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Salammbô de Flaubert: Tableaux d'un monde en déliquescence

Publié le 23/11/2012

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flaubert

Or, le retard est un des ressorts du roman: à l'image de

Marie, rue Tronchet, le bonheur de Frédéric est en

retard; à l'image des bouleversements politiques espérés,

le destin de chacun des personnages tarde à

s'accomplir; Frédéric arrivera trop tard pour empêcher

la fuite du couple Arnoux; de même, lorsqu'ils se

rencontreront une dernière fois, sera-t-il trop tard pour

que Frédéric et Marie se puissent aimer.

Tous ces retards se trouvent donc annoncés et

comme justifiés par cette description initiale: les objets

n'y ont qu'un statut d'obstacle; il n'est pas jusqu'aux

hommes dont le corps réifié ne participe à cet encombrement

général ; les rapports humains ne sont que

heurts; impuissante, la parole n'y reçoit d'autre

réponse que son propre écho; tout n'est que fatras, fracas,

chaos; seul un brouillard artificiel tente, en le masquant,

de donner à ce désordre un semblant d'unité.

flaubert

« L'Éducation sentimentale 1 315 l'espérance d'un profit pécuniaire ou d'un statut social dominant, la prostitution est au centre du roman.

Or, cette insistance sonne comme l'aveu d'une rageuse revendication éthique.

Mais n'est-ce pas la ten­ dance obligée du genre, et conçoit-on roman de mœurs qui, par-delà la description des comportements, en puisse éluder tout à fait l'appréciation morale? Marie, elle-même Aussi n'y a-t-il pas un personnage à l'abri des effluves de corruption et de courtisanerie qui traversent le récit.

Marie la chaste, elle-même, n'échappe pas à la conta­ mination.

Lorsque son mari prétend dîner avec elle dans un cabinet particulier d'un grand restaurant, elle a beau ne rien comprendre« à ce mouvement du cœur, s'offen­ sant même d'être traitée en lorette», force lui est d'avouer à Frédéric que ses fiançailles avec Arnoux furent d'autant plus brèves qu'« à cause de sa fortune, on n'avait pas hésité».

Rien de comparable, bien sûr, avec la mélodramatique et révoltante vente de Rosa­ nette par sa mère ivrognesse, et pourtant le doute s'insi­ nue que ne parvient pas à écarter, bien au contraire, la sécheresse de la précision.

D'autres remarques vont dans ce sens, toujours imputables cependant à la méchanceté ou à la forfante­ rie.

Sénécal ne doute pas que l'argent puisse moduler l'amour d'Arnoux pour sa femme: «- "Oh ! oh ! si on lui offrait une bonne somme, il ne la refuserait pas pour servir de modèle." Frédéric devint blême.

» La réaction du jeune homme est à l'image de la réputa­ tion des modèles: mauvaise.

Arnoux lui-même ne répugne pas à des confidences sur sa femme, voire à des comparaisons, dont l'exhibitionnisme hésite entre la naïveté et l'obscénité:. »

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