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SOULIÉ Frédéric : analyse et critique de l'oeuvre

Publié le 14/10/2018

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SOULIÉ Frédéric (1800-1847). Dans les années 1840, Frédéric Soulié fut aussi célèbre que Sue, Balzac et Dumas; seul Eugène Sue, à la faveur des Mystères de Paris et du Juif errant, finit par le dépasser en réputation et par le nombre des lecteurs.

 

Né à Foix, étudiant à Nantes, il venait de la province pour achever à Paris ses études de droit : destinée commune d’un jeune bourgeois. Rêvant de succès littéraires, il publia en 1824 un volume de vers, Amours françaises. Petit signe de révolte : il sympathisa avec les carbonari; puis, porté par le droit, il tâta de l’administration, fut un peu postier, devint un peu journaliste; il dirigea une entreprise de scierie; enfin, il se tourna vers le théâtre : en 1828, il fit représenter à l’Odéon une tragédie en cinq actes et en vers, Roméo et Juliette. Le pari théâtral le rendit au moins célèbre; il fit la connaissance de Dumas. Les journaux s’ouvrirent à lui : d’abord, dans les années 1830, la Mode et le Voleur de Girardin; ensuite, les grands journaux à public familial la Gazette des enfants, le Magasin littéraire (1834), le Musée des familles (1836). Déjà, en 1832, Soulié a abordé le roman, avec les Deux Cadavres, roman « noir », qu’il situe en partie dans le pays d’origine du genre, l’Angleterre; il y loge la Révolution de 1830, s’efforce d’y montrer, dans son travail et ses révoltes, le peuple; le tout copieusement agrémenté de sang et de meurtres.

« de public, le contenu des feuilletons ne sem ble guère varier : la lecture du feuilleton unif ie les classes.

A la Presse donc, entre autres romans : la Comtesse de Monrion (1845), qui - chose rare - se prétendait « roman de mœurs », et le Duc de Guise, qui se voulait roman hi stor ique.

Au Siècle, Soulié donne le Chdteau des Pyr énées (1 842) et les Aventures de Saturnit& Fichet (1846 -184 7), roman historique dont l'action se situait sous la Révolutio n française (Dumas continuera, mais fera mieux , un e dizaine d'années plus tard).

Le journal le Messa ger fournit à ses lecteurs Huit Jours au chélteau (1842 - 1843), «d e Frédéric Soulié », au moment où celui-ci vient d'achever une Physiologi e du bas -bleu, avec vignettes, qui va in sp irer les caricatur es de Daumier dans le Charivari : ni l'un ni l'autre n'aima ient les fem­ me s de lettre s ...

On voit que] polygraphe était Soulié; on voit qu'il était (Ponson du Terrail fera de même sous le seco nd Empire) capable d'écrire presque simultanément pour plusieurs journaux plusieurs feuilletons-romans.

Certains «éc rivains» (ce ux qui ne se commettai ent pas dans le feuilleton) pen saie nt, un peu avant 1848, que Je feuill eton « dépolitisait » - comme nous dirion s - ses lecteurs; Joseph Méry lançait : «Si j'étais le roi Lou is­ Philippe, je ferais des rentes à Dumas, à Sue et à Soulié pour qu 'il s continuent toujours les Mémoires du diable.

li n'y aurait plus jamai s de révolutions.

» La révolution survint, en février.

Mais voyons de plus près ces Mém oir es du diable de célèbre mémoire.

Les deux premières parties parurent en 1837 (et Bal zac c rut devoir y riposter par la première partie de Splendeurs et misères des courtisanes); la publication entière s'étala sur 1837 et 1838.

Les Mémoires du diable prétendaient -ce fut l'idée init iale de Soulié- mêler tous les effet s dramatiques hérités du roman noir et du mélodram e; on y trouv e don c un lacis d'enfants abandonnés, de fa usses paternités , d'incestes involontaires; tous effets qui peu­ vent se ramener à un resso rt esse ntiel : la recherche d'un e identité.

Avant que celle-c i soi t retrouvée, un monde de la métamorphose , age ncé en tableaux successifs et discontinus, fait sur g ir, mourir , reparaître des person ­ nages, qui, tous - quand du moins ils sont vivants -, parlent ha ut et fort.

Avec Soulié, on n 'es t pas dans le monde de la litote.

Les personnages eux-mêmes se ramènent à des stéréo­ types simples, « parlants >> : la femme, souvent dévora­ trice et fatale (elle dévore déjà l'a rtiste), l'orphelin ou le bâtard, le plébéien amoureux « au-dessus de sa classe », le hobe reau et le bourgeo is; des métiers typiques : le forgeron (un de ses feuilletons publié en volume en 1858 po rte même le titre les Forgerons) , Je prêtre, Je maître de forges, la prostituée ...

Soulié a conscience des inégalités sociales, tente de peindr e «le peuple» (on trouve des détails sur la journée de travail et sa paie de 40 so us).

Bref, l'œuvre e st teintée d'u n fouriérisme diffus, comme ce lle de Sue et d'autre s (mais «s ocialisme» serait un grand mot ici).

Elle est servie par un scy le clair, cursif, s ubordonné au bon fonctionnement du « roman-drame >> (Soulié utilise cette fo rmule), une certaine habileté à imbriquer les tableaux et à donner l'imp r essio n d'un mouvement.

En 1836, Soulié avait proclamé qu'il ferait un «tab leau des hideur s de la société», avec le crime, l'inceste, l'adu l tère et la ru se.

Programme ambitieux que les Mtmoires du diable s'effo rcen t de réali ser : «."Suis­ moi donc, si tu l'o ses, reprit Lionel, dont la raison était perdu e; fille de Zizuli, veuve adultère de Gérard de Roquemure, tu es la fiancée in cestueuse du fils de Zizuli.

" Et, so it que tous deux répétassent avec éclat horrible ces paroles fatales, soit qu' une voix infernale les prononçât à côté d'eux, il sem bla un momen t que tous les échos du château de Roquemure fissent retentir les mots adultère, meurtre et inceste.

Alors Lionel s'en­ fuit».

Le succès des Mémoire s du diab le fut immense.

Soulié n'en prit pas moins un emploi de sous­ bibliothécaire à l' Arsenal.

Il mourut à quarante-sept ans.

Hu go, le jour de l'enterrement, céléb ra son sérieux, so n ardeur au travail , sa réussite dans tous les genres, roman, poésie, drame; il a eu, et il le savait , ajouta le poète ,. »

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