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ROMAN DE RENART ET FABLIAUX

Publié le 31/05/2012

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Quand eut-on, et qui eut l'idée géniale, épique, d'ajouter au nom de l'espèce un nom propre qui fit surgir l'individu du type? Il faut se résoudre à l'ignorer. Toujours est-il que, dans la France du Nord, en pays champenois, picard et vallon, vers le milieu du XIIe siècle, les gestes de Renart le goupil étaient devenus assez populaires pour qu'un clerc flamand fit une compilation de ces récits en vers latins, l' Ysengrinus. Puis, vers 1180, un poète allemand, Henri le Glichezare, faisait de l'histoire de Renart un poème suivi, qui semble attester que les récits français tendaient déjà à se grouper dans un certain ordre. Pendant la fin du XIIe siècle, et une partie du XIIIe, l'épopée de Renart fut remaniée, amplifîée, améliorée, gâtée par une foule de poètes, dont beaucoup étaient ...

« 90 LITTÉRATURE BOURGEOISE.

prit aristocratique.

Au reste, comme les bourgeois se faisaient dire aussi par les jongleurs des chansons de geste, la noblesse, .

les hommes du moins, se divertissait des triviales ou burlesques aventures qui avaient été rédigées pour l'amusement des bourgeois.

De là vient que les mêmes poètes n'étaient point embarrassés pour rimer de la même plume les défaites des infidèles ct les accidents des ménages : le Picard Jean Bodel, dont on a la Chan­ son des Saxons, est (selon une hypothèse fort plausible) l'auteur d'une dizaine de contes vulgaires ou obscènes qui nous sont parvenus; toute proportion gardée, c'est comme si Corneille s'était délassé du Cid par les Rémois ou le Be!'ceau.

La littérature bourgeoise, en sa forme nar-rative, se présente à nous sous deux espèces : le Roman de Rena!'t, et les Fabliaux.

Il faut d'abord en établir la situation chronologique, autant du moins qu'on le peut faire dans un exposé si sommaire, et dans ce moyen âge qui, ne laissant jamais reposer aucune œuvre dans la· forme imposée par le poète, les reprend toutes et les remanie incessamment pendant trois siècles ou quatre.

Mais à prendre les choses en gros, je dirai que le XL0 siècle appartient à l'épopée.

Dès le xn•, la poésie aristocratique devient une chose de plaisir et de luxe : c'est l'âge des romans antiques et bretons.

Cependant l'es­ prit bourgeois, qu'on voyait poindre dès les temps épiques dans les gabs du Pèlerinage de Charlemagne, commence à se faire sentir par des contes ironiques ou plaisants, par des fabliaux, et par quel­ ques branches de Renart : il s'épanouit au xme par la prodigieuse fécondité de ces deux genres, tandis que se déploie la noble et fine galanterie de la poésie lyrique de cour.

Mais combien.

maigre, combien artificiel est ce lyrisme, auprès de la robuste et copieuse spontanéité du prosaïsme bourgeois 1 On le sent vraiment : le premier n'est qu'une littérature d'exception, tandis que le second (faut-il s'en féliciter?) sort du plus intime fond de la race, et en représente les plus générales qualités.

1.

LE ROMAN DE RENART.

Ce qu'on appelle le roman de Renart 1 est une collection assez disparate de narrations versifiées qui, sans suite ni lien, se rappor­ tent à un principal héros, Renart le goupil, dont l'identité per­ sonnelle fait la seule unité du poème.

Autour de Renart appa- 1.

Édition : Ern. »

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