Devoir de Philosophie

Roman et histoire

Publié le 07/04/2012

Extrait du document

histoire

Les rapports entre roman et histoire, dans la période qui suit la Commune et va jusqu'à la guerre de 1914, apparaissent comme une succession de crises, que la crise formelle signe mais dont elle n'est qu'un aspect. Plusieurs tendances s'y juxtaposent dans le temps, ou s'y succèdent : le roman peut choisir de relater l'histoire, récente ou plus ancienne, avec plus ou moins de «fidélité au réel « ; puis, à mesure que le souvenir de la Commune s'étiole, le roman semble s'éloigner et de l'histoire et du réel, «s'évader« vers l'exotisme avec Loti, la psychologie avec Bourget, la préhistoire ou l'anticipation avec Rosny....

histoire

« réduit à n'être que cadre, décor d'une intrigue amoureuse ou policière, mais en tout cas anhistorique (Thérèse d'H.

Malot, Une Idylle pendant le Siège de Coppée).

Le prolétariat, caricaturé ou exalté, n'est que rarement montré, si on excepte quelques vues panoramiques.

Son absence, qui renvoie à l'impossibilité pour le romancier de penser positivement le rôle des masses, se cristallise dans le récit en figures individuelles : solution qu'il serait naïf de critiquer, vu la tradition occidentale du roman «à personnages», mais qui contribue à bloquer la fiction révolutionnaire dans des formes régressives.

La même absence de réflexion historique et fictionnelle se constate dans l'usage général fait de l'histoire: loin d'être prise en compte comme «préhistoire du présent» (Lukàcs).

elle n'est qu'un référent paré des prestiges poétiques, et qui permet l'économie d'une analyse actuelle.

Le roman semble donc prisonnier d'un dilemme : ou bien il développe une thèse sur l'histoire relatée (tombant ainsi dans le catéchisme), ou, dans tous les autres cas, il n'offre qu'un récit troué.

A quoi tiennent ces différentes impossibilités ? A ce que le romancier, quelles que soient ses opinions politiques, reste enfermé dans l'optique de la mimésis, ambitionne de refléter exhaustivement le «réel».

Dans cette perspective, l'écriture est considérée comme une sorte de medium transparent, neutre, simple véhicule d'un référent qu'elle ne modifie pas (le réel, l'histoire).

On méconnaît son fonctionnement spécifique, qui ne peut que distordre ou occulter le «réel».

C'est seulement dans l'analyse de cette distorsion, donc de la distance écriture - «réel», que peut se retrouver une vision non mythique de l'histoire.

Et c'est au niveau de ce choix formel et idéologique que nous semble devoir être cherchée l'explication du caractère désuet et insuffisant de cette littérature : même si en dernière analyse peut et doit intervenif le statut social de l'écrivain, la médiation formelle est ici capitale.

Peut-on remédier à ces insuffisances, et comment ? Le roman sur la Commune ne nous offre pas d'exemple d'une véritable subversion formelle ; pourtant, il peut échapper au moins de deux manières au dilemme de la mimésis.

E.

Bourges, Clade! (Quand les oiseaux s'envolent ...

) ont recours au mythe (crucifixion, orgie [I.N.R.I.], cannibale) : le récit mythique, par son outrance même, s'adapte mieux que le. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles