Devoir de Philosophie

Robert Garnier, poète tragique à l'écoute de son temps

Publié le 29/08/2013

Extrait du document

temps

Alors que le royaume de France est bouleversé par les guerres de Religion, Robert Garnier livre une oeuvre tragique d'une immense qualité.

Les Juives «, la pièce qui restera son chef-d'oeuvre, publiée en 1583, s'imposera comme le sommet du théâtre de la Renaissance,

 

Robert Garnier. Bien que desservies par une action statique et un côté déclamatoire, ses oeuvres annoncent la grande tragédie classique.

dépeignant de façon poignante les malheurs du temps, tout en délivrant une leçon d'histoire et un message d'espoir.

temps

« du Roi.

En 1565, il rédige des inscriptions, quatrains et son­ nets à l 'occasion de l'entrée de Charles IX à Toulouse .

Deux ans plus tard, il donne un Hymne de la monarchie, dans lequel ce sys­ tème politique est célébré comme la loi de l'Univers, inscrit dans l'ordre naturel et montre le souverain comme le garant de l'ordre et de l'unité du royaume .

Les premières tragédies de Gar­ nier sont inspirées de l'Antiquité romaine , telles Porde en 1568, Cornélie en 1574, Marc Antoine en 1578 , et grecque, telles Hippolyte en 1573, La Troade en 1579etAnti­ gone en 1580.

Ces six pièces épiques et lyriques sont très nettement influencées par Sé­ nèque .

Elles valent déjà un grand succès à un auteur , dont le nom devient illustre et dont l'œuvre sera constamment réim­ primée et imitée durant toute la fin du siècle .

Puis, en · 158 3, alors qu 'il a « ré­ solu de quitter l'ingrat exercice des Muses » et qu'il est « sur le point de prendre congé » , Ro- bert Garnier décide « de chanter quelque chose de notre Dieu ».

li compose Les Juives, chef­ d'œuvre de la tragédie religieu- 9e et de la tragédie tout court .

Cette pièce, très riche humaine­ ment et d'une grande diversité dans les rythmes, fait preuve d 'une puissance dramatique qui manquait aux précédentes, et la simplicité de l'intrigue, le pathétique qui la baigne lui confèrent une grande force.

Un message d'espérance à une France meurtrie Le sujet des Juiv es est tiré de la Bible : il s'agit de l'épisode final de l'affrontement entre deux princes -Sédécie, « roi de Jéru­ salem », et Nabuchodonosor, « roi d'Assyrie » -, qui est aussi l'opposition de deux philoso­ phies de gouvernement.

La pièce conclut à la grandeur du roi, mais souligne que le souve­ rain dépend d'un Dieu tout­ puissant .

On retrouve dans cette tragédie la struç:ture limpide des œuvres romaines et, en même temps, la , complexité et la longueur des pièces grecques.

Les sources différentes permettent un'e grande variété des matériaux dramatiques, et Garnier intro­ duit des situations nouvelles qui enrichissent le mouvement de l'action.

li a, de plus en plus fortement au long de sa carrière littéraire, recherché le pathéti­ que : dans Les Juiv es, ce pathé­ tique prégnant naît des débats que , juriste accoutumé à l'élo­ quence et à la dialectique ora­ toire , l'auteur réussit à intégrer parfaitement à l'action .

Les per­ sonnages s'affrontent dans des tableaux scéniques où le pathé­ tique devient visuel , notam­ ment à travers le chœur des Juives en larmes, les adieux des reines à leurs enfants .

L'actualité est omniprésente : Garnier, très marqué par l'abo­ mination des guerres civiles, flïBl•ED ITIONS llli!il! ATLAS LE« PRINCE DES POÈTES TRAGIQUES » RÉNOVE AUSSI LA TRAGICOMÉDIE Robert Garnier est aussi l'auteur d'une très jolie tragicomédie, qui, renouvelle également le genre .

Bradamante, histoire d'amour contrarié publiée en 1580, dépeint le miUeu bourgeois sans indulgence.

Mêlant le réalisme de la satire et le romanesque sentimental, la pièce élargit considérablement le ton de la tragicomédie.

Les doutes et les conflits des personnages ne donnent pas seulement lieu à une déploration lyrique, i ls sont la source d'une intrigue prenante et astucieuse qui confère à cette œuvre un mouvement nouveau.

Garnier y ajoute, comme dans ses tragédies, une leçon de foi religieuse, des convictions politiques et patriotiques, des références très claires aux événements du temps.

A la fois novatrice et traditionnelle par sa forme régulière, Bradamante est une réussite qui donne son orientation au genre tragicomique en en définissant des règles qui resteront longtemps en vigueur.

exprime ses idées politiques dans son théâtre et, dans la dé­ dicace des Juives, souligne qu'il a voulu représenter « les soupira­ bles calamités d'un peuple qui a, comme nous, abandonné son Dieu.

C'est un sujet délectable, et de bonne et sainte édifica­ tion ».

Il souhaite amener les Français à penser aux raisons de leurs malheurs, qui, comme ceux du peuple juif , viennent de leurs péchés et du courroux di­ vin.

Néanmoins, il est possible de recouvrer la paix par le re­ pentir et le retour à la vraie foi.

Et le personnage du prophète paraît prédire à la France bles­ sée et à l'humanité tout entière un avenir plus juste et lumineux .

"' "' u 0: ~. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles