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Titus dans Bérénice de Racine

Publié le 14/03/2020

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Le caractère absolu de l'interdiction qui frappe le mariage de Titus et de Bérénice se trouve longuement exposé par Paulin, dans une tirade qui a visiblement une fonction explicative pour le spectateur (v. 371-419). Il évoque l'exemple de Cléopâtre, reine d'Égypte, dont la figure a pour le spectateur cultivé quelque chose de quasi mythique : elle est l'image même de la princesse orientale séduisante, exigeante et dangereuse ; elle est l'opposé de la rigueur romaine. Or, ni César ni Antoine, amants de Cléopâtre, n'osèrent braver la loi romaine pour l'épouser (v. 391-393). Ce précédent renforce le caractère inflexible de la loi. Le parallèle implicite entre Cléopâtre et Bérénice exprime par lui-même la méfiance que les Romains, par la voix de Paulin, manifestent pour la maîtresse de leur empereur. Sur Titus pèsent à la fois le poids de la loi et celui du passé historique.

Dans la grande scène d'explication avec Bérénice (acte IV, scène 5), Titus va s'appuyer sur la force de cet interdit. Mais, loin de s'y soumettre passivement, il inscrit l'immolation de son amour dans la lignée héroïque des Romains qui sacrifièrent à la loi de Rome ce qu'ils avaient de plus cher (v. 1160-1167).

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« partir de son avènement comme empereur: il met un terme à ses fréquentations douteuses et renvoie dans le même temps la reine Bérénice.

Ceci signifie clairement que le ren­ voi de Bérénice est lié à une conversion de Titus à la vertu, conversion dont Suétone ne met pas la sincérité en doute.

Le personnage créé par Racine Dans la tragédie de Racine, nous avons une situation diamétralement opposée: c'est l'amour de Bérénice qui a converti Titus à l'amour du bien public et l'a ramené à la vertu, avant même son accession au trône (v.

509-519).

Elle pourrait devenir la bonne conseillère du nouvel empe­ reur; elle aime, elle est aimée et surtout digne d'être aimée par un si grand prince.

Mais il existe cette inflexible loi qui interdit à un empereur romain d'épouser une reine étrangère.

Racine, en idéalisant à la fois le Titus et la Bérénice his­ toriques, a voulu exposer, à l'état pur, le conflit de l'amour et du pouvoir, puisque c'est l'accession même au trône qui interdit à l'empereur de garder sa maîtresse.

L'écri­ vain, pour préserver la grandeur et la pureté tragiques, n'a pas voulu introduire dans la décision de Titus des motifs plus conformes à l'histoire.

Le véritable Titus, qui effecti­ vement se faisait une haute idée de sa charge, a sans doute procédé, avec le renvoi de Bérénice, à la liquida­ tion d'un passé trouble.

POURQUOI AMOUR ET POUVOIR SONT INCOMPATIBLES Pour examiner efficacement cette question, il faut bien distinguer les deux ordres de raisons qui soutiennent la décision de Titus.

D'une part, des raisons objectives: c'est la loi de Rome, nous l'avons dit, qui empêche l'empereur d'épouser une reine étrangère.

D'autre part, des raisons subjectives : Titus invoque à maintes reprises le senti­ ment de sa «gloire», qui lui interdit de déchoir aux yeux des Romains et à ses propres yeux, en transgressant la loi.. »

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