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Thérèse Raquin dans l’œuvre de Zola

Publié le 14/03/2020

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- une volonté d’étudier tous les milieux sociaux et, en particulier, les plus défavorisés. Avec Zola, le prolétariat ouvrier fait son entrée dans l’univers romanesque dont il était auparavant exclu (voir, par exemple, Germinal) ;

- une volonté d’analyser les réalités humaines et sociales d’un point de vue scientifique. À l’exemple du médecin Claude Bernard étudiant la biologie1 2 3, Zola considère que le romancier doit faire œuvre scientifique. Aussi se propose-t-il d’observer sur ses personnages les effets de l’hérédité en fonction du milieu social dans lequel ceux-ci évoluent. Étant donné que les Rougon-Macquart portent originellement en eux des tares (névrose et alcoolisme), quelles influences cette hérédité aura-t-elle sur leurs descendants?

Thérèse Raquin n’appartient pas à la fresque des Rougon-Macquart. Mais, ainsi qu’en témoigne la préface de la deuxième édition, Zola y applique déjà la plupart des principes qui deviendront ceux du naturalisme 2.

L’AFFAIRE DREYFUS

À peine la rédaction des Rougon-Macquart achevée, Zola se lance courageusement dans la défense du capitaine Alfred Dreyfus.

À l’origine, ce n’est qu’une banale affaire d’espionnage. Accusé de livrer à l’Allemagne des secrets concernant la Défense nationale, le capitaine Dreyfus est condamné le 22 décembre 1894 à la dégradation militaire et à la déportation à vie sur l’île du Diable, en Guyane. Soupçonnant une erreur judiciaire et un complot antisémite 3, Zola entreprend une vigoureuse campagne de presse en faveur de Dreyfus. Le 12 janvier 1898, il publie dans le quotidien L’Aurore un article retentissant : « J’accuse...! ». Il y dénonce les faiblesses de l’instruction judiciaire et accuse de forfaiture les plus hautes autorités militaires du pays.

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« grands journaux de l'époque, et ses prises de positions artistiques et politiques lui valent de rudes attaques.

En 1866, Zola quitte les éditions Hachette et accepte la fonction de« salonnier», c'est-à-dire de critique d'art, dans un journal.

Le jury du Salon 1 de 1866 refuse de sélectionner deux tableaux de Manet 2.

Zola prend aussitôt la défense du peintre, dont il admire la technique et les coloris.

Il s'en prend au jury, provoquant un vif scandale.

Même si la postérité lui donnera raison, Zola, attaqué de toutes parts, doit renoncer à la critique d'art.

Politiquement, Zola s'affirme comme un adversaire irréductible de Napoléon Ill.

Jusqu'à la fin de sa vie, il ne cessera de dénoncer le coup d'État du 2 décembre 1851 3 et de s'opposer au régime du Second Empire.

Si le journalisme, qu'il n'abandonnera jamais, le met au centre de violentes polémiques, il lui permet de vivre de sa plume et de se faire un nom.

SUCCÈS ET SCANDALE DE THÉRÈSE RAQUIN Zola a l'idée de Thérèse Raquin en lisant La Vénus de Gordes d'Adolphe Belot et Ernest Daudet, parue en feuilleton dans Le Figaro en 1866.

C'est l'histoire d'un adultère, débouchant sur l'assassinat du mari.

Jugés, les deux amants meurtriers sont condamnés au bagne, où la femme meurt de la fièvre jaune, au grand désespoir de son complice.

La lecture de ce roman passionne Zola, qui songe aussitôt à le réécrire à sa façon, en en modifiant certains aspects.

Il veut, qu'au lieu d'être châtiés par la justice, les coupables trouvent leur « effroyable punition dans l'impunité même de [leur] crime »4.

1.

Le « Salon » est le nom donné aux expositions périodiques d'œuvres d'artistes vivants.

2.

Édouard Manet (1832-1883), oriente la peinture vers le modernisme du xxe siècle.

Manet est de nos jours un peintre unanimement reconnu.

3.

Troisième fils de Louis Bonaparte, le frère de Napoléon 1er, Napoléon Ill (1808-1873) règne durant le Second Empire (1852-1870).

D'abord élu président de la République en 1848, le futur Napoléon Ill instaure l'Empire par le coup d'État de 1851.

4.

Le Figaro, 24 décembre 1866.

PROBLÉMATIQUES ESSENTIELLES 31. »

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