Structure dramatique d'OEdipe roi

« E X P 0 S É S F C H E S vers, puis 77 vers).

Le rythme de la pièce s'accélère alors.

Accélération qui culmine avec le quatrième épisode.

Le dernier en revanche, beaucoup plus long, constitue à la fois le dénouement du drame et un épilogue lyrique qui expose la souffrance du héros.

Le véritable centre de la pièce est donc le deuxième épisode.

Si l'on retranche des 1530 vers que compte la tragédie les vers de la parodos et des stasima, on obtient un peu plus de 1300 vers de dialogue.

Le centre coïncide avec la pre­ mière apparition de Jocaste, plus précisément avec la confidence de celle-ci qui est le véritable centre de gravité de l'édifice.

C'est cette confidence, qui contient la révélation de l'oracle faite à Laïos et le récit de sa mort, qui va réorienter l'enquête d'Œdipe et entraîner son désir d'interroger le seul témoin survivant.

Ainsi passe-t-on du drame politique au drame familial.

La distribution des personnag~~ En dehors du coryphée, toujours présent sauf pendant le prologue, Œdipe est le personnage le plus présent (13 scènes sur 17), assurant l'unité de la pièce.

Créon est le deuxième personnage par la présence sur scène (6 scènes).

Véritable double d'Œdipe, il est avec lui dans le prologue et dans la dernière scène.

A ses trois apparitions (prologue, scène 5, scène 16) correspondent les trois disparitions d'Œdipe (scène 5, scène 9, scène 14).

Créon disparaît lorsque le drame de politique devient personnel, réapparaissant en régent qui exile Œdipe à la fin.

Jocaste, quant à elle, est présente cinq fois (scènes 7 à 11) mais sans interruption.

Avec son appa­ rition se nouait la tragédie, avec sa disparition (scène 11), celle-ci peut se dénouer, Jocaste quittant la scène lorsqu'elle a compris que rien n'arrêtera Œdipe dans sa rage de savoir.

Un jeu de symétries Renforçant l'unité de la pièce, accentuant la progression dramatique, tout un jeu de symétries relie personnages et situations.

Deux kommoi, au centre (scène 7) et à la fin; l'affrontement Œdipe /Tirésias est repris sous la forme d'un affron­ tement violent avec Créon ; le deuxième épisode voit deux confidences rigoureuse­ ment symétriques se succéder : 63 vers pour Jocaste, 63 pour Œdipe ; deux interro­ gatoires décisifs vont se suivre, celui du messager et celui du serviteur ; Œdipe écoute les doléances des suppliants au début, le chœur entend les siennes à la fin ; aux enfants de Thèbes présents au prologue se sont substitués les enfants d'Œdipe dans le dernier épisode ; les rapports Créon/ Œdipe du prologue se sont inversés à la fin et le roi glorieux a cédé la place au roi déchu.

Dans un article, le critique J.

Irigoin (in Fondation Hardt, Entretiens 29, Klincksieck, 1983) émet l'hypothèse d'une structure numérique concertée, à l'œuvre dans la composition des pièces de Sophocle, s'appuyant entre autres sur un exemple tiré de notre pièce : la scène entre Tirésias et Œdipe (vers 297 à 462).

Celle-ci est construite en deux volets rigoureusement symétriques de 83 vers chacun.

Le premier voyant se succéder 3 vers du coryphée, une tirade d'Œdipe de 16 vers, un dialogue de 64 vers.

Le second volet s'ouvre sur une brève réplique du devin et une nouvelle tirade d'Œdipe de 24 vers, suivie de 4 vers du coryphée, puis d'une longue réplique de Tirésias (21 vers) que prolonge un dialogue de 18 vers.

La scène s'achevant sur une tirade de Tirésias de 15 vers.

Symétrie numérique sou­ lignée par le fait qu'Œdipe prononce 82 vers! Conclusion : La rigueur de la composition, les effets de symétries renfor­ cent le tragique de la pièce, soulignant l'inéluctable qui régit la vie d'Œdipe.. »