison avec celui de la littérature libération. FEUILLE 1 : En quoi et pourquoi la littérature doit-elle être un acte? a) Parce qu'elle veut changer le monde : 1 est-ce vrai pour le XVIIIe siècle? pour M.

J.-P.

Sartre et le XXe siècle? 2pourquoi cela rend-il la littérature excellente? b) Parce que l'écrivain prend des risques : 1 est-ce vrai pour le XVIIIe siècle? pour M.

J.-P.

Sartre et le XXe siècle?2 en quoi cela rend-il l'écrivain efficace? FEUILLE 2 : Discussion, a) L'écrivain est-il vraiment un chef ou un guide ? est-ce sa principale mission ? b) Le but del'art est-il d'être un acte libérateur, en politique et de son temps? Cela ne peut-il pas parfois lui nuire? Ne peut-onconcevoir d'autres buts? c) Les chefs-d'œuvre ne vous touchent-ils que parce qu'ils ont été un acte libérateur enleur temps? FEUILLE 1 : a) 1 Que la littérature du XVIIIe s.

veuille changer le monde, c'est incontestable.

C'est aussi vrai pour lalittérature du XXe siècle, surtout après la deuxième guerre mondiale : ex.

Sartre, Camus, Malraux (mais déjà, avanteux, Jules Romains, Martin du Gard, etc.).

La littérature peint l'homme en situation dans une société donnée etpropose des valeurs : révolte devant l'absurde, selon Camus, liberté existentialiste, dignité de l'homme, etc.; elletraite des problèmes politiques (guerre, colonialisme, etc.), sociaux (liberté, égalité, humanité, etc.), économiques(socialisme, libéralisme, etc.)...

2 Les raisons qui justifient cette attitude sont multiples : a) déjà le XIXe siècle avaitdit que l'écrivain, plus éclairé et plus efficace que les autres hommes, a la mission d'être la conscience de sontemps; (3) de plus, en se séparant de son temps, l'écrivain risque de tomber dans le pur formalisme et de secondamner à l'artifice; y) à notre époque la vie collective a une forte influence sur la vie individuelle; S) lesproblèmes sont urgents: on doit choisir, sans cesse, dans l'immédiat, ce qu'on sera et ce que sera sa génération. b) 1 Les risques que prend l'écrivain au XVIIIe s.

sont faciles à montrer : obligation pour Voltaire et Rousseau des'exiler; emprisonnement de Diderot; difficultés de l'Encyclopédie.

L'écrivain du XXe siècle prend aussi des risques :adhésion à des partis, action dans la résistance, révolution, fonctions politiques, signature de manifestes,participation à des congrès : ex.

Sartre, Malraux, Camus, mais avant eux Gide, Barrés, Zola, Victor Hugo, etc.

2Cela rend l'écrivain efficace parce qu'il peut toucher, par son prestige, un vaste public : a) par les moyens de lalittérature pure : Contes de Voltaire, théâtre de Beaumarchais; P) en éclairant et dirigeant l'opinion aussi bien pardes ouvrages théoriques (Situations, L'Homme révolté, Y Encyclopédie, le Dictionnaire philosophique, Le Contratsocial, etc.) que des journaux, revues, manifestes (pensez aux « fusées volantes » de Voltaire); y) en intervenantdirectement auprès de l'opinion ou des pouvoirs publics (l'affaire Calas; puis Zola et l'affaire Dreyfus). FEUILLE 2 : On peut objecter : a) Écrire est un métier qui ne donne pas forcément des compétences spéciales dans le domaine politique ou social :un grand écrivain peut y être médiocre (ex.

Balzac) et y perdre un temps qui serait précieux pour son art : «J'accuse » de Zola ne vaut pas Les Rougon-Macquart. b) 1 Certains ont pu soutenir, comme les partisans de l'art pour l'art, que le but de la littérature est avant tout labeauté, et que les préoccupations politiques ou morales la dénaturent.

Il est incontestable d'ailleurs que le prestigede l'art n'est pas fonction de son utilité : les beaux sentiments ne font pas toujours les belles œuvres.

2 Même utile,l'art peut servir à autre chose qu'à une libération politique ou sociale.

Il peut être libération de ses passions pour lepublic, ou pour l'auteur qui exorcise ses chimères, découvre l'unité de son être, et, de ce fait, apprend au lecteur àfaire de même, lui apporte un art de vivre (ex.

Montaigne, Stendhal), une nouvelle façon de voir le monde.

3 De plusl'engagement est dans l'immédiat : d'où le risque de se perdre dans l'éphémère, l'accidentel.

4 De fait les œuvres duXVIIIe siècle et d'autres œuvres engagées comme La Divine Comédie, Les Provinciales, Les Misérables ou Les. »

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