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RobbE-GrILLET (Alain)

Publié le 03/05/2019

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grillet

RobbE-GrILLET (Alain), écrivain et cinéaste français (Brest 1922). Le Miroir qui revient (1985), que Robbe-Grillet propose comme une autobiographie « indirecte », est-il celui que, depuis Stendhal, tout romancier qui se respecte « promène le long des chemins » ? Ou faut-il comprendre que la révolution introduite par le Nouveau Roman dans l'écriture romanesque s'est accomplie littéralement et dans un seul sens : la révolution, c’est d'abord un mouvement en courbe fermée, le retour périodique d'un astre à un point de son orbite ? Pour son auteur, le Miroir qui revient correspondrait davantage au miroir lacanien : l'enfant, au « stade du miroir », s'aperçoit dans la glace que l image de lui-même est un autre. Or, cette amère mais féconde constatation, Robbe Grillet l'avait faite dès son premier livre, qu'il écrivait dans les temps morts de son activité dans un laboratoire d'études biologiques (ingénieur agronome lassé par la statistique, il opérait alors toutes les huit heures des frottis vaginaux sur

 

des rates castrées) : Un régicide (proposé aux éditeurs en 1949, publié en 1978) présente un héros schizoïde — tantôt il travaille dans une usine, tantôt il marche le long d'une côte sauvage qui évoque la Bretagne. On comprend alors ce résumé de son œuvre, pour beaucoup paradoxal : « Je n’ai jamais parlé d'autre chose que de moi. » Et aussi cet attachement à la forme romanesque (Pour un nouveau roman, 1963) : avec le roman, ce n'est pas le miroir mais l'auteur qui revient. Car on peut refuser la conception « balzacienne » du roman : son narrateur omniscient, son déterminisme géographique, physiognomonique et mobilier, sa psychologie, ses intrigues, son assurance devant le réel. Mais pourquoi vouloir à tout prix réaménager un instrument aussi inadapté au monde qu'on prétend traduire ? Pourquoi ne pas s'engager plutôt dans la reconnaissance d'un « nouvel espace » littéraire, dans la mise au point d'une nouvelle « matière » d'écriture ? Fustiger le Père Goriot et ses imitations modernes, c'est reprocher à un fiacre de n'avoir pas les performances d’une automobile ou d'un avion. Lorsqu'on estime que la tragédie en cinq actes et en vers a fait son temps, on ne change ni les décors, ni les costumes, ni les répliques : on n'en écrit plus — tout simplement.

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