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Structure narrative dans Une partie de Campagne (Maupassant et Renoir)

Publié le 05/12/2019

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maupassant

passé avec des dimanches tristes comme des lundis. Anatole a épousé Henriette et un certain dimanche que voici ... >> Ce texte se substitue en fait à la seconde séquence* non tournée, prévue en studio, se déroulant dans la quincaillerie des Dufour. La suppression du premier temps (visite d'Henri à la boutique) permet à Renoir de ne jamais montrer à l'image l'espace de la boutique (voir le chapitre sur l a structure spatiale, p. 98).

 

En outre, si le dénouement, chez Renoir, gagne en rapidité, il perd le caractère brutal que « le mot de la fin >> mis dans la bouche d'Anatole lui conférait chez Maupassant. La sécheresse voulue de la chute de la nouvelle fait place, dans le film, à la douceur-nostalgique, certes-des plans* finaux de l'eau et de leur appel à l'imaginaire. La souffrance trouve une sorte de compensation dans l'émotion lyrique.

 

La forme brève

 

• Maupassant

 

Ce que met en évidence un tel schéma structurel -brève exposition, ligne ascendante, culmination, chute finale à effet de sens rétroactif -, c'est la solidarité de toutes les parties constituantes du récit. Cette structure fait de la nouvelle-en tant que genre- un tout organique. Le romancier, lui, quand il se met à la tâche, ne sait pas toujours où son récit le mènera. Il est même préférable que des choix préalables trop précis n'entravent pas la liberté de la fiction* et des personnages qui l'habitent.

 

Le dénouement, que dans bien des cas le romancier ne connaît pas à l'avance, viendra ainsi s'inscrire dans la logique interne du récit, sans lui faire violence.

 

Ce qui est vrai de la structure souple et volontiers digressive d'un roman ne l'est pas de celle de la nouvelle, qui répond ■ à une esthétique de la forme brève. Tout converge, dans une nouvelle, vers un « effet )) à produire. Les grands maîtres de la nouvelle moderne - Poe, Borgès, Co rtaza r ou Calvino - ont tous souligné l'importance de la cohésion structurale de l'ensemble. Une partie de campagne se conforme à cette poétique par le dépouillement anecdotique, la tension que crée le récit, et la concentration émotive qu'il produit, en vue d'un effet final.

maupassant

« L"o uvertur e nar rative • Mau passan t Les deux premi ères phr ases de la no uvel le procèd ent à une rapide mise en scène de la situat ion.

Seuls sont expo­ sés les quelques élément s né cessa ires au dével oppement de l'anecdo te : un projet de partie de camp agne à l'occa­ sion de la fête de Mme Dufour.

On note deux indices, l'un d'or dre so cial : il s'agi t proba blement de petits-bo urgeois, l'au tre d'or dre affectif : l'i mp atience qui dit le désir d'une tel le sor tie.

La fiction* peut se mettre en bran le, la voi ture du laitier également.

Ce tte sobrié té d'expos ition perme t un démar rage très ra pide du récit, qui empor te litté ral emen t perso nnages et le cte ur dans la carriole.

L'autre mérite de cette ouverture est de cons truire une situation euphorique, « idéale >> (jo ie du grou pe à l'idée de la sor tie), dont l'abol ition constituer a préc isément le propos du récit (tristesse du retour ).

• Re noir Dans le film de Renoir , l'exp osition de la situation se fait à l'aide d'un carton* qui appa raît dans la conti nuité du génér ique*.

Plusieur s remarques s'impo sent.

Les diffic ultés de tournage et l'inachè vement du film eur ent pour conséquence la supp ression d'une séquence* ini tiale -intér ieur* de la bou tique -qui devait être tournée en studio (v oir le cha pitre sur la structu re spa tiale, p.

98).

Le carton* informatif qui supp lée à ce manque est dû à l'in itiative de l'équ ipe de tournage, appro uvée par Renoir al ors aux États- Unis.

Il s'agit là d'un procédé « littéra ire )) , hé rité du cinéma muet.

L'i ntégr ation de l'exp osition au génér ique*, grâce au car­ to n*, donne à celle -ci un statut ambigu : rej etée dans un espace qui n'est pas encore propre ment celui de la fic­ ti on*, elle assur e la transi tion ; l'e xpos ition permet ainsi au spectate ur d'en trer en douc eur dans le monde fictionnel.

Le déma rrage est, par conséqu ent, moins abrup t que dans la nouv elle de Ma upassant.

Le carton*, enfin, est beaucoup plus informatif que l' ouver ture de la nouv elle de Maupassant : l'i ndic e social est plus précis (quincaillier parisien), le nombr e et la qual ité 91. »

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