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ROUSSEAU Jean-Baptiste

Publié le 29/11/2018

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ROUSSEAU Jean-Baptiste (1671-1741). Ce poète, né et mort à Paris, fut pour le public du xviiie siècle « le grand Rousseau », jusqu’à ce qu’un autre Rousseau, Jean-Jacques, devînt encore plus célèbre que lui. Sa réussite et ses malheurs sont également étonnants. Il était le fils d’un maître cordonnier parisien; après des études aux collèges du Plessis et de la Marche, il fut clerc d’avoué, puis secrétaire du comte de Tallart, qui, nommé ambassadeur de France en Angleterre, l'emmena à Londres. De retour en France, il fréquente assidûment le café de la veuve Laurent, lieu de rencontre des gens de lettres parisiens vers 1690; une épigramme lui vaut l’estime de Boileau (1695), dont il devient le défenseur et le disciple. Jean-Baptiste Rousseau s’essaie à l’opéra (Jason, Vénus et Adonis, 1696-1697), mais s’en détourne; à la comédie (le Café, 1694; le Flatteur, 1696; le Capricieux, 1700), mais ne s'y distingue pas vraiment. Il trouve sa voie en composant des Odes sacrées, peut-être pour les demoiselles de Saint-Cyr (1702), et des Cantates (1703) : ces œuvres lyriques sont faites pour être chantées et constituent une sorte de réduction de l'opéra dans le cadre de la musique de chambre. Rousseau est lancé. Il fréquente la meilleure société, obtient une place dans l’administration des finances, est reçu à l’Académie des inscriptions, se présente en 1710 à l’Académie française. Cette belle carrière est soudain brisée par l'« affaire des Couplets » (1710) : Rousseau est accusé d'une série d'épigrammes infamantes contre divers hommes de lettres. Il nie, il en rejette la paternité sur Saurin, un pasteur converti, membre de l’Académie des sciences. L'affaire n’a jamais pu être tirée au clair. Mais contre les écrits qui troublent l’ordre public les lois sont sévères, et Rousseau est convaincu d'avoir suborné un témoin. Il a d'ailleurs des ennemis nombreux et acharnés. Il est finalement condamné au bannissement à vie. Mais sans attendre la sentence, il s’est réfugié en Suisse, à Soleure, où le comte du Luc, l’ambassadeur de France, le recueille. Toute sa vie, il protestera de son innocence et réclamera une réhabilitation, en refusant toutes les mesures de grâce. Il sui: le comte du Luc à Vienne (1715), puis s’installe à Bruxelles (1722), où il finira sa vie. Partout il bénéficie de hautes protections. Ce poète en exil mène une vie de château, même si ses affaires ne sont pas toujours florissantes. Sa réputation est internationale; toute l’Europe achète les grandes éditions de ses œuvres, d’ailleurs puoliées à l’étranger (Soleure, 1712; Londres, 1723, par souscription; Amsterdam, 1726, 1729, 1734); entre 1712 et 1734, il n’en paraît pas moins de douze réimpressions ou contrefaçons. Jean-Baptiste Rousseau est « un de ces génies privilégiés dont les écrits sont au-dessus des éloges et des critiques » (Mémoires de Trévoux, 1734). Mais en 1762, d’Alembert note que le poète n'a « plus guère » de « partisans ». Pourtant, il est devenu un classique, au sens propre du terme : les élèves apprennent par cœur son « Ode à la Fortune » dans « presque toutes les maisons d'éducation » (La Harpe), et les instructions officielles, sous l’Empire, les maintiendront au programme. Tous les poètes romantiques en ont été nourris — jusqu’à ce qu’un article de Sainte-Beuve, en 1829, dans la Revue de Paris, vienne mettre fin à ce règne.

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