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Structure spatiale dans Une partie de Campagne (Maupassant et Renoir)

Publié le 05/12/2019

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maupassant

Il ne s'agit donc pas ici d'une opposition entre deux espaces de signe contraire, dont l'un serait connoté positivement (comme la campagne et l'eau), l'autre négativement (comme la ville et la terre) ; l'opposition configurative entre la rivière et l'île traduit cette fois une progression dans le trajet du désir. Après une lente dérive et un mol abandon au mouvement de l'eau, le désir s'accomplit en effet dans un espace approprié : celui du « nid », du refuge, qui isole et protège les amants.

 

La boutique et ^’auberge

 

On peut être tenté d'ajouter, dans le même registre, l'opposition qui concerne l'intérieur* et l'extérieur*. Il est en effet question, dans les deux textes, d'une boutique et d'une auberge, assimilables a priori à des lieux clos.

 

La boutique, lieu d'enfermement, joue bien évidemment en contraste avec l'espace naturel. Mais les environs de Paris, lieu ouvert, s'y opposent également. En fait, la boutique évoque davantage un enfermement psychologique, un espace « asphyxiant », et c'est en quoi elle s'oppose à l'espace de liberté que constitue la nature.

 

Quant à l'auberge, s'inscrivant dans l'espace de la liberté et du désir, elle ne peut en toute cohérence, être connotée négativement comme espace d'enfermement D'ailleurs, le récit de Maupassant n'offre aucune scène d'« intérieur d'auberge ». Renoir, en revanche, filme les canotiers en train de déjeuner dans l'auberge. Faut-il, pour autant, construire une relation antithétique intérieur/exté-rieur ? Non, bien sûr. Car, de toute évidence, cette séquence* d'intérieur n'a qu'une fonction, celle de permettre l'effet d'ouverture de la fenêtre (voir le chapitre sur la narration*, p. 110). L'opposition intérieur/extérieur n'est, dans ce cas, aucunement signifiante.

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« re poussant -laideur , sale té, puan teur -, sont liés à la ville et con trastent avec la vision de « ravissement » qui va su ivre.

La confr ontation entre les deux espaces s'opère par le truchement de la voiture du laitier, instrument du chan ge­ ment de lieu et de monde.

Le film de Renoir , in trod uit une modi fication qui, si elle n' affecte pas la struc ture spatia le et sa sign ification glo­ ba le, a des réper cussions sur la tonal ité de l'œu vre l' espace urba in n'ap paraît jamais à l'image -pou r des rai­ sons, nous l'av ons vu, en partie circons tanc ielles, les scènes * de bou tique prévues dans le scénario* n'ayant finale ment pas été tournées.

Les deux séquences* narra­ tives qui, chez Maup assant, se déroulent à Pa ris ou dans ses environs sont donc supprimé es dans le film.

Renoir main tient ainsi dans le hor s champ* l'espace chargé de conno tations négatives (enfermement, laideur, puan ­ te ur ...

).

Cet espace demeure jusqu'au bout imaginair e et ab stra it dans la mesur e où il est seulement évoqué par le car ton* introductif et le disc our s des personnag es.

Il a donc tendanc e à se dissoudr e dava ntage, à se faire oubli er, même s'il rempli t tou jour s sa fonction de contr epoint par rapp ort à la vision aimable du monde naturel.

Les circons ­ ta nces fortuites ont par fois d'heur euses conséque nces : l' ab sence des séquences* de bou tique prod uit le même effet que l'ab sence de repr ésentation des environs de Pa ris.

La cohér ence du récit s'en trouve ainsi accrue ...

En résumé, chez Maup assant la « partie de campagne » fo rte ment encadrée par les deux fr agments narratifs se dér oulan t dans l'espace de la ville, apparaît com me me na­ cée par celui-c i.

Comme si l'écriv ain voulait su ggér er que ce tte échapp ée vers la liber té ne pouva it être qu'un moment fragile et éphémèr e, voué à ne subsister qu'à l'é tat de souv enir nostalgique.

La « par tie de campagne >> de Renoir , est, au contr aire, lib érée en partie de la pesant eur et de l'empr ise d'un espace urbain jamais représenté à l'image ; elle acqui ert du même coup une tonalité moins sombre que celle de la nou ­ ve lle.

L'espace naturel, sans concurrence à l'im age, imp ose sa lumi nosité.

99. »

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