Devoir de Philosophie

Stendhal (1783-1842) : Lucien Leuwen (commentaire)

Publié le 05/02/2013

Extrait du document

stendhal

Lucien Leuwen, jeune sous-lieutenant, vient d'être affecté à un régiment qui va tenir garnison à Nancy. Le jour où le régiment défile en ville, Lucien, sur un cheval d'emprunt, s'abandonne à quelques réflexions désabusées. L'histoire se passe sous la monarchie de Juillet, vers 1834-1835. Lucien leva les yeux et vit une grande maison, moins mesquine que celles devant lesquelles le régiment avait passé jusque-là ; au milieu d'un grand mur blanc, il y avait une persienne peinte en vert perroquet. « Quel choix de couleurs voyantes ont ces marauds de provinciaux ! « Lucien se complaisait dans cette idée peu polie lorsqu'il vit la persienne vert perroquet s'entrouvrir un peu; c'était une jeune femme blonde qui avait des cheveux magnifiques et l'air dédaigneux: elle venait voir défiler le régiment. Toutes les idées tristes 10 de Lucien s'envolèrent à l'aspect de cette jolie figure ; son âme en fut ranimée. Les murs écorchés et sales des maisons de Nancy, la boue noire, l'esprit envieux et jaloux de ses camarades, les duels nécessaires, le méchant pavé sur lequel glissait la rosse qu'on lui avait donnée, peut-être exprès, tout disparut. Un 15 embarras sous une voûte, au bout de la rue, avait forcé le régiment à s'arrêter. La jeune femme ferma sa croisée et regarda, à demi cachée par le rideau de mousseline brodée de sa fenêtre. Elle pouvait avoir vingt-quatre ou vingt-cinq ans. Lucien trouva dans ses yeux une expression singulière ; était-ce de l'ironie, de 20 la haine, ou tout simplement de la jeunesse et une certaine disposition à s'amuser de tout? Le second escadron, dont Lucien faisait partie, se remit en mouvement tout à coup ; Lucien, les yeux fixés sur la fenêtre vert perroquet, donna un coup d'éperon à son cheval, qui glissa, 25 tomba et le jeta par terre.

Vous ferez de ce texte un commentaire composé dans lequel vous pourrez mettre en relief l'originalité de cette première rencontre.

Deux courts paragraphes essentiellement au passé simple, vifs, assurant la narration, encadrent un paragraphe descriptif formé de phrases longues contenant des imparfaits. La scène de première vue s'insère ainsi dans le récit, marquant une pause dans le rythme, qui signale son importance. - Cet effet est accentué par la présence au dernier paragraphe de« tout à coup« (1. 23), qui rompt le charme de l'apparition et précipite la chute de Lucien.

stendhal

« régiment à s'arrêter.

La jeune femme ferma sa croisée et regarda, à demi cachée par le rideau de mousseline brodée de sa fenêtre.

Elle pouvait avoir vingt-quatre ou vingt-cinq ans.

Lucien trouva dans ses yeux une expression singulière ; était-ce de l'ironie, de 20 la haine, ou tout simplement de la jeunesse et une certaine disposition à s'amuser de tout? Le second escadron, dont Lucien faisait partie, se remit en mouvement tout à coup ; Lucien, les yeux fixés sur la fenêtre vert perroquet, donna un coup d'éperon à son cheval, qui glissa, 25 tomba et le jeta par terre.

Vous ferez de ce texte un commentaire composé dans lequel vous pourrez mettre en relief l'originalité de cette première rencontre _ DIFFICULTÉS -CONSEILS -PROPOSITIONS _ •Henri Beyle, dit Stendhal (1783-1842), est l'un des roman­ ciers français du x1x• siècle les plus célèbres.

Épris de l'Italie, où il fut consul de notre pays, il participa également aux guerres napoléoniennes, fréquenta les salons parisiens.

Dans ses œuvres, le jeune héros, plein d'énergie pour conquérir la société ou le bonheur, mais aussi plein de mépris pour les petitesses de la société, est une projection de lui-même tel qu'il se rêvait.

Il joint à cette expression de son idéal une critique de ses contemporains souvent ironique, ainsi qu'un style réaliste et nerveux, très travaillé malgré son rythme rapide.

Il souffrit de son absence de succès littéraire, et son œuvre ne connut la gloire qu'après sa mort.

Il nous laisse des autobiographies (La Vie de Henry Brulard, Souvenirs d'égo­ tisme), des récits de voyages, des nouvelles, des critiques littéraires, mais surtout plusieurs romans : Le Rouge et le Noir, La Chartreuse de Parme, Lucien Leuwen.

• La scène proposée ici est la première rencontre entre le héros, Lucien, et la femme qu'il aimera, Madame de Chastel­ Ier.

Contrairement à ce que l'on pourrait attendre, ce n'est pas un coup de foudre, mais un épisode presque comique, puisque le héros fait une ridicule chute de cheval devant sa future bien-aimée.

Stendhal prend ici le contre-pied de la 112. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles