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Structure de Voyage au bout de la nuit (Céline)

Publié le 16/09/2018

Extrait du document

Des liens subtils entre les épisodes

 

Cependant, regardons de plus près. On s'aperçoit d'abord que la dérive du récit d'un épisode à l'autre dissimule parfois un lien subtil : on glisse de Bébert à Parapine, par exemple, puisque c'est pour soigner le premier que Bardamu va trouver le second. Mais si l'on rapproche ce fait de cet autre fait que l'enfant mène aussi Bardamu chez les Henrouille, on constate que toute une partie du roman s'accroche à Bébert et que ce personnage que l'on pouvait croire épisodique est en réalité le pivot de tout le séjour de Bardamu à la Garenne-Rancy. Le véhément morceau de bravoure de Céline contre l'Institut Bioduret Joseph (p. 354-364) n'est pas non plus hors de saison au milieu de l'agonie de Bébert ; c'est que ce texte n'est pas du tout une mise en accusation de la Science mais la mise en accusation d'une organisation de la recherche où nul ne s'avise que ces laboratoires seraient faits pour sauver Bébert. Ce gosse qui ressemble à un << singe étique » (p. 310) est au centre de la carrière de Bardamu médecin de quartier et donne son unité artistique au récit.

 

Reconsidérons alors les prétendus hors-d'œuvre dont nous parlions plus haut. La tirade de Parapine contre Napoléon s'insère bizarrement dans le passage où il est dit que Para-pine mène de petits crétins au cinéma pour qu'ils se tiennent tranquilles. Comme il est dit aussi que Napoléon, et les conquérants, et les grands meneurs de peuples offrent à l'humanité la dose de rêve nécessaire pour supporter la vie (<< Vivre tout sec, quel cabanon ! », p. 448), l a conclusion s'impose : autant que le cinéma, les guerres et la haute politique sont des illusions calmantes ; les peuples et les petits crétins de Parapine se laissent également manipuler. En même temps, nous trouvons, loin avant dans le roman, un rappel du thème de la guerre qui avait occupé tout le début. Ces échos à distance cimentent en quelque sorte l'ouvrage. Inversement, les dialogues dans la pâtisserie de Toulouse, s'ils retardent l'entrée en scène de Madelon, l'annoncent. On sait qu'il y a d'abord une discussion confuse des vendeuses sur la morale et le comme-il-faut (p. 481 -482) : cela préfigure l'âcreté et la rage de Madelon, ses divagations conformistes d'ouvrière qui veut s'embourgeoiser. Puis viennent les propos des clientes sur le fonctionnement de leurs intestins (p. 483-484), et c'est la

« De a lien s su btils en tra laa épisodes Cependant, regardons de plus près.

On s'ap erçoit d'abord que la dérive du récit d'un épisode à l'autre dissimule parfois un lien subtil : on glisse de Bébert à Parapine, par exem ple, puisque c'est pour soigner le premier que Bardamu va trou­ ver le sec ond.

Mais si l'on rapproche ce fait de cet autr e fait que l'enfant mène aussi Bardamu chez les Henrouille, on cons­ tate que toute une partie du roman s'accroche à Bébert et que ce personnage que l'on pouvait croire épisodique est en réalité le pivot de tout le séjour de Bardamu à la Garenne­ Rancy.

Le véhément morceau de bravoure de Céline contre l'I nstitut Bioduret Joseph (p.

354-364) n'est pas non plus hors de saison au milieu de l'agonie de Bébert ; c' est que ce texte n' est pas du tout une mise en accusation de la Science mais la mise en accusation d'une organ isation de la recherche où nul ne s'avise que ces laboratoires seraient faits pour sauver Bébert.

Ce gosse qui ressemble à un. »

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