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SENGHOR Léopold Sédar: analyse et critique de l'oeuvre

Publié le 14/10/2018

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SENGHOR Léopold Sédar. Né à Joal-la-Portugaise (Sénégal), village christianisé, Senghor fit ses études primaires et secondaires en pays sérère, puis à Dakar. Il séjourne ensuite en France, où il poursuit des études supérieures de lettres classiques qui le conduisent à l’agrégation de grammaire en 1935. Professeur de l’enseignement secondaire, il est mobilisé en 1939, puis, en 1940, fait prisonnier en Allemagne, d’où il revient en 1942, libéré pour raison de santé. En 1945, membre de la S.F.I.O., il est élu député du Sénégal. Il quitte la S.F.I.O. en 1947 pour fonder le Bloc démocratique sénégalais. Après l’éclatement de la fédération du Mali dont il présidait l’Assemblée constituante, il est élu en 1960 président de la République du Sénégal. Il sera réélu en 1963, en 1968 et en 1973. Le 31 décembre 1979, il démissionne volontairement de ce poste, où il est remplacé, conformément à la Constitution, par le Premier ministre Abdou Diouf, lequel devient à son tour président de la République le 1er janvier 1980. Après avoir reçu d’innombrables distinctions universitaires — dans le monde entier —, Senghor est le premier Africain à être élu à l’Académie française (1983).

 

L’œuvre poétique de L.S. Senghor repose sur trois composantes principales. On relèvera d’abord un lyrisme individuel, où s’expriment tour à tour la solitude de l’exilé au cœur des villes blanches avec, en contrepoint, « le regret du Pays noir », dans Chants d'ombre (1945) notamment, puis, plus tard, la sérénité mais aussi les angoisses et les interrogations de l’homme parvenu à l’hivernage de la vie (Lettres d'hivernage, 1972; Élégies majeures, 1979). A ces composantes vient s’ajouter, présente dans chacun des recueils, une thématique amoureuse, et souvent érotique, qui constitue une des dimensions essentielles de cette œuvre.

 

Dans d’autres textes, ce lyrisme individuel s’efface pour céder la place à une évocation indignée et solennelle du destin des peuples noirs dont le poète lui-même, à travers l’épreuve de la guerre et de la captivité, a vécu un des épisodes les plus dramatiques. C’est ce thème surtout que développent les textes qui composent Hosties noires (1948), acte d’accusation lancé contre « l’Europe qui enterre le levain des nations et l’espoir des races nouvelles ».

 

L’expression du lyrisme individuel et la dénonciation de r Occident ne paraissent cependant constituer qu’un préalable par rapport au projet qui mobilise, en fait, toute l’énergie du poète et donne son unité à l’ensemble de l’œuvre poétique : l’évocation des splendeurs de la civilisation négro-africaine. Cette civilisation, il s’agit d’abord pour le poète de la recréer en la nommant, et, sur ce plan, on sera sensible à tout ce qui, dans l’œuvre senghorienne, relève de ce que Sartre a appelé, dans

« Orphée noir » (préface à L.S. Senghor, Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache [...], 1948), la « négritude objective », et qui se manifeste ici à travers l’image de cette société sérère patriarcale, riche, raffinée, vivant en parfaite harmonie avec le cosmos. Cette civilisation n’existe pas cependant sur le seul mode objectif ou descriptif. Elle est aussi une image mentale autour de laquelle se structure la personnalité de l’écrivain. Elle représente en particulier un espace et un temps que le poète n’aurait peut-être jamais dû quitter et se confond ainsi avec l’univers même de l’enfance : « Toi, seigneur du Cosmos, fais que je repose sous Joal-F Ombreuse/Que je renaisse au Royaume d’enfance bruissant de rêves » (Nocturnes, « Élégie de minuit », 1961).

 

L’emploi du verset a conduit certains critiques à établir des rapprochements avec l’œuvre de Claudel ou celle de Saint-John Perse. En fait, la poétique senghorienne tend surtout à réinvestir dans le texte français un certain nombre de particularités propres aux langues africaines pratiquées par le poète (wolof, sérère, bambara, peul) et à l’usage poétique de celles-ci. On notera à cet égard la tendance de plus en plus marquée consistant à juxtaposer les substantifs et à supprimer certains mots de liaison. Sur ce plan, on se reportera à la postface d’Éthiopiques (1956), dans laquelle Senghor rappelle le rôle qu’a joué dans la genèse de son œuvre sa fréquentation de la poétesse Marône, ainsi qu’aux traductions qu’il a faites de poèmes africains traditionnels — celles-ci, malheureusement, n’ont pas été conservées dans l’édition de poche des Poèmes (1974).

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« Bml.lOORAPHU! Armand Guibert, L.S.

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Marq uet, l• Mit issage dans la poisie de LS.

Sen­ g hor, KE .A .-I' Harmauan , 1983.. »

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