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Robert Pinget, la parole à l'œuvre

Publié le 04/12/2018

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Dans les romans de Pinget, comme dans la vie, on parle sans cesse. Le plus souvent pour ne rien dire, mais c’est ce « rien » qui l’intéresse : tout ce bruit que nous faisons avec les mots, quel vide, quel manque, est-il destiné à combler? Pinget, comme Diderot encore, se rit de la comédie que nous donnons, aux autres et à nous-mêmes. Mais ce n’est pas pour nous accuser ou nous fustiger, moins encore pour nous mépriser. Le rire de Pinget, quand il met au jour les ridicules, ou les attitudes, les poses, les médiocres maquillages, censés nous faire apparaître tels que nous ne sommes pas, ne cesse jamais d’être un rire d’amour. Pinget est un héritier de la grande tradition humaniste française, celle de Montaigne, de Voltaire et de Gide. Celle qui répète que l’homme est certes une créature fragile et bien imparfaite, mais que c’est elle et elle seule qui importe.

Le nom de Robert Pinget est communément lié au nouveau roman, cette école résolue à révolutionner la littérature française au début des années soixante. Pourtant, l'auteur de Quelqu’un - prix Femina 1965 - était un solitaire, étranger à toute doctrine. Ses romans et ses pièces de théâtre frappent par la diversité de leurs thèmes et par l’originalité d’un ton qui emprunte simultanément à la logique du comique et à celle de la tragédie.

 

Chez lui, l’audace créatrice ne s’accommodait ni de l’intellectualisme, ni de l’ennui. Mais notre époque est-elle capable de prendre vraiment au sérieux un écrivain qui sait faire rire ?

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